Jo, ancienne profInvité
| Sujet: Ôde à la Lune [Libre] Jeu 6 Juin - 11:15 | |
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« Tonto el que no entienda Cuenta una leyenda Que una hembra gitana Conjuró a la Luna hasta el amanecer Llorando pedía Al llegar el día Desposar un calé »
Douce mélodie de mon enfance. Assise en tailleur au pied d’un arbre, je profite de mon temps libre pour jouer quelques notes au violon. Mes doigts vaguent sur l’instrument, mais mon esprit est ailleurs, bien trop déconnecté de la réalité. Cela fait quelques jours que je suis rentrée à l’académie en tant que professeur et je dois dire que j’en suis la première surprise. Il y a quelques mois, je vagabondais encore à travers le royaume, vivant au jour le jour et me laissant porter par mes pas au rythme des saisons. Je ne restais jamais longtemps au même endroit, c’était bien trop dangereux. Or, aujourd’hui, et durant l’année qui va suivre, je serai là, dans la demeure la mieux protégée de tout Edälia – le palais royal excepté. Quel changement ! Johanna Moore se sédentarise, ah ah ! Je ne suis même pas sûr de pouvoir supporter de devoir rester en place. Mais il le faudra. En sécurité ? Sans doute. Le directeur, sans s’en rendre compte, m’assure une protection exemplaire, ce qui me laisse le temps de trouver toutes les informations nécessaires à mon projet. Patience, patience. La vengeance est un plat qui se mange froid, n’est-ce-pas ? Dans ce cas, j’ai tout mon temps. En attendant, jouer la prof ne me dérangera pas tant que cela. J’ai vécu tellement de choses qu’il y aurait matière à écrire une encyclopédie. Tant de créatures, tant de lieux différents… Même si je n’ai pas forcément l’âme d’une pédagogue (si Saria me voyait là, maintenant, je suis sûre qu’elle serait pliée de rire), je pense tout de même avoir des éléments à enseigner, le tout étant d’organiser ceci de la meilleure façon possible. Et compte tenu de mon sens de l'organisation, ça ne va pas être simple.
Las, passons-là ce chapitre. Je suis sûre que je vais bien m’en sortir. Pourquoi ne serait-ce pas le cas ? Ça ne doit être bien sorcier de montrer à de jeunes adultes quelques sympathiques bestioles, non ? Je respire un grand coup. Ça ira. En attendant ma prochaine heure de cours, je préfère jouer Hijo de la Luna et vivre. Tout simplement. Ma mère me chantait souvent cette apologie à la Lune quand j’étais petite. Même si la langue est étrangère (il semblerait même qu’elle n’existe plus de nos jours, à vérifier) et que je n’en comprends pas vraiment tous les mots, je saisis néanmoins l’essentiel et c’est tout ce qui m’importe. Et puis, l’air est tellement joli… Cette chanson me remplit de bonheur, tout comme elle charmerait n’importe qui se présenterait à moi en ce moment. D’ailleurs, plusieurs petits oiseaux se sont dressés sur une large branche pour m’écouter chanter. Je ne veux pas paraître présomptueuse, non, non. Mais je sais ce que ma voix peut provoquer. Et si je peux rendre heureux des gens et des animaux pendant un court laps de temps, pourquoi devrais-je m’en priver ? Quand on a un don comme le mien, il convient d’aider les autres sans rien exiger en retour. Je ne vois pas pourquoi je devrais le cacher. Ici, au moins, je suis certaine que personne ne me tombera dessus. Entraînée par la mélodie, le rythme du violon devient de plus en plus nerveux, de plus en plus précis. C’est comme si la chanson s’imprégnait en moi et se jouait d’elle-même, sans que je ne puisse l’arrêter. Cette douceur enivrante me fait l’effet d’une drogue. Je ne suis plus maîtresse de mes mouvements, tout s’enchaîne comme dans un rêve. Et je chante. Je célèbre la vie. En cette fin d’été, alors que le soleil nous réchauffe de sa bonté céleste, je vis. Naturellement.
« Luna quieres ser madre Y no encuentras querer Que te haga mujer Dime Luna de plata ¿ Qué pretendes hacer Con un niño de piel? Hijo de la Luna »
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