Elua Naas

Histoire

Histoire - 500 mots mini
JOURNAL INTIME D'UN ROUX :

Mon nom est Elua, Elua Naas. J'ai actuellement 17 ans, et je m'apprête à rentrer dans l'académie d'Edälia.

Vous qui lisez ceci, n'allez pas croire que je suis une de ces filles adeptes du journal intime pour y faire de grandes déclarations lyriques et pleurer l'injustice d'un amour non-réciproque. Je ne le dirais qu'une fois : mon but est de consigner dans ce carnet l'histoire. L'histoire telle qu'on me l'enseigne, l'histoire telle que je la vois, telle que je la ressens.

Pour commencer, j'ai jugé important de relater mon histoire, c'est-à-dire ma vie; du commencement jusqu'à aujourd'hui.
L'histoire commence dans un des nombreux villages trop petits pour être répertoriés sur la carte, en bordure du royaume, à la lisière de la forêt Astraël. Une chaumière, un champ, un homme dans la force de l'âge et moi. Cet homme, c'est un simple fermier qui m'a recueilli, du nom d'Edwin. Je n'ai jamais su pourquoi il vivait seul, mais je suppose qu'il eut une femme un jour. Quoiqu'il en soit, il y eut sûrement une tragique histoire de cœur dans sa vie, car je ne saurais expliquer son caractère asocial autrement.  En regardant ses traits, on sait tout de suite que lui et moi n'avons aucun lien parental. Mais qu'importe qu'il ne soit pas celui qu'il devrait être, car les premières années de vie se déroulent dans le labeur de la ferme et un bonheur relatif.

A cet âge là déjà, je me montre curieux et je pose à voix hautes toutes les questions qui me viennent. Cela à le don d'agacer Edwin, qui préférerait s'emmurer dans un silence mutuel plutôt que d'avoir à me répondre par bribes. Mais comme nous sommes seuls, il finit toujours par tout m'expliquer. Au fond, je crois que cela ne le dérange pas tant que ça...


Il est de ces moments clés dans une existence qui nous mènent à un choix. S'il s'était tu, qui sait ce à quoi mon futur aurait ressemblé ? Toute ma vie je me souviendrai de ce jour...

Plus le temps passe, et plus je m'ennuie à la ferme. J'ai 10 ans, et je sais à peu près tout ce qu'il y a à savoir dans le coin. La seule compagnie d'Edwin se fait de plus en plus ennuyeuse, et même si je ne lui en veux aucunement, j'ai envie de découvrir le monde. Cela fait des mois que je formule des prières muettes pour que quelque chose d'inhabituel se passe enfin.
Et voilà que mes vœux sont exaucés.
Au loin, j'aperçois un convoi d'humanoïdes pleins de grâce. Allez savoir pourquoi, mais mon instinct me souffle qu'ils ne sont pas comme Edwin et moi. Humains, j'entends. Bien évidemment, ma curiosité, volcan endormi depuis trop longtemps, jaillit soudain en un flot de questions intarissable par ma bouche. La grimace sur les traits de mon père adoptif en dit long sur mon agitation croissante. Jamais je ne saurais ce qui l'a motivé ce jour là, mais voici ce qu'il me dit après de longues minutes d'interrogatoire : « Elua, écoute. Ce que je vais te dire est important, mais avant tout, sache que je t'ai élevé comme on élève son fils. Je.... ne suis pas ton père. » Venant de lui, une phrase de plus de dix mots était déjà un miracle, alors je savais à ce moment qu'il était on ne peut plus sérieux. « Tes... parents, ta mère, elle est venue ici lorsque tu étais bébé et elle t'a confié à moi. Ceux que tu vois là-bas, ce sont des elfes sylvains, et elle était des leurs. Et ton père, lui, était humain. » Edwin soupire, et moi, je suis ébahi. Je sais à son regard qu'il n'en dira pas plus pour l'instant. Pour une fois, je reste muet, même si mes yeux brillent plus que de coutume. Mon regard s'accroche au convoi, jusqu'à ce qu'il disparaisse au loin, et je reste là à regarder l'horizon longtemps encore, avant d'aider Edwin avec la ferme.


Quelque chose à changé entre nous, c'est certain. Dans l'égoïsme de mon adolescence, mon intérêt pour Edwin est délaissé au profit de celui pour les géniteurs que je ne connais point. J'apprends par ailleurs que mon père est un noble d'Edälia et que ma mère se prénomme Lùdmilla Agaethií, mais ce sont là les seules informations que j'aie pu extorquer d'Edwin depuis le fameux jour. Ma soif de réponses est de plus en plus grande, et je rêve de partir pour la capitale. Ici, mon destin est scellé. J'aime Edwin, mais je sais qu'il ne peut m'apporter plus que ce que j'ai déjà. J'ai besoin de savoir, où sinon je sens que je vais imploser.
Cette décision de partir mûrit en moi, et j'aborde ce sujet avec Edwin quelque mois avant ma quinzième année. Il soupire, car il sait que quoi qu'il dise, ma décision est déjà prise, et donc il me donne sa bénédiction. Je reste encore avec lui jusqu'à mes quinze ans, rongeant mon frein, et le jour venu, je fais mes bagages, embrasse fort l'homme qui m'a élevé et me voilà parti sur les routes de l'aventure.


Edälis est une cité magnifique.  Depuis le jour où je m'y suis installé à aujourd'hui, à mes yeux elle n'a rien perdu de sa splendeur. Voilà deux ans que je suis sur place, mais avant d'expliciter l'évènement majeur qui va bientôt arriver, je vais relater les passages essentiels manquant à l'histoire.

Sur ma route, j'ai rencontré bien des gens, mais peu qui soient fiables. J'ai traversé les contrées d'Edälia, m'arrêtant là où je le pouvais et proposant mes services là où il y en avait besoin en échange de repas comme bon nombre de saltimbanques.

Lorsque je suis arrivé, j'ai épluché tous les endroits susceptibles d'embaucher quelqu'un dans mon âge, pour un travail manuel. Coup de chance, à la fin de la première journée un tavernier aimable me prit sous son aile, reconnaissant en moi ses jeunes années. Me voilà embauché, nourri, logé en échange d'aide en cuisine le soir et le midi. Satisfait, j'imaginais déjà mes journées pleines de découverte dans cette si grande ville en comparatif à la chaumière où j'ai grandi.
Cependant, ma déception allait grandissante car je ne glanais pas grand-chose, et finalement j'avais si peu de temps à ma disposition ! En un an, j'ai appris le monde tel que le voient les gens, discutant le plus souvent avec les habitués de la taverne, ou écoutant discrètement des conversations confidentielles au coin d'une table. Autant vous dire que je n'ai rien appris sinon les potins du quartier. Parfois, j'ai eu l'audace de m'approcher de nobles et de les espionner dans l'espoir d'apprendre des choses qu'un garçon comme moi ne devrait connaître, mais rien. De toute manière, concernant les véritables réponses que je suis venu chercher ici, il est évident qu'à part faire des blagues racistes sur les elfes, les alcoolos de la taverne n'ont rien d'autre à m'enseigner sur mes origines, et je me garde bien de leur en faire part.
Plus le temps passe, et plus je compris qu'ici je n'apprendrai rien. On en vient donc à la décision importante que je viens de prendre : j'irais m'inscrire à l'Académie. Elle vient de rouvrir, et tout le monde en parle en ville. J'ai l'âge requis, et j'ai encore tant de choses à apprendre ! J'ai mis de côté mes questions sur mes origines au profit de questions sur le monde. De ce que j'ai vu lors de mon voyage, je suis un ignare. Quels sont les paysages que j'ai traversé? Quelle est leur histoire ? Comment poussent les arbres ? Ou encore pourquoi le vent souffle ? Tout cela m'intrigue, et je bouillonne d'excitation à l'idée d'en connaître les réponses. Quelle sagesse doivent avoir les hommes qui enseignent là-bas !  
C'est décidé. Au revoir Edälis, et Bonjour l'Académie !  

ANECDOTE(S) :

J'ai quinze ans  et demi et je suis sur ma route vers la capitale. Il fait nuit, et je ne suis que de passage dans une taverne comme une autre, embauché pour la plonge en échange de pain et d'eau. Ce n'est pas le cas de tout le monde ici; bien des clients ont le nez rosi par l'alcool, et même sans cela on devinerait qu'ils en ont bu lorsqu'ils s'esclaffes pour un rien. Un jongleur à peine plus âgé que moi amuse petits et grands dans le même but que moi, mais là n'est pas le sujet. Un client plus bourré que les autres m'aperçoit, et dans sa bêtise m'interroge sur la couleur de mes cheveux. Apparemment, le rouge flamboyant de ma chevelure serait intriguant. L'homme m'insulte car je l'ignore, et même si je sais qu'il n'est plus totalement maître de lui, je suis piqué au vif. Je contre-attaque, disant qu'à ce moment je ne saurais dire qui est le plus rouge de lui ou de moi, et que je m'étonne qu'il ne fasse pas encore un coma éthylique. D'une violence et d'une rage soudaine, l'homme se lève en bousculant chaises et clients pour m'attraper par le col. Hors de lui, il fracasse sa choppe sur ma tête et me lâche ensuite, car les autres gens interviennent alors. Sonné, je trébuche, je tombe, et je m'esquinte l'œil droit en atterrissant tête la première sur les débris de la choppe. Voilà donc d'où me vient mon bandeau. Mon œil est plus ou moins valide, même si décoré d'une vilaine cicatrice qui me rappelle qu'il vaut parfois mieux se taire. Depuis lors un bandeau cache mon œil, par souci d’esthétique.