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 Les cauchemars qui me hantent ...

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Christyän Maät
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Christyän Maät
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MessageSujet: Les cauchemars qui me hantent ...   Les cauchemars qui me hantent ... Icon_minitimeSam 23 Aoû - 10:35

Christyän se tenait debout devant le téléporteur du Grand Hall, une boule dans la gorge et l'estomac noué.

Ce n'était pas la première fois qu'il lui fallait se rendre au Siège lunaire ; après tout, ses cours de création d'artefact avaient lieu au cœur de cette partie de l'académie. Mais l'idée de devoir se rendre dans le bureau de Myrddin, du nouveau directeur de l'académie, le mettait mal à l'aise depuis sa sortie de la « bulle temporelle », comme il préférait l'appeler.

Quoi qu'en cet instant critique, peut-être valait-il mieux avoir assez de courage pour l'appeler par son vrai nom : l'Abysse.

Il força ses pieds à se mouvoir, et l'instant d'après, la magie lunaire du téléporteur l'avait transporté directement devant la porte où il souhaitait se rendre. L'élève de la Terre avança vers la salle close, puis, prenant son courage à deux mains, frappa trois coups contre le bois sombre.

Il prit un instant pour remarquer le contraste magnifique entre la porte de bois noire et les murs en pierre de lune du bâtiment magique … Celui-ci était entièrement conçu dans ce matériau rare et extrêmement chargé en magie lunaire.
Chris et ses camarades avaient dû s'habituer de force à la puissance que dégageait cette magie particulière, lors de leur premier cours de création d'artefact. Mais à présent, après plusieurs heures passées entre ces murs, tous parvenaient à la supporter sans trop de difficulté.

Une voix claire répondit à sa demande, lui intimant d'entrer, et Christyän s'exécuta.

Il savait bien que les élèves n'étaient pas censés pénétrer dans le bureau du directeur à moins d'y avoir été convoqués, mais la situation était suffisamment grave et préoccupante pour que le loup-garou se permette une telle infraction.

Il revenait juste de l'infirmerie, où son ami Francis reprenait des forces après avoir été gravement blessé lors de la Chasse organisée pour le Festival de Réconciliation inter-racial d'Edälis. Chris, qui participait également à cette Chasse, avait entendu le cri de détresse du tigre-garou et s'était précipité pour l'aider. Mais lorsqu'il l'avait trouvé, celui-ci était déjà blessé au bras, face à une petite créature à l'apparence effrayante qui, Chris aurait pu le parier, empestait l'Abysse.

Il savait pertinemment que les cauchemars qui le hantaient depuis sa sortie de l'Abysse altéraient son jugement sur de nombreux points, mais il ne pouvait risquer la sécurité de l'Académie – de son second foyer – sur des doutes, et à défaut de certitudes, il avait préféré en parler à celui qui avait été capable de le sortir de l'enfer dans lequel il avait été enfermé.

Christyän pourra la porte du bureau mythique et entra dans l'immense pièce en pierre de Lune. Refermant la porte derrière lui, il se laissa un instant submerger par la beauté et la grandeur du « bureau ». C'était, après tout, la toute première fois qu'il y mettait les pieds …

D'innombrables tableaux ornaient les murs, ainsi que d'immenses étagères soutenant un nombre impressionnant de livres et quelques piles de parchemins. De vieilles armures trônaient aux quelques coins qu'il pouvait apercevoir, tels des gardes prêts à se jeter sur le moindre intrus. Çà et là, des meubles ressemblant à des vitrines gardaient des objets de toutes les couleurs qui attirèrent l'attention du loup-garou.

// Ce n'est pas un bureau, c'est un véritable musée ! // ne put-il s'empêcher de penser.

Un grognement lui fit soudain tourner la tête. Il était certain d'avoir entendu un cri d'animal … Mais  à la place d'une gueule ou de griffes menaçantes, le regard du jeune homme se posa sur un grand bureau de bois lévitant à plusieurs mètres au centre de l'immense salle.
Un vieil homme était assit derrière ce bureau, et Chris reconnu sans mal le directeur.

L'image d'un vieil homme à la robe violacée s'imprima soudain sur sa rétine, et le souvenir de sa sortie de l'Abysse le submergea. Allongé sur le ventre dans la terre humide d'une Académie en ruines, l'élève de la Terre avait alors levé un regard encore effrayé et plein de détresse vers son sauveur, qui en quelques mots avait étouffé tout espoir de retrouver sa vie passée.
Chris devait la vie à Myrddin, mais il lui devait également son insomnie et ses crises de panique …

La pièce était immense, et Chris n'avait pas l'habitude de crier pour s'adresser aux gens ; aussi décida-t-il de s'avancer jusqu'à Myrddin avant de se présenter.

Il fit un pas en direction du bureau, et soudain des marches se formèrent sous ses bottes, légèrement surélevées par rapport au sol. Intrigué, Christyän fit un nouveau pas, et une nouvelle marche se forma, un peu plus haute.
Comprenant la principe, le loup-garou avança sans crainte jusqu'au directeur, les marches en lévitation se formant au fur et à mesure qu'il se rapprochait du bureau, jusqu'à ce qu'il soit à portée de voix du vieil homme.

« Bonjour monsieur, » se risqua-t-il à dire, « je suis désolé de me présenter ainsi à l'improviste, mais il s'agit d'un problème qui me semblait important … »

Il déglutit, lui-même étonné d'être ainsi perturbé et impressionné par la simple présence d'un vieillard, alors qu'il avait survécu des années dans des lieux bien plus hostiles.
Inspirant, il clarifia ses paroles, espérant que ces mots attireraient suffisamment l'attention du directeur.

« C'est à propos de l'Abysse, monsieur. Quelqu'un tente de pénétrer dans l'Académie. »


Dernière édition par Christyän Maät le Mar 26 Fév - 23:39, édité 2 fois
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Myrddin
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MessageSujet: Re: Les cauchemars qui me hantent ...   Les cauchemars qui me hantent ... Icon_minitimeSam 10 Jan - 22:34

Le vieil homme ne prononça mots, fixant le visage du jeune garçon lui faisant face avec insistance. Ses yeux d'un bleu aux teintes changeant toutes les secondes semblaient percer de part en part l'âme même du garou. Il était difficile de savoir quelles étaient ses pensées, ce qu'il avait en tête en apprenant cette terrible nouvelle, mais le malaise était bel et bien présent. Il ne donnait pas l'impression de voir Christyän comme un élève ou un garou, mais bien comme un livre ouvert dévoilant chaque instant de sa courte existence, le moindre secret était épluché, ses propres pensées ne lui appartenaient plus, l'élève de la terre ne contrôlait plus rien.

Lentement, le directeur se leva et descendit de son bureau, glissant sur un toboggan invisible à l’œil nu et tapota ses étagères du bout des doigts, comme si il cherchait un mécanisme dévoilant un passage secret. Cela n'aurait été guère surprenant vu cet endroit mystérieux, voir même mystique, mais ce ne fut pas le cas. Au bout de la troisième étagère, il s’arrêta, tandis qu'un tiroir s'éjecta avec force de son emplacement initial, suivit d'un autre, comme si ils étaient propulsés par une force inconnue. Cependant, au lieu de s'écraser contre le mur d'en face, ils firent demi tour et retrouvèrent le vieil homme, tournoyant autours de lui comme des oiseaux de proie. D'un mouvement du doigt, le premier tiroir changea sa direction, lévitant toujours dans les airs et se posa lentement devant Christyän, avant d'être rejoint par une chaise venue de nul part qui força le garou à s'asseoir. Le tiroir révéla alors son contenu, une splendide bouteille en cristal contenant un étrange liquide blanc, ainsi que deux verres, toujours dans ce même matériau. Les verres s'animèrent et vinrent se positionner sur la table, tandis que la bouteille vida délicatement son contenu, sans verser la moindre goutte sur le bureau du directeur. Le siège du garou changea ensuite de taille pour s'adapter à la taille de son occupant, afin de lui offrir un confort parfait. De son côté, Myrddin lévita jusqu'au bureau et laissa s'envoler jusqu'à lui le contenu du second tiroir, une pipe fait d'un bois aussi blanc que la neige présente sur la chaîne d'Ayalamith, ainsi qu'une herbe rouge s'enflammant dés son arrivée dans ledit objet. Le fumet était agréable, provoquant un bref instant une vision d'une nature sans la moindre présence de l'homme, avant de revenir à la réalité. Une fois la pipe entre les lèvres du directeur et en ayant bien évidemment profité un tant soit peu, les deux tiroirs décolèrent et reprirent leur place a une vitesse exceptionnelle, sans pour autant faire le moindre dégât.

- Ma pipe des sujets graves, j'en ai une pour les fêtes soporifiques des nobles, les grands événements, les ballades dans le blizzard et aussi contre la gueule de bois. Et bien Christyän, tu ne touches pas à ton verre ? Il va s'offusquer et pleurer, tu n'imagines pas à quel point il est inconsolable quand ça arrive. Je dois passer la moitié de ma journée à lui dire qu'il est adorable, donc ne lui manque pas de respect veux-tu ?

Le verre tremblota un bref instant et poussa un petit cri faisant étrangement penser à celui d'un écureuil avant de s'immobiliser. Myrddin leva ensuite son verre en direction du garou et trempa les lèvres dans ce divin nectar en fermant les yeux.

- De l'alcool de baies lunaires, on en trouve que sur une île bien particulière, ne t'en fais pas, c'est très doux et puis ça fait voyager.

Lorsque Christyän se décida enfin à goûter le fameux breuvage, il se sentit aspiré, sans pour autant éprouver de malaise et découvrit un étrange paysage, comme si il avait été téléporté. Des dragons, des lieux où les éléments semblaient régner en maître, des terres lévitant dans les airs, un temple gigantesque fait de pierres lunaires et une harmonie parfaite entre les habitants de ce lieu et la nature elle même. Puis le paysage disparut et il se retrouva à nouveau dans le bureau, tranquillement assit. Tout cela n'avait été accompli qu'avec une simple gorgée...Souriant, le directeur avait échangé son regard perçant avec celui du vieil homme bienveillant, telle le grand père désirant le bien être de ses petits enfants.

- Sais tu comment fonctionne la création ? Nous appelons ainsi toute l'oeuvre de la lune, chaque royaume dirige à sa manière, mais il ne peut s'opposer aux desseins de la mère de toute chose. J'imagine que tu connais de réputation le conseil des sages, mais ce n'est pas vraiment lui qui gère cette vaste pièce de théâtre. Il n'est qu'une infime partie des rouages de la "politique" lunaire, le quart pour être précis.

Le vieil homme fit une pause et se concentra sur sa pipe, fumant tranquillement pendant quelques minutes avant de commencer à faire des ronds de fumées, ronds devenant rapidement des silhouettes représentant quatre personnes bien distinctes.

- Après la création de l'Abysse, la lune a décidé que le conseil des sages n'était pas suffisant pour défendre ses enfants contre cette toute nouvelle menace. Elle a ainsi demandée qu'un nouveau conseil soit formé, composé uniquement de ses enfants les plus puissants et les plus dévoués, il prit pour nom le conseil des quatre. J'admets que niveau originalité on repassera, mais il a tendance à marquer les esprits. Ses membres sont tous des esprits lunaires, je suis certain que tu en as déjà entendu parler, parmi eux Fujiin. Chacun dirige un groupe d'une puissance remarquable, il y a bien entendu le conseil des sages, mais aussi l'Ordre de la nouvelle lune, dont fait partie le professeur Bachiatari, ainsi que la discrète guilde White Phoenix, chargée de faire régner l'équilibre voulu par la lune avant tout et les forces du prince démon de la paresse. Avant de devenir l'un des grands chefs démoniaques, il s'agissait d'un esprit lunaire et ses habitudes ont la vie dure, je pense que sans lui, les puits abyssaux auraient fait beaucoup plus de victimes. Maintenant, je vais te poser une autre question, sais tu la différence entre ce fameux conseil et moi ?

Encore une fois, le vieil homme fit une pause et observa les réactions du garou, il était loin d'être idiot, il savait qu'il ne pouvait pas forcer le directeur et puis, tout ceci devait bien avoir un but. Lorsque après plusieurs minutes, Myrddin n'obtint toujours pas de réponse, il offrit un sourire amusé à son invité et répondit à sa propre question.

- Le conseil des quatre dirige tout ce qui est relatif à la lune sur Rëvalïa, tandis que tout ce qui est relatif à la lune mais présent dans cette académie est sous ma juridiction. Je n'ai aucun droit de veto concernant les décisions du conseil pour tout ce qui est hors de l'académie, tout comme ils ne peuvent décider de ce qui se trame dans cette institution. Tu ne vois pas où je veux en venir ? Il te manque peut être une pièce dans ce puzzle.

Le regard du directeur s'assombrit, la fumée sortant de sa pipe s'épaissit et la lumière présente dans la pièce devint beaucoup moins présente, comme si elle avait été chassée. Sa voix se fit également plus sombre, moins forte, comme si il était épuisé alors qu'il avait clairement de l'énergie à revendre il y a moins de dix secondes.

- Quand je vous ai sortis de l'Abysse, toi et tes camarades, j'ai dû être guidé par le professeur Bachiatari, qui avait ressenti vos pouvoirs respectifs. L'Abysse est à la fois une entité et un plan d'existence, sauf que vous n'avez fait qu'effleurer le potentiel destructeur de cette ogresse. Vous n'étiez qu'au deuxième niveau, alors qu'il y en a six, plus vous descendez, plus la corruption devient importante et cela va de paire avec des serviteurs de plus en plus puissants. La créature que tu as rencontrée était un enfant abyssal, soit une créature de niveau cinq. Leur force est cependant une faiblesse dans notre cas, ils ne sont absolument pas polyvalents. Leurs capacités sont sélectionnées pour des travaux bien précis et fort heureusement pour nous, cette créature n'a pas d'autre fonction que de nous espionner. L'abysse craint certaines de nos capacités, notamment celle de notre professeur d'ombre, qui au détriment de sa santé, peut simplement annuler son pouvoir. Elle a donc besoin de renseignements pour nous attaquer et c'est pourquoi cette créature a fait son apparition. Elle n'est pas un danger pour le moment, tant que nous ne dévoilons aucune information nous compromettant. Je n'interviendrai pas dans l'immédiat.

Posant sa pipe, qui s'éteignit aussitôt, le vieil homme sourit d'un air malicieux et fixa Christyän.

- Fujiin était persuadé que ceux qui avaient subis l'Abysse, s'ils arrivaient à vaincre leur trauma, pourraient devenir nos meilleures chance de la détruire. Je suppose que les pièces se mettent en place, donc je ne te poserai qu'une fois la question.

Myrddin se rapprocha du garou et lui dit ces simples mots.

- Jusqu'où es-tu prêt à aller pour détruire l'Abysse ?
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MessageSujet: Re: Les cauchemars qui me hantent ...   Les cauchemars qui me hantent ... Icon_minitimeMer 14 Jan - 12:16

Ainsi, l'homme était déjà au courant pour l'histoire de Francis. Il semblait en connaître les moindres détails, comme la nature de cette créature que Chris avait aperçue, et ses desseins.
En un sens, c'était bien rassurant. Malgré cette apparence faiblarde et farceuse, le loup-garou avait pu apercevoir dans les yeux du directeur une part de la force qui faisait de lui un être si puissant …

Chris découvrait une facette du directeur qu'il n'aurait jamais pu soupçonner. Par là-même, il en apprenait plus sur le monde qui l'entourait. Jamais il n'aurait pu deviner l'existence de ce Conseil dont avait parlé le vieil homme.
Oh, certes il connaissait le rôle du professeur Fujiin, mais malgré cela, ce dernier restait tout de même son professeur et non un esprit lunaire membre de conseil supra-national !

Le jeune homme retint un sursaut lorsque Myrddin évoqua à son tour l'Abysse, la façon dont il l'en avait sorti, et ses différents niveaux. Il se doutait bien que la noirceur qui l'avait enveloppé était maléfique, et qu'elle avait un potentiel bien supérieur à ce qu'elle en avait laissé paraître …

Même si Chris avait eut l'impression de n'y passer que quelques dizaines de minutes, il avait en réalité été enfermé dans l'Abysse durant un siècle.
Les horreurs qu'il y avait vécues, bien que loin des tortures physiques qu'il savait être pratiquées par les humains, l'avaient marqué de façon irréversible. S'il n'en gardait aucune cicatrice physique (la cicatrice à son flan ayant été faite par le sabre d'un bandit lors de l'attaque de l'ancienne Académie), il savait pertinemment qu'il était marqué moralement à vie.

Les cauchemars qui le hantaient, les crises de panique qui n'avaient cessé de le surprendre à la simple mention du nom de l'« Abysse » durant les premières semaines en étaient une preuve. Il se savait traumatisé.

Il se savait affaiblit par cette peur irrationnelle qui ne cessait de le prendre d'assaut.

Voilà pourquoi il voulait tout faire pour ne plus jamais avoir à revivre une telle horreur. Voilà pourquoi il voulait à tous prix éviter qu'elle ne réapparaisse, et que les êtres y ayant échappé n'aient jamais à lui faire face.

Il déglutit, ferma les yeux une demi-seconde pour calmer les battements de son cœur, et se lança : « Depuis que je suis sortis de … de l'Abysse, » se força-t-il à prononcer d'une voix faible et prudente, « j'ai des cauchemars presque toutes les nuits. Je revis ce qui s'y est passé, je revois les m-morts, le sang, l-les créatures qui m'y ont attaqué … Parfois je n'arrive même pas à m'endormir, tant j'ai peur de ce que je risque de revoir. Je n'ai pas dormi plus de quinze heures la semaine dernière. »

Avouer ainsi ses faiblesses allait à l'encontre de tous ses instincts, mais sa logique le poussait à continuer. Si le directeur comprenait sa situation, peut-être le laisserait-il accéder à ce qu'il désirait.

« J'ai eu des crises de panique en plein jour, à la simple mention du nom de l'Abysse. Je suis pris de tremblements incontrôlables, j'ai du mal à respirer, les larmes me montent aux yeux sans que je ne puisse rien y faire, je perds toute force et mes jambes s'effondrent sous mon poids … Et c'est ainsi depuis que vous avez brisé la « bulle temporelle », depuis l'an dernier. »

Le fait de l'exprimer à voix haute ne fit qu'accentuer cette période : il lui semblait qu'il venait à peine de sortir de l'Abysse … Ces huit derniers mois étaient passés si vite, comme s'il avait été de nouveau plongé dans une sorte de coma éveillé, où ses pires cauchemars le hantaient à longueur de journée, faisant s'accélérer le temps jusqu'à  la rentrée d'août 406 …

« J'ai essayé de me contrôler, j'ai tenté de calmer les cauchemars, je me couche le soir en espérant pouvoir dormir convenablement … Mais le traumatisme persiste, et commence à devenir dangereux pour ma santé et celle de mes camarades. Si je venais à m'assoupir durant un cours important, ou si je venais à perdre le contrôle de ma magie par épuisement, cela pourrait rapidement dégénérer. »

Il lui fallait en venir aux faits ; il ne pourrait pas gâcher ainsi le temps du directeur pour ses simples états de santé. Aussi, il inspira une nouvelle fois et se lança :

« Je veux à tout prix éviter que ce que j'ai vécu puisse être vécu par n'importe qui d'autre. Je veux à tout prix éviter que l'Abysse soit ré-ouverte, ou bien qu'elle parvienne à influencer le monde protégé par la Lune. Je veux me battre contre ce traumatisme qui me ronge, je veux m'en débarrasser, je veux pouvoir me battre contre l'Abysse. »

Il laissa échapper un léger soupir, soudain conscient de l'égoïsme de ses paroles. Était-ce réellement tout ce qu'il voulait, être libéré de son traumatisme ? N'y avait-il pas plus dans ses paroles, dans ses buts, dans son cœur ?

Non, il savait qu'il y avait plus que cela. Depuis la disparition de son frère, Chris n'avait été que l'ombre de lui-même. Il était né avec un jumeau, un frère à protéger. Celui-ci avait été son but, sa raison de vivre, et sa disparition avait emporté une partie de Chris dans l'oubli. Même durant l'époque de la première Académie, même après s'être rendu compte qu'il n'avait plus sa place dans la Forêt, même après avoir réalisé que sa vie était à l'Académie, il n'avait jamais réussi à réellement s'ouvrir aux autres, à s'intégrer, à se laisser aller.
Il avait toujours été sur ses gardes, ou bien au bord de la dépression.

Mais aujourd'hui …

Aujourd'hui il comprenait que cette époque était passée, révolue. Son frère avait disparu depuis plus de cent ans. Il était perdu, à présent, à jamais hors d'atteinte. Et il lui fallait trouver un autre but, une autre raison de vivre, une autre mission à accomplir.
Car il était comme cela, il vivait comme cela : en ayant un objectif.
Et aujourd'hui, qui était sa famille ? Il avait sciemment tenté de reconstituer une meute, ou du moins y avait-il pensé. N'était-ce pas là le signe qu'il pouvait laisser le passé derrière lui ? Il devait se tourner vers le futur, à présent.
Et ce futur, c'était ses amis. Plus encore, l'ensemble des élèves et du personnel de l'Académie. Sans elle, jamais il n'aurait pu s'en sortir.

Une nouvelle idée germa dans son esprit.

Sans Astraël, sans l'aide des elfes de Lunälis, jamais il n'aurait pris conscience de l'importance du reste du monde.
Sans le royaume d'Edälia, jamais il n'aurait eu l'opportunité d'apprendre la magie, ni même de venir au monde.
Et sans Rëvalïa, comment allait-il en apprendre davantage sur la magie ? Sur sa race ? Ràva, disait-on, était la terre des garous, de son peuple.

« À vrai dire, plus que pour moi-même, je veux combattre l'Abysse pour les autres. C'est grâce à vous, aux élèves de l'Académie, même au reste du monde si je suis là aujourd'hui. J'aurais pu vivre ma vie tranquillement hors de l'Académie, et jamais je n'aurais pu voir cette époque. Même si je voyais jusqu'à présent ce siècle perdu comme une malédiction, je me rends compte à quel point cela peut être un atout pour moi. »

Il se redressa sur sa chaise, la confiance l'entourant peu à peu.

« Je veux voir le monde évoluer. Je veux découvrir Rëvalïa, je veux en apprendre plus sur les elfes, sur les garous, sur le monde ! Et pour cela, je refuse de rester à trembler quand je pourrais combattre et détruire l'ennemi qui menace ces terres. Je veux être utile, je veux aider. »

La question du vieil homme avait été « Jusqu'où ? ». Et ça, pour une fois, il était en mesure d'y répondre.

« Aujourd'hui, je n'ai de famille que mes amis. À part eux, je n'ai rien d'autre à perdre que ma vie. Mais m'ayant sorti de l'Abysse, vous savez ce que je pense de sa valeur, » lâcha-t-il presque avec dédains. « Alors je suppose que j'irais jusqu'à donner ma vie, mon temps, mon futur, pour détruire l'Abysse. J'ai volé cent ans au cycle naturel, il me faudra les rendre un jour. Et je suis prêt à le faire sans hésitations. »

Ces derniers mots semblèrent sortis de ses lèvres sans qu'il ne les eut pensés.

// Et pourtant, // se rendit-il alors compte, // c'est entièrement vrai. //

« Mais pour ça, il me faut la comprendre, » reprit-il. « Je souhaiterais en apprendre le plus possible sur elle, pour pouvoir lutter. » Il planta ses yeux verts déterminés dans ceux du vieil homme. « Si vous avez des informations, ou bien si des ouvrages ont été écris sur l'abysse durant le siècle où j'étais … absent, je me doute qu'ils sont tenus secrets et hors d'atteinte. Mais je souhaiterais votre permission pour les consulter. Ou bien, si vous connaissez quelqu'un qui pourrait m'apprendre … »
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MessageSujet: Re: Les cauchemars qui me hantent ...   Les cauchemars qui me hantent ... Icon_minitimeVen 6 Mar - 12:22

Pendant un long moment, le directeur resta silencieux, se contentant d'observer le loup par dessus ses lunettes en forme de demi lune. Il savait exactement ce qu'il devait faire, ce qu'il devait dire, mais il savait également ce que cela impliquerait pour Christyän. Par sa faute, un élève avait déjà perdu ce qui faisait de lui un être mortel. il avait été remodelé par la lune, modifié, la mère de toute chose en avait fait une arme redoutable, mais Myrddin ne voyait pas cela comme une bonne chose. Ses étudiants n'étaient pas des outils que l'on pouvait adapter à n'importe quelle situation, ils avaient des sentiments, des rêves, des désirs, ils devraient être libres de choisir leur destinée, pas qu'elle soit décidée par des êtres ne les comprenant pas. Le vieil homme était en deuil, il avait tué son élève, sa protégée, tout cela car ils devaient se préparer, se préparer à une guerre plus dévastatrice que la guerre des éléments. Il devait le faire, mais n'aimait pas cela, il détestait la situation, lui qui devait protéger les habitants de l'académie, leur offrir un espoir, une nouvelle vie, un foyer, ils les envoyaient au massacre. Ce n'était pas un massacre physique, mais bien mental, ils perdraient à jamais leur innocence, leur côté enfantin, leurs rêves simples, n'aspirant qu'à une vie normale, pour devenir des agents lunaires, les parfaits serviteurs de la lune. Christyän était le deuxième, lui aussi avait souffert, sans doute même plus que n'importe qui, il avait connu l'enfer, l'Abysse. Il avait vu la plupart de ses amis, mourir, être dévorés, assimilés, être transformés pour attaquer à leur tour leurs proches...Et maintenant, maintenant il devait simplement regarder ce survivant accepter simplement que cette épreuve était en fait une expérience lui apportant de la force, un élément indispensable pour cette future guerre. Il avait envie de tout abandonner, tout lâcher, de se laisser aller et de tout exploser pour calmer son profond dégoût, pour neutraliser son sentiment d'injustice. Cependant, il ne pouvait pas, il était le directeur de l'académie d'Edälia, la lumière dans les ténèbres, le médiateur ramenant la paix, le grand père aux centaines de petits enfants. Si il craquait, le loup n'aurait jamais la force de traverser ce qu'il allait traverser. Son éducation allait en prendre un coup, il allait voir la face cachée de la lune et en ressortirait changé...à jamais.

Soupirant, Myrddin retira ses lunettes et commença à les nettoyer, avec une certaine lassitude, il ne pouvait pas tout dissimuler, il n'était guère un Célestin.

- Dans ce cas, ce n'est plus de mon ressort, tu rencontreras très bientôt le conseil des quatre et tu sauras quoi faire concernant l'Abysse. Un vieil ami, qui te surveille depuis un certain temps déjà, va t'y emmener, j'espère, au vu de la situation, que vous vous apprécierez.

Remettant ces lunettes, il se leva et alla poser sa main sur l'épaule du garou, souriant doucement.

- Christyän, il faut que tu m'écoute attentivement. Notre monde est basé sur des récits, des légendes, des faits d'armes et de magie, mais tout n'est pas forcément comme on le croit. Lorsque tu vas faire face au conseil, tu seras au coeur de tout cela, tes idéaux risquent d'être bouleversés. Le blanc et le noir peuvent se confondre, ta définition du bien et du mal risque d'en prendre un coup, car elle n'existe que dans ton esprit. Il n'y a qu'une seule chose à retenir, tu auras un but et une route pour y parvenir, ainsi que des moyens. Ils peuvent être blancs, noirs, gris, arc en ciel, aucune importance, tu peux tout utiliser, ce qui compte...c'est comment tu les utilises. Avant de franchir la porte du conseil, retiens bien ceci et n'oublie jamais ce que tu es, qui tu es, ne laisse pas la menace de l'Abysse te changer.

Souriant d'un air qu'il voulait comme rassurant, il tapota son épaule et l'instant d'après, Christyän fut comme aspiré, comme si une main géante et invisible l'attrapait avec force vers un autre endroit. Cela ne dura qu'une seconde, la téléportation qu'offrait l'esprit était de loin la moins dangereuse, mais elle n'était pas forcément la plus agréable. Lorsqu'il ouvrit les yeux, vu que la première fois était tout de même éprouvante, le garou se retrouva dans le petit bois, même si cette zone lui semblait inconnue. En effet, des arbes blancs, d'une taille relativement impressionnante, semblaient avoir été plantés, bien qu'invisible depuis l'académie. La terre elle même semblait venir d'ailleurs, alors que les animaux les plus craintifs de ce bois venaient se reposer dans cet endroit paisible, proies et prédateurs semblaient ignorer leurs instincts naturels, s'allongeant juste un moment dans cette herbe blanche. Le silence n'était cependant pas au rendez vous, Christyän pouvait clairement entendre le son d'une flûte, l'air était relativement exotique, pas le genre de mélodie que l'on apprend chez les humains. Tout ne semblait que douceur, rafinement et subtilité.

- Tu es plutôt résistant, ma première téléportation m'avait rendu malade pendant plus de deux heures.

La douce mélodie avait cessée, laissant place à une voix masculine relativement agréable, elle n'était pas envoûtante ou charmeuse, mais apaisante, douce, bienveillante, le genre de ton qui faisait passer Myrddin pour un bûcheron. Lorsque le garou se retourna, il le vit, assit sur un rocher, adossé à un de ces fameux arbres blanc, entouré d'une multitude d'animaux, un elfe. Loups, lapins, serpents, sangliers, renards, cygnes, lynx, tous semblaient attendre tranquillement qu'il recommence à jouer de son instrument, levant doucement la tête, buvant le moindre de ses mots. L'arbre où il était adossé avec fait pousser de nombreuses branches soutenant de nombreuses fioles aux couleurs extrêmement vives, tandis que devant lui se trouvait tenu par de fines racines, un bol en bois, richement décoré dans le style elfique. Le liquide qui s'y trouvait était d'un vert très clair lumineux, dégageant une douce odeur fruitée, faisant saliver la plupart des animaux qui se trouvaient dans les environs, même les carnivores, mais ils restaient calmes, se contentant d'observer l'elfe, comme si ils savaient que ce breuvage n'était pas pour eux. L'habit de cet individu était pour le moins inhabituel, vert avec quelques ajouts de fins tissus blancs, il semblait clairement appartenir à la haute noblesse elfique. Cependant, il semblait avoir ajouté quelques extensions pratiques à son activité d'alchimiste au vu des potions. Ses gants par exemple, avaient des cuillères vertes qui étaient posées juste au dessus de ses doigts, tandis qu'on pouvait voir de nombreuses lanières vertes un peu partout sur ses bras. Il portait également une série de boucles d'oreilles reliées ensemble par un léger fil blanc, ainsi qu'un diadème vert fait de la même matière que ses cuillères, sur lequel se trouvait une pierre rosâtre incrustée. Il semblait être un doux mélange entre un roi et un mage vagabond, pourtant son accoutrement étrange ne disait rien au garou, un être aussi particulier aurait dû être mentionné quelque part par les elfes. Son visage était semblable à sa voix, une douceur et une beauté surnaturelle, malgré le fait qu'il semblait légèrement efféminé. Ses yeux étaient d'un bleu relativement prononcé, lui donnant un air presque surnaturel. Un simple regard semblait suffire à calmer le moindre sentiment négatif, comme un oasis calme, vidé de toute présence humaine en plein milieu d'un désert d'apparence mortel. Ses longs cheveux blonds semblaient comme aspirer la lumière du soleil, comme si leur couleur dépendait de ce dernier. Le reste de son corps était comme le reste, un être grand, fin, élégant, possédant sans doute une certaine musculature, mais juste ce qu'il fallait pour rester un être incarnant parfaitement le raffinement. Concernant son odeur, c'était sujet à discussion, Christyän reconnaissait le parfum de diverses plantes, fleurs, de la sève d'arbre et une multitudes d'autres choses vivant dans les bois. Ce qui était le plus étrange, c'était que ce mystérieux elfe ne semblait pas avoir toutes ces odeurs en même temps, mais les unes après les autres, comme si il s’assimilait à la nature qui était dans les environs.

Souriant devant le regard perplexe du garou, cet étrange individu fit un mouvement de la main et fit bouger les racines, apportant jusqu'à Christyän le fameux breuvage.

- Une petite recette personnelle, cela devrait calmer le mal être de la téléportation et préparer ton corps au choc qui l'attend. Je suis certain que tu as pu tester les effets de la magie lunaire sur ton organisme, dis toi simplement que ce que tu as vécu n'est rien comparé à ce qui t'attend. Aucune crainte à avoir, c'est une vulgaire soupe, avec divers élixirs renforçant ton organisme et quelques plantes venant tout droit d'Elmenda. Je sais que Fujiin préfère exposer directement les autres pour voir qui est naturellement capable de supporter la magie lunaire, mais je trouve cette méthode un peu trop brutale.

La mixture semblait en effet n'être qu'une soupe, délicieuse certes, mais cela restait une bonne vieille soupe relativement fruitée et sucrée. La vérité, c'est qu'hormis le fait que ce cher elfe adorait exhiber son savoir faire culinaire, cela dissimulait parfaitement le gout des autres produits, qui, soit dit en passant, étaient franchement infâmes à boire séparément. Une fois que le garou vida enfin le contenu, les racines rapportèrent immédiatement le bol vers son interlocuteur. Ce dernier sortit une sorte de pain de sa poche et le sépara en plusieurs morceaux, qu'il donna aux animaux. Étrangement, même les carnivores ne se firent pas prier pour y goûter, même si tous mangèrent dans le calme, sans se précipiter. L'elfe se leva et rejoignit Christyän, lui tendant sa main dans un sourire.

- Enchanté de te rencontrer, Arda, sage de la terre.
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Christyän Maät
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MessageSujet: Re: Les cauchemars qui me hantent ...   Les cauchemars qui me hantent ... Icon_minitimeSam 4 Avr - 7:40

Le silence qui suivit sa réponse ne fit que renforcer le malaise de Christyän.

Le directeur resta à le fixer durant un moment, son regard perçant semblant défaire le loup-garou de toute enveloppe corporelle pour plonger directement dans son âme – si tant est qu'il en avait une.
Sentant l'appréhension monter en lui, Chris détourna prestement les yeux, sa main rencontrant par réflexe l'arrière de sa nuque en un mouvement automatique et définitivement mal à l'aise. Un peu plus, et il se serait surpris à sautiller d'un pied à l'autre en attendant la réaction du vieil homme …

Le but premier de sa visite semblait totalement oublié. L'homme savait pour l'être abyssal, et n'avait pourtant rien fait ? Cela signifiait-il que tout était sous contrôle ? Et pourquoi ne pas en avoir informé Francis, ne pas lui avoir expliqué les conséquences de ce marché qu'il avait passé ? Pourquoi le laisser ainsi douter et être rongé par la peur ?
Le tigre-garou voudrait récupérer ses biens, et Chris lui avait fait le serment de l'accompagner. Mais s'ils devaient tous se mettre en danger à cause de l'être abyssal que le garçon transportait, cela valait-il la peine ?

// Bien sûr que oui ! // souffla soudain en lui une voix qu'il connaissait bien. // C'est ton ami, non ? C'est ta nouvelle meute, ou du moins les prémices de ce qu'elle peut devenir. Alors prends-en soin, idiot ! //

Chris se retint de justesse de laisser échapper un rire. Jamais il ne se serait attendu à entendre de nouveau la voix de Sirhc, l'incarnation de son pouvoir, alors qu'il était pleinement éveillé. Mais s'il avait autrefois été la voix de son côté animal, le loup élémentaire était désormais son guide dans la recherche de son équilibre. Et comme à chaque fois qu'il lui avait donné conseil jusqu'à présent, il avait raison.

Il prendrait soin de Francis. Le tigre-garou n'avait plus de famille non-plus, d'après ce qu'il lui avait raconté, et les liens qui les unissaient promettaient d'être aussi forts que les liens qui avaient unis Chris à Light, il y avait déjà plus d'un siècle.
Et s'il devait en apprendre plus sur l'Abysse, s'il devait dédier sa vie à la combattre pour garder ce semblant de famille qu'il recréait petit-à-petit … Alors cela en valait la peine.

Mais la voix du directeur s'éleva soudain de nouveau, comme lasse et embêtée.
Le ton de l'homme fit monter un frisson le long de sa colonne vertébrale, et le sentiment d'appréhension qu'il ressentit alors sembla faire chuter la température de son corps. La voix de son alter-égo retomba muette dans son esprit, alors que les mots « conseil des quatre » résonnaient sans fin dans sa tête.
Était-ce le même conseil dont l'homme lui avait parlé quelques minutes plus tôt ? Était-ce ce-même Conseil des Sages, choisis et tirant leurs pouvoirs de la Lune, qu'il était censé rencontrer ?!

Mais la suite interpela le jeune homme davantage. Quelqu'un le surveillait depuis un certain temps. Quelqu'un que lui, chasseur et prédateur, n'avait pas remarqué.
Était-ce par simple négligence ? Étaient-ce ses sens qui le trompaient ? Ou bien cet individu dont parlait le directeur avait-il des moyens magiques de le surveiller, à l'image de l'Académie qui possédait la Salle de la Sphère ?

Le vieil homme posa sa main sur l'épaule de Christyän, sans que celui-ci, trop perdu dans son angoisse et dans ses pensées, ne l'ait vu se déplacer. Le flot de paroles qui s'en suivit trancha avec le silence assourdissant qui régnait dans la pièce quelques minutes plus tôt.

« Tes idéaux risquent d'être bouleversés, » disait le vieil homme, « ta définition du bien et du mal risque d'en prendre un coup, car elle n'existe que dans ton esprit. »

Totalement impuissant face à ce flot d'informations, Chris ne pu laisser échapper un son, sa voix semblant bloquée dans sa gorge, l'angoisse de l'inconnu se mélangeant à l'incrédulité de la situation. Lui, un simple élève de deuxième année, un sans-nom n'ayant pas même vingt ans, allait rencontrer le Conseil des Sages ?! … Et pour quoi ? Pour avoir demandé un accès à la réserve de la bibliothèque de l'Académie !

« Tu auras un but et une route pour y parvenir, ainsi que des moyens, » continuait Myrddin, et Chris, malgré son état de choc, comprit sans mal que ces mots étaient de la plus haute importance. « Ce qui compte, c'est comment tu les utilises. »

Le loup-garou parvint à combattre son immobilité, fournissant un léger hochement de tête au vieil homme, ses yeux toujours aussi écarquillés.

« Avant de franchir la porte du conseil, retiens bien ceci et n'oublie jamais ce que tu es, qui tu es, ne laisse pas la menace de l'Abysse te changer. »

Un instant, les yeux anxieux de Chris se plongeaient dans ceux du directeur, plissés dans un léger sourire, ses pieds fermement plantés au sol et le décors du bureau de Myrddin s'ancrant dans sa mémoire.
L'instant d'après, il sentait son estomac se retourner alors que tout son être semblait partir en une vrille sans fin, sa vision se brouillant et tout autour de lui devenant soudainement flou …

Et pourtant, avant que son ventre n'ait eut le temps de se rebeller contre lui, Chris parvint à se stabiliser, à repousser le tournis qui menaçait de le submerger, et à rouvrir des yeux choqués qu'il ne se souvenait pas d'avoir fermés.

Malgré le mal de tête qui le prit soudain, sa vision et son instinct d'animal sauvage lui fournirent tous deux les mêmes informations : il se trouvait dans une forêt d'arbres immenses et immaculés, au cœur de la nature. L'herbe blanche sous ses pieds paraissait à la fois familière et étrangère, comme si les composés de magie présents dans la terre étaient significativement différents de ceux dont il avait l'habitude.
Une myriade d'animaux divers étaient allongés là, ne prêtant pas même attention à lui, comme s'il faisait partie intégrante de ce paysage atypique. Plus encore, les animaux ne semblaient pas prêter attention aux autres êtres présents dans cette étrange forêt ; il vit du coin de l'œil une famille de lapins se boudiner les uns contre les autres à quelques mètres à peine d'un renard endormi, comme si la notion de proie et de prédateurs n'avait aucun sens en ces lieux.

Et ce que ses yeux ne pouvaient voir, Sirhc, toujours présent en arrière-plan, lui confirma.
L'endroit était baigné dans une magie étrange ; un décalage enivrant entre la magie de la Terre qu'il avait apprit à connaître et à reconnaître, et une magie exotique, puissante, qui semblait entourer son corps tout entier, comme un loup faisant le tour d'un confrère, le marquant de son odeur pour le reconnaître.

Son ouïe sembla finalement se rattacher à son cerveau, évacuant l'anxiété et l'appréhension, et un son clair et doux parvint à ses oreilles. Il chercha un instant d'où cela pouvait provenir.
Mais le son enivrant sembla le calmer et le détendre davantage, si bien que la provenance de la musique devint bien vite un détail inutile à ses yeux. Quelle importance, tant que celle-ci continuait ?
Il se voyait bien passer sa vie ici, alternant sa forme de loup et sa forme d'humain, passant ses journées à se relaxer dans l'herbe blanche, à se boudiner contre les arbres si grands que leur tronc faisait presque sa longueur du museau à la queue …

« Tu es plutôt résistant, » fit alors une voix claire et pourtant incroyablement douce derrière lui, ne le faisant pas même sursauter. « Ma première téléportation m'avait rendu malade pendant plus de deux heures. »

Son esprit sembla brutalement se clarifier alors que la musique avait cessé.
Effectivement, son estomac et ses tempes semblaient toujours le lancer, comme s'ils ne cessaient de le provoquer, de tester ses limites, prenant des paris sur qui de la tête ou du ventre parviendraient à la faire vomir le premier … Mais sa résistance tint bon, et la bile qui avait envahit le fond de sa gorge à son arrivée reflua, ne le laissant qu'avec un arrière-goût déplaisant.

Il prit pleinement conscience de son environnement, et se tourna avec surprise vers l'origine de cette voix inconnue.
À quelques mètres de lui se tenait un elfe sylvain, s'il en croyait sa chevelure presque dorée, assit au cœur d'un cercle d'animaux endormis, allongés, apaisés. Dans ce décors immaculé, il semblait se fondre dans le paysage, comme s'il en émanait naturellement, comme si les arbres et l'herbe blanche étaient de son fait, de sa création …
Et la première pensée de Chris fut : // Il descend de la Lune. //

L'impression de cet elfe – était-ce seulement un homme, ou bien une femme à la voix légèrement basse ? – semblait être la même que celle qu'il avait eut de la Prêtresse de la Lune, il y avait tant d'années, lors de la mort de son tuteur. Les elfes de Lunälis avaient fait l'honneur d'une cérémonie de bénédiction Lunaire au pauvre ermite qu'était Tarkh, et Chris se souvenait encore de cette nuit-là dans les moindres détails.
Et si l'aura de l'elfe devant lui était différente de celle de la jeune femme illuminée de rayon de Lune plus de cent ans auparavant, le sentiment que Chris en retirait était le même : un respect sans limite instinctif et presque inconscient.
Même son loup semblait charmé par l'homme face à lui. Lui qui était souvent méfiant face à des inconnus ne cessait de gémir de contentement en fixant l'elfe, comme s'il avait été un membre de la meute longtemps disparu et enfin retrouvé.

Mais soudain, un bol se présenta devant lui, soutenu par des racines.
L'elfe maîtrisait donc la magie de la Terre … Qui pouvait-il être ? Sa connaissance de l'Histoire du dernier siècle était bien trop mince pour permettre à Chris de supposer la moindre chose concernant l'identité de cet être extraordinaire. Il savait que le maniement des éléments, voire même de plusieurs à la fois, était très courant chez les elfes. Cet homme-là pouvait être n'importe qui.

L'odeur de la mixture contenue dans le bol parvint à ses narines. Une petite voix dans sa tête lui souffla que c'était tout de même le second breuvage inconnu qu'on lui faisait boire en moins d'une heure … Il ne put cependant s'empêcher de saliver. Cela sentait si bon !

« Une petite recette personnelle, cela devrait calmer le mal être de la téléportation et préparer ton corps au choc qui l'attend. »

La mention des effets de la magie lunaire lui fit légèrement froncer les sourcils. Que pouvait-il bien lui réserver s'il devait se préparer à un choc pire que celui de la téléportation ?! Il approcha le bol de son nez pour tenter de déterminer ce qu'il pouvait bien contenir.

« Aucune crainte à avoir, c'est une vulgaire soupe, » ajouta l'elfe en voyant son regard perplexe, « avec divers élixirs renforçant ton organisme et quelques plantes venant tout droit d'Elmenda. »

Ce détail lui fit écarquiller les yeux. « Elmenda » ? // C'est définitivement un elfe sylvain. // Le souvenir d'une leçon de son tuteur sur le monde lui revint. Tarkh, bien qu'ermite, savait des choses si invraisemblables et extraordinaires sur la magie et sur Rëvalïa que Raän et Chris en avaient souvent conclu que l'homme se faisait vieux et qu'il inventait des parties de ses leçons pour s'amuser. Lorsqu'il leur avait parlé de la terre de naissance des elfes, une immense forêt sacrée au delà des frontières de la chaîne d'Ayalamith, ils l'avaient écouté avec un léger sourire incrédule. On racontait que seuls les elfes nés sur ces terres avaient l'autorisation d'y retourner. La grande majorité des elfes de Lunälis n'avaient aucun droit d'y mettre les pieds.

Mais la voix claire de l'elfe face à lui le ramena à la réalité – si tant est que ce fut la réalité – et Chris haussa les sourcils à la mention du nom de Fujiin, le Sage des Vents, son professeur d'Artefacts. Il se souvint de la sensation d'écrasement qui l'avait assaillie lors du premier cours d'artefacts donné par le Sage, et cette pensée piqua de nouveau sa curiosité.

Qui était cet elfe pour assez connaître le Sage des Vents pour l'appeler par son nom ? Qu'avaient-ils prévu pour Christyän, si son corps devait se préparer à un tel choc que celui de supporter la magie lunaire ?
Les mots de Myrddin lui revinrent, et un soupçon de crainte le prit en repensant au Conseil des Sages. S'ils étaient tous des êtres lunaires, alors les rencontrer exposerait Chris à de fortes doses de magie lunaire, sans aucun doute …

Il recroisa le regard de l'elfe si particulier face à lui, et la confiance instinctive qui le prit à la gorge le surprit. Il n'avait aucune crainte face à cet homme. Son inconscient lui soufflait que quoi que ce bol contienne, il ne pouvait rien y avoir de néfaste pour lui. Cet homme ne voulait que son bien.

Il porta le bol à ses lèvres, et bu l'ensemble du contenu en quelques gorgées, se délectant du goût fuité. Un jus plus qu'une véritable soupe, s'il en croyait la température.

Une vague de soulagement le parcouru alors, et tous ses muscles se détendirent d'un coup.

Il laissa échapper un souffle incrédule, comme s'il n'en croyait pas ses sens. Comme si tout cela était si beau, si magique que malgré la confirmation que ce qu'il ressentait était réel, il ne parvenait toujours pas à y croire. « C'est … » Il semblait même à court de mot, lui qui parlait si peu, lui si était toujours si réservé et si détaché du monde.
Et pourtant, en cet instant, il voulait parler. Il voulait dire à cet être incroyable combien il était honoré d'être de le rencontrer. Il voulait lui dire à quel point sa simple présence l'emplissait de calme et de soulagement. Il voulait le remercier pour ce breuvage, pour cette « simple » soupe qui pourtant l'emplissait de sérénité.

Lui qui semblait toujours rongé par le chagrin, par le traumatisme de l'Abysse, lui qui souffrait de grave manque de sommeil depuis plusieurs mois déjà, lui qui était atteint de crises de paniques parfois sans déclencheurs extérieurs …
Il se sentait reposé, apaisé, comme revigoré. Comme si ces derniers mois de terreur et ses souffrances s'étaient soudain volatilisés, comme si les blessures de son âme s'était instantanément guéries.

Il eut un sourire émerveillé et ému en réalisant cela.

« Enchanté de te rencontrer. Arda, sage de la Terre, » reprit l'elfe.

Le loup-garou releva les yeux de la main tendue vers lui, n'ayant pas même remarqué que le bol avait disparu, osant plonger son regard dans les yeux bleus éclatants du Sage de la Terre.
Et une fois de plus, le sur-réalisme de la situation sembla le submerger.

« Vous êtes … »

Sa propre main se porta à ses lèvres, les couvrant totalement pour empêcher une exclamation de surprise peu virile de s'en échapper, alors qu'il effectuait un pas en arrière par automatisme.

Était-il l'ami du directeur qui l'avait surveillé ? Avait-il été surveillé par le Sage de la Terre en personne ?!

// Concentre-toi ! // sembla s'agacer la voix de Sirhc, sur un ton in-habituellement ému par la présence du Sage.

Il se reprit alors, inspirant profondément pour ravaler sa surprise et son émerveillement, avant de serrer délicatement et avec précaution la main tendue vers lui, comme si le simple fait de toucher le Sage de la Terre pouvait avoir des répercutions irréparables sur son être.

« Je- … heum- Je m'appelle Christyän, » répondit-il d'une voix légèrement tremblante sous l'émotion.

// Mais ça, vous le savez déjà, // rajouta son esprit.

Un sourire apaisant se forma de nouveau sur les lèvres d'Arda, et celui-ci sembla acquiescer sans pourtant bouger le moindre muscle. Les questions se bousculaient dans la tête de Christyän.

« Où sommes-nous ? » demanda-t-il avec hésitation en embrassant du regard le paysage autour d'eux. « Et pourquoi m'avoir … Enfin, je ne suis pas … » ajouta-t-il avec un mouvement d'épaule légèrement dénigrant.

Le sourire d'Arda ne s'effaça pas, pas plus qu'il ne s'élargit. Et pourtant, Chris fut certain d'y voir un changement, une lueur dans les yeux bleus, comme si l'elfe lui demandait : « Tu ne devines pas ? »

Il n'était qu'un élève parmi tant d'autres, pas même un héritier ou un descendant d'une noble famille. Il n'était qu'un orphelin sans lignage, et seules les recherches de son tuteur lui avait permis de connaître son nom. Pourquoi le choisir, lui ? Il n'était personne !
Mais soudain, les paroles du directeur lui revinrent : « Fujiin était persuadé que ceux qui avait subis l'Abysse, si ils arrivaient à vaincre leur trauma, pourraient devenir nos meilleures chance de la détruire. »

Voilà pourquoi Myrddin l'avait envoyé ici. Il le considérait comme assez prêt, et surtout comme volontaire pour combattre l'abysse.

« Je suis ici pour apprendre à combattre l'Abysse, » dit-il au Sage de la Terre avec un regard appuyé demandant confirmation.

Nul besoin d'une question. Cela semblait le plus évident.
Quant à sa première interrogation, un doute s'insinua en lui alors qu'il observait de nouveau l'environnement surprenant autour d'eux. L'immensité des arbres cachait toute vue au delà de l'éternelle forêt blanche. Pour avoir parcouru Astraël de long en large durant ses chasses, il savait qu'un tel lieu n'y existait pas. Mais encore une fois, cent ans avaient passés depuis la dernière fois où il s'était donné la peine d'explorer la forêt en entier, et la Chasse du Festival de réconciliation n'avait pas duré assez longtemps pour lui permettre de partir à l'aventure. Mais la forêt s'étendait également sur les royaumes de Karnevriath et d'Inyädris, avait-il appris en cours. Ils pouvaient donc se trouver dans un coin reculé d'Astraël.
Mais l'aura magique et sacrée du lieu ne semblait pas coller avec le caractère sauvage et primaire d'Astraël. Tarkh lui avait un jour parlé d'une plus petite forêt isolée au cœur des Grandes Plaines, au Nord du royaume. Étaient-ils dans ce « Bois sacré » dont personne n'osait approcher ?
Étaient-ils seulement encore à Edälia ? Une autre forêt, dans un des royaumes de l'Alliance ? Arda avait mentionné la terre sacrée des elfes, plus tôt. Peut-être étaient-ils à Elmenda ? Mais non, cela semblait impossible, seuls certains elfes avaient l'autorisation d'y accéder.

« Sommes-nous toujours à Edälia ? » tenta-t-il.

L'elfe eut alors un sourire amusé, et la même lueur comique brilla dans ses yeux. Peut-être se trompait-il, peut-être n'étaient-ils même plus sur Rëvalïa, mais dans un espace uniquement créé de magie ?

Un détail le frappa soudain, réalisant qu'il se trouvait seul, face à Arda.

Il réfléchit un instant aux autres rescapés de la bulle temporelle. Myrrh était trop fragile, trop douce pour se battre ainsi. Jacken semblait avoir moins de séquelles que lui, et avait récupéré de façon brillante. Mais il souhaitait oublier, et laisser derrière lui cette période néfaste.

« Suis-je le seul des rescapés à vouloir me battre ? » demanda-t-il alors, ne pouvant répondre seul à cette question.

Mais alors qu'il semblait arrivé au bout de ses réflexions, il se souvint d'une autre conversation : celle qu'il avait eut avec lui-même, avec Sirhc, avec l'incarnation de son pouvoir.
Et sans même qu'il ne la pensât, la question se formula sur ses lèvres d'elle-même : « Comment puis-je aider à combattre l'Abysse ? »
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Innen
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MessageSujet: Re: Les cauchemars qui me hantent ...   Les cauchemars qui me hantent ... Icon_minitimeJeu 17 Sep - 16:39

Après lui avoir serré la main, adressé un sourire et incliné légèrement la tête en guise d'ultime salutation et gage de respect, l'elfe sylvain se rassit, comme si le contact avec la terre lui manquait. Au moment même où il bougea son corps, l'arbre et le rocher changèrent de position, lui permettant de reproduire la même scène que tout à l'heure, à la différence qu'il se trouvait proche du garou en cet instant. Le changement n'était pas aussi brutal qu'une téléportation, il n'y avait aucune agression, comme si ces éléments naturels avaient toujours été présents. Les animaux se levèrent et rejoignirent les deux mages, formant un cercle, presque protecteur et levant leur tête à chaque fois que l'un des deux faisait le moindre mouvement. Amusé par les réactions du jeune homme, Arda répondit calmement à chacune de ses questions, le temps jouait contre eux, mais il ne désirait pas se presser, tout arriverait en temps et en heure. Christyän méritait qu'on lui accorde une attention suffisante, sans quoi il serait totalement perdu vu la tournure que prendraient les événements dans quelques minutes.

- Nous sommes dans l'endroit que vous nommez le Petit Bois, bien que je préfère son nom d'origine et beaucoup plus respectueux, Kronark'Deroth. La langue draconique est infiniment plus belle que celle des humains, mais si je devais traduire littéralement, je dirais...les fières écailles de la terre. Mon peuple le nomme sáma taurë ou esprit de la forêt dans votre langue. Il est là depuis des temps immémoriaux, bien avant la toute première académie ou même ma propre naissance et il restera là après ma mort. J'imagine que pour toi, il n'est que terre, feuilles et arbres. Allons Christyän, tu es toi aussi un enfant de la terre non ? Baisse toi, touche le sol et écoute et tu sentiras les battements de son cœur.

Descendant de son rocher. qui disparut immédiatement, ainsi que l'arbre, il s'assit en tailleur dans un sourire, puis ferma les yeux en touchant le sol. Au même instant, Christyän fit de même, sans s'en rendre compte, comme si il se sentait obligé de suivre le mouvement. Il ne s'agissait nullement de domination mentale, mais d'une sorte de charme naturel émanant de la présence du sage. Bien qu'ayant les yeux fermés, le jeune loup parvint à discerner tout ce qui l'entourait, arbres, animaux, herbes, feuilles, fruits, tout ce qui composait ce Petit Bois qu'Arda semblait tant apprécier. Le sage lui même apparaissait clairement dans son esprit, une forme immense d'énergie, encore plus impressionnante que lorsque Fujiin avait invoqué la magie lunaire pour la première fois. Il avait en face de lui un véritable océan de magie, il la voyait clairement, comme lorsque le professeur Bachiatari avait montré sa vision du monde lors du cours de contrôle de soi. Même l'académie semblait ridiculement petite à côté de l'essence du sage, pourtant, il ne sentit aucun malaise, comme si il la terre elle même le prenait dans ses bras, telle une mère veillant sur ses enfants.

- Plus bas Christyän, beaucoup plus bas.

Sa vision se concentra sur le sol, puis le traversa, comme si il plongeait dans de l'eau, observant les racines des arbres, quelques insectes et quelque chose de beaucoup plus imposant, d'immenses écailles de reptile. Petit à petit, il pu apercevoir de plus en plus de ces mêmes écailles et découvrit des ailes, des griffes, puis finalement le visage d'une créature ô combien légendaire, un dragon. Il était immense, au moins cent fois plus imposant que Thaxyl, qui tenait à peine dans l'académie. Christyän sentit son souffle, comprenant qu'il ne faisait que dormir pour le moment, un des tous premiers habitants de ce monde sommeillait sous ses pieds depuis tout ce temps. Malgré sa taille et sa puissance présumée, le souffle lui rappela une brise légère, caressant son visage et même si il semblait avoir succombé aux bras de Morphée, le dragon lui donnait la nette impression d'être pleinement au courant de sa présence, comme si il touchait son esprit et son âme. Puis vint un autre bruit, celui des battements de cœur de celui que le sage nommait Kronark'Deroth. Une autre vision apparut alors au garou, celle de la grotte et de l'épreuve du médaillon, son tout premier test lors de son entrée dans la précédente académie. Les battements de son cœur étaient déjà présents, comme une musique jouée à chacun de ses pas, ainsi qu'une sensation qu'il venait de découvrir quelques minutes plus tôt. Arda le regardait, il sentait la présence du sage dans cette grotte, à l'endroit même où le médaillon avait été placé pour lui. Myrddin lui avait dit que la personne qu'il devait rencontrer le suivait depuis bien longtemps, cette vision n'était peut être pas que son imagination. La scène disparut lentement, comme une onde présente à la surface de l'eau et il ouvrit à nouveau les yeux. Le sage, lui, se contenta d'incliner la tête, visiblement ravi du voyage qu'il venait d'offrir par sa simple présence au jeune homme.

- Tu es très réceptif, je ne m'étais pas trompé à ton sujet. Concernant le but de ta venue, tu es ici car tu en as fait le choix. Il n'y a pas de destinée, pas de vie écrite de toute pièce, tu es devant moi en ce moment, car tu le désirais. Je croyais en toi depuis que tu as croisé le regard de Milo Oracle, je t'ai vu à chacun de tes cours et j'ai tout fait pour aider Myrddin et Shitennô à te retrouver. Tu as su ne pas succomber à ton passé, résister à ce futur que tu ne comprenais pas et te voila aujourd'hui, vivant, plus en phase avec la terre que bien des elfes... devant moi. Il n'y a pas d'armée, pas de scénario où tes camardes formez une escouade pour venger les morts de l'abysse. Il n'y a pas de combat, il y a juste une leçon. Chaque action entraîne une réaction, tout choix a ses conséquences, je suis ici pour te guider et te conseiller, t'aider à faire le bon choix. Tu ne peux détruire l'abysse, pas plus que tu ne peux la tuer si c'était une personne. Pourquoi donc ? Car tu ne peux pas encore faire ce choix. Pour prendre cette décision, tu dois mesurer la portée de tes actes, comprendre qui elle est et il n'y a que toi qui soit en mesure de le faire.

Prenant une pause, le sage se leva et alla caresser du bout des doigts un de ces fameux arbres blancs. Étrangement, ce dernier sembla comme trembler, non pas par crainte, mais comme si ces caresses donnaient des frissons à cet être immobile depuis tant d'années.

- Cet arbre est le fils d'un arbre très ancien, créé par un peuple magnifique, aujourd'hui disparu. Magnifique n'est ce pas ? Son bois possède des capacités magiques extraordinaires, faisant passer la magie des elfes pour de simples tours de passe passe. Son simple contact soigne la plupart des maladies, apaise la souffrance et nourrit. Pourtant, il perd tout pouvoir si tu lui arrache un peu de son écorce, coupe lui une branche et il saignera, déterre une de ses racines et il succombera. La meilleure chose à faire n'est pas toujours évidente Christyän et la facilité n'est jamais la meilleure route à prendre. Laisse moi te raconter une histoire de mauvais choix.

Revenant s'asseoir, il prit doucement les mains du loup, caressant chaque ligne présente sur la paume de sa main. Ne le regardant pas, se concentrant uniquement sur ce qu'il touchait, tel un aveugle voyant avec ses doigts.

- Les elfes sont surnommés à tord, les premiers nés, mais nous ne sommes pas les premiers enfants de la lune, ni les plus purs. Nous partagions à l'époque ce privilège avec nos frères et sœurs vampires, je sais que tu les crains ou du moins que tu t'en méfies, mais ils ne sont pas bien différents des elfes. Nous étions la face visible de la lune, illuminant les autres races de lumière, les vampires étaient, quant à eux, la face cachée, des guerriers protégeant les autres espèces des horreurs du monde. Nous avions un équilibre parfait, mais une chose à tout changé, à détruit l'ordre instauré par la mère de toute chose, les humains. Pour eux, les vampires n'étaient que des monstres, ils ne comprenaient pas leur véritable nature et tu sais bien que ce que les humains ne comprennent pas... ils en ont peur. C'est la peur et la puissance incontrôlée des éléments qui ont fait naître la guerre des éléments et forcé mon peuple à intervenir, avant que la lune ne nous prive de nos pouvoirs. Si les humains pouvaient s’entre-tuer par la peur, ils pouvaient aussi s'allier et massacrer leurs voisins monstrueux. Le roi vampire a alors pensé que vu qu'ils ne comprenaient que la peur, il fallait qu'ils soient calmés par une frayeur encore plus grande. Les humains ont fait une terrible erreur de jugement, mais ce roi en a fait une plus grande. Nous devions intervenir, mais un autre choix désastreux allait faire son apparition, celui de notre chef, Fujiin. Il a jugé toute une espèce pour les choix d'un seul être, condamnant les vampires à un esclavage, le titre de monstre et la perte lente et douloureuse de leurs capacités. La femme de ce roi était une amie des elfes et une pacifiste, elle avait deux enfants, deux filles, l'une d'elle a été enfermée par ce même sage, l'autre...et bien tu l'a rencontrée dans un parc, craignant le soleil. Sa mère a été tuée en protégeant sa fille et tentant de reprendre le contrôle de son royaume par pression diplomatique, son père a été enfermé, son frère adoptif a été tué pour devenir une arme et sa mère adoptive massacrée pour dissuader les vampires de tenter quoi que ce soit. Son existence est un mensonge, elle vit depuis cent ans sans sa famille, son passé créé de toute pièce par une famille adoptive différente, puis oublie tout le soir de ses vingt ans... jusqu'à mourir effacée. Aujourd'hui, la lune l'a modifiée, en a fait une vampire capable de détruire les serviteurs de l'abysse, une arme. Elle ne le voulait pas et en souffrira toute sa vie. C'est une personne, non un objet, sa vie, ses choix, tout a été dérobé, car la lune craint l'abysse, car elle ne la comprend pas. Vois tu un autre scénario à cette histoire tragique ? Nous aurions pu enfermer le roi et passer le contrôle des vampires à la reine, l'abysse aurait pu même être évitée. Pourquoi Fujiin a fait ce choix ? Car il ne comprenait pas le père d'Ayla Morg, car il ne voyait pas le potentiel de sa mère, car il avait peur. Toi même, tu ne comprends pas l'abysse, ignore comment sa naissance a été réellement créée, peut être as tu raison de vouloir la détruire, mais peut être que la façon dont tu le feras, sacrifiera des vies innocentes, fera de nouvelles Ayla, au nom d'une guerre qui peut ne jamais se terminer. La lune a peur de l'Abysse, elle voit en elle, une menace à son règne et comme tout souverain, elle fera tout pour garder son trône. Ne la laisse pas t'utiliser comme une arme.

Relevant les yeux, le sage posa sa main sur les cheveux du jeune homme avec un sourire presque paternel.

- Je pense que tu peux briser le cycle Christyän, tu as au fond de toi quelque chose que ni la lune, ni l'abysse, ne peuvent comprendre. Qu'un professeur, un noble, un sage ou même une divinité te donne un ordre ou te fasse une demande, n'oublie jamais ceci... tu es maître de ton destin. Tu es responsable de tes choix, qui affecteront en bien ou en mal, ceux que tu connais et ceux qui croiseront ton chemin, ainsi que celui de tes compagnons. Il est temps, je t'ai préparé du mieux que je pouvais, la suite dépendra entièrement de toi. Laisse toi faire et essaie de te détendre.

De solides lianes sortirent du sol au moment où le sage finit de parler et attrapèrent le garou, l'accrochant avec force au sol.

- Sáma Taurë, il est temps.

Le sol bougea avec force et un grognement, ressemblant plus à un bâillement se fit entendre, Arda, quant à lui, se posa devant Christyän, lui aussi attaché par les mêmes lianes. Il ne se passa rien pendant un instant, puis le paysage changea à toute vitesse, l'immense dragon venait de prendre son envol. La puissance et la vitesse de ce dernier étaient tout simplement inhumaines, pourtant les deux enfants de la terre ne semblaient pas sentir de sensation autre que le fait d'être assis sur un siège volant. Les animaux étaient toujours présents, eux aussi attachés, le vent ne semblait pas être altéré, pourtant ils étaient en train de voler, passant à travers les différents royaumes en quelques secondes.Avant de s'enfoncer dans une immense brume, où il ralentit considérablement l'allure.

- Prépare toi à te réceptionner dans environ cinq secondes.

Peu de temps après cette phrase, les lianes disparurent dans le sol et le garou fut à nouveau téléporté, arrivant devant un immense escalier blanc, où l'attendait un jeune garçon. Entièrement habillé de blanc, les cheveux argentés, les yeux de la même couleur avec une pupille reptilienne, le nouvel acteur de cette pièce étrange lui tendit la main, comme pour l'aider à se relever. Son visage ne laissait apparaître aucune émotion superflue, il ne semblait pas être du genre à perdre du temps, s'amuser ou même se lamenter. A la différence de Myrddin ou même Fujiin, le loup pu remarquer clairement la magie lunaire qui l'habitait, tout son corps semblait en dégager, ce qui expliquait la "soupe surprise" d'Arda.

- Bienvenue sur Halda, surnommée par les ignorants, l'île des sages. Je me prénomme Hokmah, mais vos historiens doivent me connaître sous le nom de Phoenix. Je suis le passeur et porte parole de la lune au conseil des quatre, une sorte de médiateur vu que nous sommes rarement d'accord. Si vous voulez bien ne pas bouger une fois que vous seriez levé, cela m'arrangerait. Vous récupérer en morceaux serait problématique.

Dés qu'il fut debout, le garou vit le bâtiment, une sorte de temple, défiler à toute vitesse, comme si le sol bougeait pour les emmener dans la pièce souhaitée. Il se retrouva dans une immense salle, où se trouvait en son centre, un puits illuminé par une lumière typiquement lunaire. Autours de ce puits, se trouvait quatre fauteuils, bien que vides pour le moment.

- Les autres nous rejoindront dés votre retour, si vous voulez bien vous donner la peine de prendre place, la mère de toute chose souhaite vous parler.

Le visage toujours aussi sérieux, Hokmah lui fit signe avec une certaine politesse d'avancer dans la lumière. Christyän Maät, jeune garou, étudiant de la terre à l'académie d'Edälia, allait rencontrer la mère de toute chose, la lune en personne...
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Christyän Maät
Ràva
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MessageSujet: Re: Les cauchemars qui me hantent ...   Les cauchemars qui me hantent ... Icon_minitimeMar 22 Mar - 19:00

Lorsqu'il se réceptionna sur les dalles immaculées, Chris dû contrôler sa surprise, son choc et sa stupeur. Il se trouvait sur Halda, l'île des Sages, celle dont si peu de légendes parlait, mais qui n'avait pas échappé aux histoires racontées par son tuteur, dans sa plus tendre enfance.

L'escalier blanc grimpait devant ses yeux, comme infini, à la fois promesse et condamnation. Allait-il devoir en gravir toutes les marches ? Combien de temps cela lui prendrait-il ? Était-ce là l'épreuve pour se présenter devant les Sages ?
Mais alors qu'il échouait de plus en plus à retenir son appréhension, une main entra dans son champs de vision, l'aidant à se relever. Lorsque ses yeux verts plongea dans ceux de l'inconnu, le loup-garou dû retenir un sursaut.

Le jeune homme irradiait la magie lunaire, à un point où il en devait presque aveuglant, forçant Christyän à plisser les yeux de déconfort.
Hokmah, dit-il se nommer, et le nom qui suivit fit de nouveau perdre ses moyens à Christyän.

// Phoenix … //

Son éducation quasi-elfique par le vieux Tahrk le poussa presque à s'incliner devant le jeune homme, par instinct, mais la main tendue de celui-ci l'en empêcha.

La question ne cessa cependant de tourner dans son esprit :
// Vais-je rencontrer les Sages au complet ? Vais-je assister à un de leur Conseil, en présence du porte-parole de la Lune en personne ?? //

À cette pensée, il coula un regard vers le Sage de la Terre qui se tenait toujours à ses côtés, légèrement derrière lui, et se remémora ses paroles à la fois étranges et pourtant si convaincantes.

« Je croyais en toi depuis que tu as croisé le regard de Milo Oracle, »
avait-il dit à un Chris au bord des larmes, « je t'ai vu à chacun de tes cours et j'ai tout fait pour aider Myrddin et Shitennô à te retrouver. »

// Est-ce vrai ? A-t-il réellement veillé sur moi toutes ces années … Durant plus d'un siècle ? //

Mais plus encore, c'était l'histoire de son amie Ayla qui l'avait bouleversé, et avait ancré en lui une nouvelle détermination. Ayla semblait peu entourée, à l'Académie, mais le loup-garou avait toujours pensé que cela était dû à un choix, à une préférence de la part de la vampire de ne s'entourer que de nobles et d'élèves d'un certain rang.
Savoir ce qu'elle avait subi durant une vie presque aussi longue que celle de Christyän (malgré le siècle perdu dans l'Abysse), savoir combien elle avait souffert et ce qu'elle avait enduré … Un respect profond et une sympathie naturelle s'était immédiatement insinuée dans l'esprit du jeune homme, avant même la fin de la conversation avec le Sage Arda.

« Chaque action entraîne une réaction, » avait continué celui-ci, « tout choix a ses conséquences. »

Un vertige le prit soudain, le sortant de ses pensées. Le bâtiment immaculé défilait sous ses yeux, alors même que ses pieds restaient fixés sur le sol, immobiles. Le porte-parole de la Lune et le Sage de la Terre, debout de chaque côtés de Christyän, ne semblaient pas plus inquiétés que si le Temple s'était mis à flotter.
Toute cette magie lunaire baignant la zone ne les perturbait pas le moins du monde.

Cette pensée l'interloqua.

Lors du cours de Fujiin, Chris avait été exposé à une très faible dose de magie lunaire. Pourtant, son effet avait été particulièrement violent ; nausées, migraines, vision trouble …
Pourtant, alors que la magie lunaire venait littéralement lécher ses bottes, il ne ressentait qu'un léger mal-être, sans aucun doute lié au voyage jusqu'à l'Île.

Le paysage se stabilisa devant ses yeux, et une immense pièce blanche uniquement meublée de quatre fauteuils, en cercle autour d'un puits de magie lunaire – ni la lumière émise, ni la force de la magie ne laissa de doute sur ce point – se dessina devant ses yeux.

« Les autres nous rejoindront dès votre retour, » reprit soudain la voix claire du Phoenix.

« Mon retour … ? »

« Si vous voulez bien vous donner la peine de prendre place, la mère de toute chose souhaite vous parler. »

Le jeune homme lui indiqua d'un geste le puits de lumière au centre de la salle, et Christyän hésita, à la fois intimidé par la portée de la situation dans laquelle il se trouvait, effrayé par ce qu'il allait lui arriver, et immensément honoré d'être en la présence de la Lune elle-même.

Dans un coin de son esprit, la part de lui-même élevée par Tarkh dans les traditions elfiques et le respect profond de la Lune tressailli de bonheur et d'adoration.
Une autre part, cependant, se souvint des paroles d'Arda, quelques dizaines de minutes plus tôt.

« La meilleure chose à faire n'est pas toujours évidente, et la facilité n'est jamais la meilleure route à prendre, avait-il dit.

Était-il prêt à faire face à la Lune, à la divinité créatrice de son peuple, alors que la confiance déjà bancale qu'il pensait avoir en se présentant à Myrddin ce jour-là n'avait fait que s'effacer plus encore à mesure que le Sage de la Terre avait parlé ?
Était-il prêt à se présenter à Elle sans être sûr de pouvoir détruire son ennemie jurée, l'Abysse ?

Car c'était là ce que lui avait dit Arda.

« La lune a peur de l'Abysse, elle voit en elle une menace à son règne, et comme tout souverain, elle fera tout pour garder son trône. Ne la laisse pas t'utiliser comme une arme. »

Déglutissant, il força ses jambes à se mouvoir, et avança d'un pas toujours hésitant vers le centre de la pièce, se laissant baigner dans la lumière, la pression magique lunaire s'accentuant sur sa propre magie à chaque pas.
Légèrement tremblant, il finit par poser ses mains sur le rebord du puits, et pencha la tête vers l'intérieur du cercle de lumière, s'attendant presque à voir son reflet dans de l'eau claire.

Mais alors que ses yeux furent aveuglés par une lumière inimitable, et que le reste de la pièce disparaissait autour de lui, noyé dans la magie divine, une seule phrase d'Arda lui resta en tête : « Tu es responsable de tes choix, qui affecteront en bien ou en mal ceux que tu connais et ceux qui croiseront ton chemin, ainsi que celui de tes compagnons. »
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