Boris Jazz

Histoire

Fils d'un pirate qui était lui même fils de pirate et ainsi de suite pendant des générations, Boris a eu droit à une enfance régie par la violence, les pillages, les assauts guerriers sur les navires, les massacres et le meurtre, qui lui fit commettre son premier meurtre à l'âge de douze ans lors d'un abordage. Maniant le sabre depuis sa moins tendre enfance en s'entraînant avec son frère jumeau, il a perfectionné ses techniques au fur et à mesure des années sous la tutelle de son père et en affrontant tellement d'adversaires différents qu'il ne se souvient plus de tous ceux qu'il a tué, ce qui lui a valu à ses débuts plusieurs nuits blanches avant d'y devenir totalement indifférent. À l'âge de ses dix-sept ans, il était capable de tenir trois adversaires tout seul au sabre et même d'en blesser un, lui valant plus de notoriété et de popularité que son frère auprès de l'équipage, qu'il considérait comme sa famille. Il aurait pu vivre une vie remplie de piraterie, de sanglants assauts et de vices, mais la vie en décida autrement. Alors que l'Académie était détruite depuis longtemps et que les assauts des pirates sur le territoire se faisaient de plus en plus fréquents, augmentant les rivalités avec les bandits, l'équipage auquel appartenait Boris avait jusqu'à ce jour toujours mené une vie sur la mer, s'éloignant du territoire par soucis de rivalité avec les bandits. Malgré leur inculture flagrante et leur violence, les pirates qui entouraient Boris étaient une grande famille soudée et rien n'aurait pu laisser présager ce qui allait se passer. Un jour, suite à la mort d'un des leurs, un conflit éclata entre les marins : les uns, dont son frère, décrétant que la piraterie n'était plus ce qu'elle était et devenait trop dangereuse, qu'il valait mieux abandonner cette vie difficile pour se rendre sur le continent et s'y installer en profitant de l'absence de la magie. Les autres, dont le capitaine et son adjoint qui n'était autre que le père de Boris, rétorquaient que la piraterie ne pouvait se vivre sur mer et qu'ils auraient préféré mourir que de subir le déshonneur de quitter la piraterie et de salir leur lignée de pirates. Et il se trouve que c'est ce qu'il se passa, le soir même, alors que Boris n'arrivait pas à trouver le sommeil, il entendit des bruits de sabre et des hurlements, le genre de cri que l'on pousse lorsqu'on est totalement désespéré. Ne se doutant pas de la mutinerie, il soupçonna une quelconque attaque de bandits et s'empara de son sabre avant de pousser la porte de sa cabine. C'était forcément ça, ils étaient près des côtes et des imbéciles avaient du tenter d'attaquer le navire et ils étaient en train de se faire étriper. Il fut sans voix quand il découvrit le massacre qui avait lieu : sur le pont, ses amis, ses proches, tous étaient en train de s’entre-tuer pour cette querelle sans fondement. Il lui fallait faire vite et rejoindre le capitaine, ainsi que son père et son frère pour arrêter la bataille avant qu'il ne soit trop tard. Parant les coups de ses confrères et ne faisant que se défendre, il arriva non sans peine à la cabine du capitaine, dans laquelle on entendait des bruits de sabre. Ouvrant la porte d'un coup de pied, il fut témoin d'un horrible spectacle : le capitaine était mort, gisant sur le sol dans une marre de sang, une hache enfoncée dans le crâne tandis que son père et son frère étaient en train de se battre. En le voyant arriver, l'adjoint devenu capitaine par défaut baissa sa garde et subit un coup mortel de poignard, lui transperçant l'abdomen. Il n'en avait plus pour longtemps à vivre. Comment son frère, son propre frère qu'il avait toujours aimé et respecté pouvait-il faire ça ? Pourquoi ? Dans un accès de rage et d'une énergie sans nom, Boris se rua sur son frère et commença un combat d'une incroyable férocité avec lui. Aucune parole n'était prononcée, il régnait autour d'eux un silence de mort tandis qu'ils s'affrontaient dans tout le bateau sous les regards surpris des mutins, qui avaient tué le reste de l'équipage et qui n'osaient intervenir ou même parler de peur de déconcentrer l'un, stupéfiés par la violence dont ils étaient témoins. Le duel dura deux heures, deux heures durant lesquelles l'un comme l'autre attaquaient sans relâche leur adversaire, sans aucune faille dans leur garde. À force de reculer, Boris se retrouva coincé contre le mât et esquiva un coup de sabre de justesse avant de repousser son frère d'un coup de pied désespéré. Il allait mourir là où il avait vu le jour, sur ce navire, ou il prendrait la vie de son jumeau, l'un d'entre eux perdrait, il lui céderait la direction des mutins ou lui ferait payer ses crimes. Son regard divagua dans un instant de faiblesse et d'inattention sur le corps de son défunt père, qu'il avait laissé à l'agonie trop préoccupé par la haine qui l'envahissait. Le coup lui frappa le visage au niveau de l’œil, laissant une entaille profonde du côté droit tandis qu'il filet rouge en coulait et que son frère reculait. Il lui parlait ! " Tu as le choix Boris, me rejoindre et démarrer une nouvelle vie, ou mourir ici comme ces faibles. " Faibles ? Faibles ?! Comment osait-il insulter ces gens qui l'avaient élevé, avaient pris soin de lui et s'étaient toujours assuré qu'il soit entouré, protégé et nourri, des gens qu'il connaissait depuis plus de vingt ans ? Fou de rage et pris d'une énergie nouvelle, Boris se mit à bouger extrêmement rapidement, ignorant totalement sa blessure, il se saisit d'une torche sur le navire et commença à s'en servir pour parer les coups de son frère au fur et à mesure qu'il lui portait plusieurs estocades toutes plus douloureuses les unes que les autres. Sous les cris de douleurs de son frère qui le suppliaient d'abandonner, il se résigna à ôter sa vie, vengeant son père et ses frères d'armes par la même occasion. Les autres se ruèrent sur lui pour en finir : il aurait été trop dangereux de le laisser en vie, déterminé comme il était il aurait pu tous les traquer et les éliminer pour leur faire payer cette mutinerie et le sang inutile versé, et d'un autre côté ils devaient à leur tour venger la mort de leur chef. En une poignée de secondes, Boris leur porta à tous un coup mortel, se déplaçant à une vitesse folle, hors de lui et dans un état second, un mélange de désespoir, de peur, de haine et de fatigue qui lui valait un non sens total, n'ayant plus le contrôle de lui même. Les derniers souvenirs qu'il a sont sa chute à l'eau, serrant son sabre contre lui, la tunique couverte de sang, le sang de ceux qu'il avait toujours aimés et le sang de son frère, et perdant connaissance. Il estime avoir sans doute dérivé par les nombreux fleuves d'Edälia, puisqu'il s'est réveillé sur une rive un matin, ne sachant plus où il était ni comment il était arrivé là. Il ne savait qu'une chose : Il lui fallait redémarrer à zéro, monter un nouvel équipage de pirates aurait été trop dangereux et peu sûr, il devait se résoudre à arpenter le continent, mais pas comme son frère le voulait, non, il démarrerait une vie nouvelle, gagnerait sa pitance loyalement. Mais il lui restait encore à trouver comment.

" J'ai réalisé que j'étais mort le jour où j'ai perdu mes frères. Il est temps de renaître et de démarrer une nouvelle vie"