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 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]

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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeMer 28 Mai - 23:14

Durant l'attente qui précéda le sortilège nécrotique du professeur Bachiatari, Theyne se contenta d'observer le dragon qui lui rappelait celui qu'il avait sauvé il y avait plus de deux semaines.. Et lorsque la magie advint, il fut pris de court par la spontanéité de l'attaque ainsi que par sa vitesse, comprenant que la moindre tentative de renvoi du sort aboutirait certainement à un échec. Yuko elle-même ne faisait rien pour éviter de mourir.

Si le mage de l'esprit pensa à moult stratégies pour essayer de la sauver, il ne ressentait pas de pulsions meurtrières de la part du Célestin, ce qui ne le rassurait pas totalement lorsqu'il considérait son ignorance des membres de ce peuple.
Et puis, le véloce projectile se transforma en un mur protecteur et tranquille. En pleine course, ce que le maître de l'Esprit n'avait jamais vu faire par d'autres mages, et qu'il n'avait pas réalisé, se contentant la plupart du temps d'annuler ses sortilèges et d'en lancer d'autres. L'absence de sorts offensifs à la disposition de Theyne ne le détachait pas de l'exploit, car il avait ressenti, au fond de lui, quelque chose d'indéfinissable qu'il n'avait jamais approché auparavant lors de cette manifestation de pouvoir.

Tout partit, et le professeur d'Ombre indiqua que cela était l'action du dragon. Pensif, celui d'Esprit s'était contenté de les observer, approchant doucement sans quitter l'ombre des arbres sans mot dire. Cela fit naturellement qu'il était assez proche lorsque l'Abysse se dévoila.
La magie lui ayant accordé des sens surnaturels, il les employa aussitôt pour tenter de déterminer ce qu'était cet étrange liquide qui pouvait vraisemblablement résister aux pouvoirs draconiques. Ainsi lui fut révélé un chaos innommable qui le paralysa avant même que les voix émergent et que la lune ternisse. Les éléments semblaient s'entrechoquer et être comme aspirés par ce qui était assurément plus maléfique que la plus vile nécromancie, que le plus noir pacte démoniaque, que le plus sournois poison. Tétanisé un temps devant cette création monstrueuse, devant les cris horribles qui résonnaient et lui rappelaient les râles de blessés de guerre rangés dans un couloir qui patientaient par centaines, auxquels s'ajoutaient lamentations des proches sur les morts et injures blasphématoires, il fallut au centenaire tout son calme pour rester immobile et continuer à respirer. Lorsque Thaxyl attaque, il se contenta ainsi d'observer de toute son attention ce qui se passait, ignorant les autres informations qu'il pouvait enregistrer, et fut réellement surpris de voir qu'en effet, l'Abysse
dévorait cette magie qui devait pourtant annuler toutes les autres.

Aussi, le dhampire fut certainement l'un des plus joyeux du lot lorsque le bandage fut remis en place, car il devait être l'un des seuls (à ne pas y avoir séjourné) à avoir eu conscience du carnage qu'était l'Abysse, et il en éprouva de la sympathie pour celui qui, encore plus lui, était savant à ce sujet et avait pourtant décidé de la transporter.
Car il apparut assez rapidement aux yeux de tous que le Célestin voyait réellement les éléments, plus encore qu'un maître de l'Esprit qui pouvait voir la magie, et donc les éléments mis en œuvre. Lui, cependant, les voyait à l'état latent, à l'intérieur même de leurs propriétaires.

Lorsque Theyne comprit que tout le monde pouvait le voir tel qu'il était sur le plan élémentaire, il en ressentit une certaine gêne, ayant passé sa vie à se cacher sur différents niveaux, et voyant cela reflété jusque dans son lui profond. Plus encore : le serpent représentait Perséphone, et il était assez malvenu qu'il soit visible de tout le monde. Ainsi, il recula prestement mais sans montrer de hâte jusqu'à un angle mort pour la majorité des élèves, derrière un des arbres de l'académie, le temps que la vision s'estompe.
Il avait cependant déjà vu auparavant des choses telles que les vagues colorées émises par le professeur Bachiatari, ce qui indiquait que sa capacité ne devait pas être si éloignée de la sienne. Juste moins puissante, moins travaillée... cela certainement dû à l'ignorance d'un facteur clé.

Un facteur qui semblait être... une personnification de l'élément.
Comment aurait-il pu ne jamais le voir en un siècle d'apprentissage et de perfectionnement ? S'agissait-il d'une métaphore ? Si tel était le cas, il lui semblait avoir atteint ce point : il évitait d'utiliser son élément si cela était possible, le respectait et savait qu'utiliser la magie ne devait pas se faire à la légère.


À ce moment là, tandis que tout le monde en venait finalement à se calmer - notamment pour réfléchir aux énigmatiques paroles du professeur de contrôle de soi - le célestin tomba au sol, crachant du sang. Le temps de contourner l'arbre, de repousser ceux qui étaient dans le chemin et s'approchaient alors qu'ils ne pouvaient rien faire, le bandage qui retenait l'Abysse était noir et une barrière avait été érigée par une forme féminine qui semblait établir que ce qui aurait pu être une métaphore n'en était pas une.

Le guérisseur assista alors à l'arrivée du géant Fujiin et l'observa rafistoler le blessé, vit sa dispute avec l'Ombre de ce dernier qui semblait étrangement possessive. Le cours put alors reprendre lorsque l'esprit lunaire disparut.
Il était à présent évident qu'il n'y avait pas la moindre image, et que le pouvoir était plus vivant que jamais le maître de l'esprit eu pu le conjecturer. Se préparant à méditer, un mauvais pressentiment le prit.  






Une brume. Tout n'était que brume, dans un monde étrangement vide.
Sæpty était habitué aux projections mentales et avait souvent fait ce genre d'exercices. Cependant, en un siècle, jamais il n'avait tenté de se diriger directement vers l'élément d'une personne, s'arrêtant aux effets et délaissant la source, considérant la Lune comme seule responsable des pouvoirs. Il lui fut alors aisé de se concentrer sur sa respiration et de délaisser son corps, et d'aller à l'intérieur de lui quand il aurait pu conjurer son pouvoir pour revêtir une forme spirituelle et vagabonder en pensée.

Cet univers semblait fort humide, et il était facile de s'y embourber ; le brouillard était épais, et se mouvoir était compliqué. Des ombres surnaturelles se détachaient ci et là, toutes de tailles différentes, comme s'il n'y avait pas la moindre véritable lumière.

Le dhampire s'attendait à trouver une personne sage et sereine, capable de guérir. Il s'apprêtait à remercier le seul être qui lui ai été fidèle depuis la chute de l'académie, le remercier de l'avoir accompagné sans rien dire et lui proposer de rejoindre la lumière du jour. L'idée de consacrer son temps aux arcanes vampiriques semblait presque futile lorsqu'un pan entier de la réalité magique se dévoilait et démontrait l'ignorance de celui qui s'était cru savant.

Une douleur particulière prit cependant l'aventurier psychique, comme deux poignards s'enfonçant dans sa gorge. Le contact avec l'être qui l'avait provoqué cessa aussitôt.
Il s'était téléporté. Non : ils s'étaient téléportés, chacun.

Mais dans des directions opposées. Du sang coulait, ce qui était fort incongru dans une dimension mentale. Et quelqu'un s'en était rassasié.

Un mouvement rapide, digne d'un assassin. Seuls la vitesse de réaction surhumaine du mage lui permit de survivre à cet assaut qui devait mêler force et sournoiserie. Nulle parole n'avait été échangée.

Au prochain passage de l'être, Theyne était prêt et le saisit, mais la forme s'envola soudainement, devenant intangible et échappant à l'emprise du sol le temps d'un battement de cil. Il s'agissait d'une dhampire. Non, il s'agissait d'un vieille elfe. A moins qu'il ne s'agisse d'un enfant vampire ? Les ombres projetées évoluaient sempiternellement, et le brouillard s'épaississait, prenant des tons plus sombres.

Ce jeu continua un temps. Il était possible au dhampire de voir un éclat rouge au loin, à intervalles de temps de plus en plus rapprochés, mais son attention était focalisée sur le danger immédiat. Qu'il s'agisse d'un test de la part de son pouvoir ou d'une animosité féroce, il n'en savait rien.
Un projectile fut lancé, et arrêté d'un ordre mental. Un bouclier se leva pour contrer une attaque, et lorsque la cécité prit l'un des combattants, l'autre se repéra à l'ouïe.
Au bout d'un temps certain, il fallut cependant que tout cesse, et pouvoir et individu se trouvèrent à terre, épuisés.

Le corps qu'il voyait à présent se transformait continuellement, que ce soit par illusions ou dans les faits. Une chose demeurait constante : la haine qui rougeoyait dans ses yeux, et qui demeurait malgré les phases d'invisibilité par lesquelles le péril passait.
Ainsi que les écailles rouges qui résistaient à tous les changements et s'étendaient sur tout le bras droit de l'Esprit manifesté.

Que veux-tu donc ?

Que tu choisisses ce que tu es. Que tu cesses de vouloir me tuer, car tu m'as sacrifié(e) après avoir rejeté tes instincts toute ta vie, et car nul être dans l'Académie n'a passé un pacte tel que tu l'as fait.

Les écailles...

Perséphone. Elle me dévore, et c'est cela qu'elle voulait dire lorsqu'elle voulait "apporter la paix à ton esprit".

Je ne te savais pas vivant. Pourquoi ne m'avoir rien dit ? J'aurais du te voir, avec mon niveau.

Tu fuis mes reproches. Cela aurait pu ne pas être le cas. Il se peut que je me cachais, naturellement, comme tu t'es tout le temps caché à toi-même.

Je suis désolé. Qu'es-tu ?

A la base, un vampire, car des enfants de la nuit vient ta capacité à maîtriser l'esprit. A la base, une humaine, car la race des hommes t'a donné l'inventivité nécessaire pour continuer. Tu ne le sauras certainement pas.

Tu éveillais mes instincts.

Tu m'as rejeté(e).

Je cherche l'Harmonie. Nous aurions pu l'atteindre ensemble.

Je ne peux accepter la paix avec une personne qui ne s'accepte pas elle-même. Qui a peur, et qui a tellement peur qu'elle est devenue autre consciemment, sans même croire qu'elle n'est plus la même.

J'ai grandi.


Silence. Finalement, le pouvoir anonyme prend la forme d'un jeune Sæpty couvert d'écailles de serpent rouge au niveau du bras. Torse nu, il révèle qu'elles ont également recouvert son dos.

Elle m'aura bientôt, puissante comme elle est. J'imagine qu'en temps normal, je lui aurai laissé la place, étant donné qu'il s'agit de notre mère. Mais... tu devais savoir. J'ai tenu plus qu'aucun autre pour pouvoir te rencontrer. Que tu saches.

Je sais. Et je sais que tu seras toujours en moi, quoi qu'il arrive.

Tu ne sais rien.


Les yeux du jeune dhampire fixent sa version adulte avec une haine teintée de peine. De lassitude. Et de mépris.

Tu as fui, et tu as joué aux apothicaires avant de rejoindre les elfes. Tu as abandonné le peuple parmi lequel tu as passé ton enfance. Aussi, toi qui a accumulé les noms ; Sæpty, Theyne, Sylveniel, et Lyrod, pour n'en citer que quatre, tu ne sauras jamais ce que j'étais réellement, car j'ai fini par ne plus le savoir.

Si tu as assisté à tout, tu dois me comprendre. Je t'ai protégé en ne retournant pas d'où je venais.

Ne prétends rien. Tu m'as condamné(e), et tu n'as jamais pensé à moi.

Tu ne m'as jamais laissé penser à toi.

Et tu n'auras plus jamais à le faire, même si tu le feras sans doute. Je sais que tu penses que je suis tout ce qui n'a jamais grandi en toi, et que tu as bien mûri, mais je pense que tu as tort.

Tu as alors raison.


Le magicien était confus, ayant découvert qu'il avait certainement détruit une partie de lui-même en faisant un serment de protection. Il devrait certainement demeurer dans l'ignorance du nom de son pouvoir jusqu'à la fin de ses jours, qui devraient être fort longs.

Perséphone m'a demandé de faire confiance au Célestin. J'irai le voir et lui exposerai mon problème, afin qu'il m'explique si je peux te sauver.

Pour vivre avec tout ce dont tu as voulu te débarrasser ?

Pour ne pas te sacrifier. Car tu m'as protégé un siècle, et car je te dois tout sans jamais avoir pu te remercier.

Un moyen de me remercier serait de partir. Tu peux revenir tant que tu le souhaite.

Je ne tarderai pas.



Theyne se réveilla. Ce qui lui avait semblé durer une éternité avait pris au demeurant peu de temps, et un certain nombre d'élève peinait encore à simplement commencer à méditer. Le coeur lourd de nouvelles, il observa le professeur Bachiatari, qui devait déjà supporter l'Abysse et était pour l'instant dans son lui intérieur.

Observant le sage Thaxyl, il sut vers qui se tourner pour régler son problème, et lui envoya ce message par télépathie :


"Grand dragon. Je sollicite votre assistance, car ce qui est pour moi un évènement inédit ne pourrait aisément se résoudre sans le secours d'un être aussi ancien et sage que vous. Il semblerait que j'ai livré mon pouvoir à une entité qui va prendre sa place lors d'un pacte, mais je ne désire cependant pas que sa personnalité, que son essence disparaissent, quand bien même cet être s'évertue à vouloir se faire passer pour mes parties les plus viles. Que puis-je selon vous faire ?"
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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeJeu 29 Mai - 2:23

Après cet série d'événements rocambolesques, me voilà avec mes camarades, à devoir méditer et à trouver dans mon esprit ou dans mes pensées, que sais-je, une sorte de manifestation de mon pouvoir !
Qu'à cela ne tienne, je m'y emploie de ce pas, pas le moins du monde convaincu de trouver quoi que ce soit. Avec le cours d'élément, j'étais parvenu à trouver le vent dans mon esprit, pourquoi ne pas chercher de ce côté-là dans ce cas?
Je m'isole du reste du monde, tentant de trouver assez de concentration et d'imagination pour faire apparaître ce qui sera pour toujours mon compagnon dans cette longue aventure que sera ma vie.

Bien évidemment et sans grande surprise, mes premières tentatives sont infructueuses et rien d'autre que des images aléatoires n'apparaît dans mon for intérieur.
Je devrais sans doute être plus décontracté ou du moins plus "croyant". Même s'il faut que je me rende à l'évidence: je ne crois pas un instant qu'un autre être que moi puisse demeurer dans mon corps sans que je ne m'en sois aperçu jusque-là, même dans mon esprit ou dans mon cerveau et j'en passe.
Pourtant, au fur et à mesure que l'exaspération me gagne, les images défilent, de plus en plus vite, me permettant de voir une succession de souvenirs.
Le départ de la maison, la fierté de mes maîtres, les encouragements du doyen. Même si tout cela s'est fini de manière tragique, je dois admettre que je commençais à me sentir bien là-bas, malgré la lassitude et mon envie de liberté.
Une fois de plus, je me retrouve sur le sommet de la tour, admirant la vue du couchant et attendant que les derniers rayons caressent mon visage avant de disparaître jusqu'au lendemain.
Les ténèbres prennent place, et tandis que je pensais retourner à la réalité pour voir l'avancement des autres élèves, une main agrippe mon épaule violemment, et me fait faire volte-face.

Une silhouette m'apparaît: sombre, avec des contours flous assez mal définis mais une apparence générale me faisant étrangement penser à ... ma propre personne.
Une fabulation de ma part sans doute. Pourtant, à travers cette noirceur brumeuse, des yeux bleus me scrutent. Ils sont sévères, accusateurs.
Elle s'approche, lentement. Un léger ricanement rompt le silence et me glace le sang.

-Regardez qui voilà, mon cher Zéphyr!

Cette voix... je ne la connais que trop bien.

-Oh! Tu viens de comprendre? Bien... Tu n'es peut-être pas aussi irrécupérable que je le pensais.

Il me nargue, me provoque, mais je garde le silence. Sans doute pour me convaincre que tout cela est bien réel et que je ne me suis pas assoupi dans l'herbe depuis le début.

- Je retire ce que j'ai dit. Tu es un cas désespéré mon pauvre ami. Me prendre pour un rêve est terriblement vexant et affligeant de stupidité.

Le ton est donné. Il lit dans mes pensées... Tout cela me paraît bien compliqué.

-Venant de mon "jumeau spirituel", je dois admettre que la télépathie me paraît plausible, surtout si tu te terres dans mon corps depuis toutes ces années.

-Ne m'insulte pas. Je ne suis pas toi. Je suis l'incarnation de ce que tu aurais pu devenir si tu étais resté là-bas. Un assassin fier, haut-placé, puissant, possédant un don des plus meurtriers.

- Je vois. Je ne sais pas si tu es à la page, mais je possède un don de guérison, alors le côté meurtrier sonne un peu comme de l'ironie pour moi.

-Parce que tu crois que ça m'enchante de t'avoir affublé d'un don pareil?! Il est tout à fait inconcevable et ridicule pour un assassin de posséder un tel pouvoir. Non... tu devais posséder un don mortel. Le pouvoir de tuer par le toucher, d’infiltrer un poison insidieux dans le corps de l'ennemi.
Bien évidemment, il a fallu que ta stupidité s'en mêle. Ton pouvoir a pour ainsi dire changé de direction le jour de l'épreuve finale. J'ai dû te sauver la peau. Avec du recul, j'aurais préféré te laisser te vider de ton sang plutôt que de devoir modifier la caractéristique primaire de ton pouvoir.
Changer la mort par la vie. En voilà une idée saugrenue n'est-ce-pas?
Mais je ne compte pas laisser les choses telles quelles rassure-toi! Ton don retrouvera sa forme d'origine progressivement au moindre faux pas. Car si ton pouvoir de guérison peut grandir et s'épanouir, c'est uniquement grâce à ton comportement de ces derniers temps. La bonté, la compassion, l'empathie, ces sentiments permettent à la lumière d'atteindre ton cœur. A contrario, toute mauvaise action ou sentiment négatif fera pencher la balance de l'autre côté. Tu connais mon avis sur la question.
Tu n'as rien à faire ici. Tu dois retourner à la maison. Ta vraie maison.


Ne me laissant pas le temps de répondre, il esquisse un geste de la main et me renvoie dans la seconde qui suit dans le monde réel.
Voilà de quoi me faire réfléchir et méditer pendant de longues heures... Pourtant, je sais que je dois le revoir. Il est loin de m'avoir tout dit sur mon pouvoir et je ne compte pas laisser notre discussion en suspend.
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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeJeu 5 Juin - 10:32

Myrrh observait et écoutait le professeur avec attention. Et ce qui suivit lui échappa quelque peu. Une boule de feu, une vague de flammes et... Plus rien... Par l'action de Thaxyl. Les yeux ronds comme des soucoupes la garoue fixait le duo devant elle, complètement captivée.

- Pourquoi ai je besoin d'un dragon comme assistant ? Car Thaxyl est un dragon primordial et donc un maître en magie draconique, une magie dissipant dans le calme toutes les autres magies, même la magie lunaire. Toutes...exceptées celle ci. 

La garoue hocha la tête, contente d'apprendre quelque chose sur l'immense reptile mais ses yeux ne restèrent pas longtemps sur la créature... Ils allèrent se poser sur le bras du célestin. Elle regarda le professeur retirer peu à peu son bandage et au fur et à mesure que le temps passait elle sentait l'expression de son visage se décomposer. Des hurlements, des cris déchirèrent rapidement le calme de l'Académie, la Lune perdit de son éclat... Myrrh mit du temps à réagir, elle observa un moment les élèves autour d'elle... Ayant parfois de plus forte réaction que les survivants eux-mêmes... Et puis elle commença à la sentir... Cette sensation bien étrange qui lui semblait tellement familière... Comme une lame glacée qui s'enfonçait dans son corps, à travers sa colonne vertébrale... Elle avait l'impression de mourir, la température de son corps chutait et elle se sentait seule, terriblement... Non horriblement seule... Son esprit semblait se briser à nouveau, la présence de Black et White avait disparu... Si Myrrh pouvait trouver à l'instant une comparaison avec son état se serait un escargot... Un escargot que l'on attrape avec une pince et que l'on tire de sa coquille, encore et encore, jusqu'à ce qu'il finisse arraché de tout ce qui lui est vital... Jusqu'à ce qui ne reste de lui qu'une coquille vide... Et cette coquille serait la garoue...

Tout cessa, assez rapidement en réalité, mais encore une fois l'Abysse avait fait perdre la notion du temps à l'élève de l'Esprit qui tremblait comme une feuille, mais ce n'était pas important... Black et White étaient là, entrain de la rassurer. "Ce n'est pas l'Abysse"... C'était ce qu'ils lui répétaient... Et quelque part ils avaient raison... L'Abysse comme l'avait vécue Myrrh quelques semaines auparavant était pire... Mais parfaitement dissimulée par les deux esprits... Le regard vide elle écouta le restant du cours... Enfin après que l'Abysse eut tenté de reprendre le dessus sur le professeur, après que Kuraï et Fujin eurent fini de se parler... Tout reprit presque normalement. Myrrh frissonna... Tout pouvait dégénérer tellement vite... 

Le célestin reprit le cours, leur expliquant que leur élément, don... Peu importait le nom... était là, en eux, et qu'il fallait qu'ils le découvrent... Pour devenir un jour peut-être comme Kuraï..., se dit la garoue. Elle était enthousiaste. Avec Black, White et Chaoki, ils allaient se faire un nouvel ami ! C'était génial ! Pourtant les deux esprits ne semblaient pas impatient... Pire que cela... Les deux vachettes ne semblaient pas décider à l'accompagner... La garoue choisit donc de les ignorer, fermant les yeux pour se concentrer.

*- Myrrh... Tu peux pas...*

La garoue haussa un sourcil et ferma les yeux plus fort... Cela n'avait plus rien à voir avec une quelconque méditation. Elle se concentra, fit le vide et tenta d'appliquer les consignes...

*- Ecoute, on t'aime bien mais ne fait pas ça... De toutes façons on ne te laissera pas faire, avec White on est d'accord là-dessus...
- Je comprends pas... Vous ne pouvez pas m'empêcher de méditer et de rencontrer mon don... Vous n'êtes que des hallucinations !
- Tu crois vraiment qu'on est que ça ? Sérieusement Myrrh, ouvre les yeux un peu ! Depuis quand des hallucinations ont-elles un impact dans le monde réel ! On est bien plus que ça !
- On fait partie de toi... On ne sait pas exactement ce qu'on est... C'est flou tu sais... Mais on sait qu'avec nous tu ne parviendras pas à trouver une "vache de l'esprit" super sympa dans un recoin de ta tête !
- Ah oui ? Et qu'est-ce qui vous fait dire ça ? Vous êtes qui pour le savoir !*

Un épais silence lui fit office de réponse sans qu'elle ose ouvrir les yeux pour voir les deux esprits. Elle inspira profondément et commença à méditer, sans rencontrer de résistance...

Une prairie, verdoyante et ensoleillée, s'étendait devant elle. Tout était parfaitement calme, aucune brise n'agitait les brins d'herbe, aucun oiseau ne chantait, il régnait un calme olympien dans le pré... Est-ce que chez les autres tout était aussi calme ? La garoue fit quelques pas, progressant dans l'étendue verte sans fin. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là, ni si elle allait rester encore longtemps... Le temps semblait figer. Elle s'arrêta après plusieurs moments à marcher et elle cria. Enfin elle ouvrit la bouche expira avec force mais aucun son ne franchit ses lèvres... La panique commença à la saisir et des larmes lui montèrent aux yeux. Etait-ce un tour de Black et White ? Myrrh en doutait... Ils ne s'étaient guère montrés coopératifs mais tout de même... Alors quoi ? Bizarrement elle repensa aux paroles de l'esprit bienveillant... Elle ne trouverait pas de vache dans un coin de son esprit... Mais pourquoi ? Black et White étaient bien là eux ! Elle s'assit dans l'herbe, songeuse... Elle se souvint de la première fois où elle avait entendu ses voix... C'était un soir où elle somnolait chez ses parents adoptifs... Depuis les voix avaient fait leur apparition en journée aussi et puis elles étaient passées en silence radio peu après son arrivée dans le groupe de mercenaires... Jusqu'à ce qu'elle revienne pendant un cours d'esprit à l'Académie... Et après il y avait eu leur apparition visuelle après sa rencontre avec Revan dans les sous-sols avec Yamiryu et d'autres et depuis ils étaient restés avec elle... Ils la protégeaient... Elle avait toujours trouvé ça bien... Mais maintenant elle n'arrivait pas à rencontrer son don... Enfin... C'était pas vraiment le mot pour qualifier son côté bovin mais c'était l'idée... Alors pourquoi ?

Elle ouvrit les yeux brusquement, tirée de son expédition par un fracas de bois et aperçut sa professeur de créature partir... Des expressions différentes apparaissaient sur les visages des personnes présentes, révélant indirectement la façon dont s'était passée cette rencontre spéciale... Myrrh avait le visage fermé, les yeux plongés dans une touffe d'herbes devant elle. Assis sur son épaule, White prit la parole.

*- Alors ? T'as trouvé quelque chose ?*

La garoue ne répondit pas. En face d'eux, Black posait un regard étrange sur son compère blanc qui baissa la tête.

*- Je suis désolé Myrrh...*
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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Juin - 2:13

Tout ce que je pouvais dire, c'était que ce professeur savait rester au centre de l'attention de tous. Faire venir un dragon en tant que professeur, puis faire apparaître, une immense boule de feu d'un vert hors du commun, ne pouvait que capter l’intérêt de toute l'assemblée présente. Il répondit à la question posée plus tôt et en profita pour introduire une certaine magie. Je l'observais attentivement lorsqu'il retira le bandage qui couvrait sa main. Un liquide semblait en couler. Trop sombre pour être du sang, je me demandais ce que cela pouvait bien être, après qu'un long frisson d'effroi ait parcouru ma colonne vertébrale. Le dragon semblait s'agiter et je me mis sur mes gardes, faisant confiance à son intuition animale. Tout semblait s'assombrir et l'air devenait pesant. Soudain, des cris percèrent le silence de mort qui habitait l'assemblée. C'était des cris d'agonie, de peur et de souffrance, qui ne cessaient d'augmenter. Thaxyl réagit et envoya des vagues de flammes sur le professeur de l'ombre tandis que je plaquais mes mains sur mes oreilles dans l'espoir de faire s'arrêter ces hurlements. Cela dura pourtant beaucoup trop longtemps à mon goût et la peur tiraillait toujours mon estomac quand les cris se stoppèrent enfin. Alors que mon cœur battait encore à une vitesse beaucoup trop rapide pour être considérée comme normale, le Celestin reprit son cour dans le plus grand calme possible. Sa voix posée citait les premiers directeurs de l'académie. Il expliqua pourquoi nous étions tous là, abasourdis, à l'écouter parler. Cette chose à laquelle nous venions d'assister n'était autre que l'utilisation d'une magie directement liée à l'abysse. Il fit soudain tourner sa canne et je m'attendais alors à quelque chose de fracassant. Au lieu de cela, ma vision devint flou, le noir fut rapidement la seule chose que je parvenais à voir. J'avais beau fermer et rouvrir mes yeux, rien ne changeait. Cependant, au bout de quelques instants, l'académie réapparut, c'était le même bâtiment, mais il était pourtant si différent. Tout était complètement différent. La totalité du paysage débordait de lumière. C’en était éblouissant. Le spectacle était vraiment magnifique. Je regardais autour de moi : les élèves et professeurs étaient entourés d'un halo de lumière de couleurs différentes avec plus ou moins d'intensité. J'observais alors mes mains, curieuse de savoir quelle était la mienne. Je ne fus pas surprise de voir une lueur verte flotter autour de moi. Je me sentais incroyablement bien. Shitennô pointa alors le ciel et des centaines de regards observèrent les vagues de lumières s'agiter dans les airs. Alors que je commençais à m'habituer à cette vision, tout redevint normal et le professeur reprit la parole.
Les sentiments, les émotions. La force des dons vient de là. Ce cours, allait nous servir à contrôler nos émotions, pour rester maître de notre don. Je savais que j'en avais besoin. Je devais être attentive. D'après le Celestin, la colère augmentait la puissance, cela semblait logique, quant à la sérénité, elle assurait une forte concentration. Cela semblait si simple dit comme ça, pourtant, les dons étaient tellement difficiles à contrôler.
Alors que jusqu'à présent, j'approuvais en grande partie ce qu'il disait depuis le début, il expliqua qu'il voulait nous faire comprendre que notre don était en fait quelqu'un et non pas seulement une arme. Je plissais les yeux, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir. Je ne voyais pas comment un pouvoir pourrait être quelqu'un. Sa conception du don était complètement nouvelle pour moi et j'avais énormément de mal à l'accepter. Ces dernières années, seule la solitude habitait mon cœur ! Jamais je ne m'étais sentie accompagnée, rassurée, aidée par mon don. Je commençais à sentir de la rage naître au fond de mon cœur. Pourquoi, si mon don était quelqu'un, ne m'avait-il jamais aidé quand j'étais plus seule que jamais, quand mes parents venaient de mourir, quand mon frère venait de disparaître ? Pourquoi étais-je si seule depuis tout ce temps alors qu'une personne était censée être là ?

- Bien, vous semblez prêts à...

Le Celestin n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Il laissa tomber sa canne et commença à trembler de tout son corps, tombant à genoux. Je me paralysais devant ce spectacle. Le bandage qu'il avait retiré plus tôt devenait noir alors que le dragon s'approchait presque réticent à voir ce qu'il se passait. Le professeur réussît à dire quelques mots et une femme apparut près de lui. Je n'en croyais pas mes yeux. Elle était arrivée de nulle part. Tout devenait vraiment étrange, beaucoup trop étrange. J'avais peur et mon corps entier me disait de fuir. Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, un vent frais se leva et un homme se matérialisa finalement. Tout arrivait trop vite pour que je comprenne réellement ce qu'il était en train de se passer.

- Je n'avais pas prévu que le traitement se termine à cet instant précis, mais au moins personne n'a été blessé, le cours peut donc reprendre.

Je ne savais pas comment ces personnes faisaient pour garder un tel sang froid. J'étais toujours pétrifiée et je ne savais pas quoi faire de moi-même, courir me cacher quelque-part et ne plus revoir ce professeur de toute ma vie, ou rester forte et progresser pour réussir à faire quelque chose de ma vie ? Même si la deuxième option me paraissait beaucoup plus raisonnable que la première, cette dernière était cependant beaucoup plus tentante. Un étrange spectacle mit alors fin à mon dilemme. Shitennô Bachiatari était en train d'enlacer la jeune femme apparut plus tôt. Quand elle semblait calmée, il s'excusa et reprit le cour. Je ne savais vraiment plus quoi penser, mais nous rentrions enfin de le vif sujet du cour. En rattrapant sa canne, il effaça le cercle qui avait été dessiné lors de sa « crise ». Le cours commençait enfin.

- La forme de votre élément dépend de chacun de vous, pour les garous il s'agit de votre animal sous forme élémentaire, la plupart des races retrouvent un de leur congénère, mais il est difficile de faire des généralités avec des êtres aussi uniques. Suivant votre âge, vous rencontrerez sans doute une forme vague, qui se matérialisera peu à peu en quelque chose de plus précis. Certains d'entre vous devront calmer la colère de leur élément, d'autres devront apaiser leur souffrances ou quelques rares cas auront la chance que tout se déroule pour le mieux. Aujourd'hui, je vous propose une petite séance de méditation, afin de tenter de rencontrer votre pouvoir, une première approche dirons nous. J'ai déjà fait l'expérience avec mes propres élèves, cependant... mon état ne me permet pas de vous aider plus que cela, ce chemin... vous devrez le faire sans moi. Lucien, dans votre cs, vous pouvez aussi vous prêter à cet exercice, la communication avec votre élément doit être régulière pour créer une véritable relation.

Après avoir fini son explication, il s'assit et le dragon parla. Je ne pensais pas ça possible et j'étais émerveillée d'entendre sa voix  aussi puissante que le tonnerre.

- Votre vie sera jonchée d'obstacles et d'épreuves, en voici la première. Dans votre esprit se trouve un lieu que vous n'avez encore jamais visité, un monde où repose un être abandonné, oublié. Peut être vous hait il ou alors attend désespérément votre venue. Dissimulé, enchaîné ou enfermé derrière une solide porte. Fermez les yeux, écoutez votre respiration, repensez à votre vie, aux fois où vous avez utilisé ce que vous nommez « pouvoir » et oubliez ce que vous pensiez savoir.

Sa voix était tellement envoûtante que j'avais fermé les yeux sans m'en rendre compte. Je respirais doucement me concentrant sur l'air qui pénétrait dans mes poumons. Mon don était lié à la nature, alors je focalisais mes pensées vers la terre qui était sous moi, l'herbe qui chatouillait mes chevilles, les arbres qui nous entouraient. Le bruissement des feuilles, légèrement secouées par le vent devint rapidement omniprésent dans mon esprit. Je prenais de longues inspirations et tentais de vider ma tête, de m'isoler. Rapidement, je me sentais seule. Les élèves autour de moi semblaient avoir disparu, Thaxyl et le professeur Bachiatari aussi.

Je me retrouvais alors dans une grande plaine. Un tigre me fait face. Derrière un rocher, j’aperçois ma mère qui se cache, un grand sourire sur les lèvres. D'un coup, elle saute sur le tigre et je hurle de peur. Ils se battent pendant un moment. Finalement, le tigre se relève victorieux. Je suis au bord des larmes et je coure vers ma mère couchée, son sourire est toujours présent et je l'entends glousser. Je me retourne et vois que le tigre a laissé place à mon frère qui rigole lui aussi. Ma mère se relève, son sourire a soudain disparu. Elle me regarde avec un regard sombre et inquiétant. Je la questionne du regard et d'un coup elle me pousse. J'étais persuadée de tomber sur le sol, mais c'est dans de l'eau que je me retrouve. Il fait trop noir pour que je puisse reconnaître quoi que ce soit. Une voix perce alors le silence.

- Tu as décidé d'être seule. Tu seras seule.

J'avais l'impression de la connaître. Elle était douce, trop douce. C'en était effrayant. Je sentais comme un souffle dans ma nuque et son rire cristallin explosait dans ma tête.

J'ouvrais les yeux dans un sursaut. Ma respiration était saccadée et mon cœur tellement lourd. J'avais envie de me lever, mais mes jambes ne me portaient plus. Je sentais de la sueur perler sur mon front. J'étais complètement paniquée et j'avais envie de hurler. Ce n'était qu'un souvenir... rien qu'un souvenir.
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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Juin - 19:31

Lucien releva la tête au moment où son professeur finit sa phrase abruptement, comme si quelque chose l'avait empêché de continuer. Ce qui était assez évident quand on le voyait à présent convulser et tomber à genoux. Voyant le signe que le Célestin venait de faire à Thaxyl, l'apprenti du mage à présent vulnérable n'avança pas et étendit même le bras en geste de protection symbolique. Il voulait croire que tout était contrôlé par son précepteur, et qu'il n'y avait absolument aucun souci à se faire.

Le professeur Bachiatari, bien qu'excentrique, l'avait impressionné lors de son premier cours, et il lui faisait plus confiance qu'il ne l'aurait dû étant donné quelques signes d'insanité de la part de son professeur et le fait qu'il avait exploré sa tête lors du premier cours. Quelque chose en lui, un ressenti intérieur, l'intimait de faire confiance à cette personne, cependant.
De plus, il ne pouvait rien faire, et devait se contenter d'observer.

Sortit l'ombre aux allures de servante, aux cheveux d'argent tressés, qui se montra... protectrice, et presque affectueuse. Lucien avait cru comprendre que Kurai était proche du Célestin, mais il s'était plus attendu à ce que le pouvoir en profite pour le submerger, se rit de lui ou n'importe quoi d'autre. Pas à ce qu'il verse une larme et obéisse alors que rien ne l'y contraignait.


Fujiin, le professeur d'artefact, apparut alors, et se fit recevoir avec violence malgré ses soins. Notant qu'il pouvait exister une certaine animosité entre deux de ses trois professeurs, l'élève assista en silence à la dispute, et en chercha les causes, sans rien trouver. Il devrait laisser traîner les oreilles de ce côté là, car cette information lui serait certainement utile un jour ou l'autre.
Nouvelle marque d'affection afin de compenser la colère qui émanait de l'Ombre suite à une remarque assez indifférente de la part de l'esprit lunaire.
D'autres excuses, suivies d'une disparition.

Lucien regarda son professeur, et décida que tout irait bien pour lui. Sans doute. Il n'avait pas réellement envie de s'inquiéter pour lui. Et s'il ne s'attendait pas à ce que le cours reprenne comme si de rien n'était, cela ne le dérangea pas outre mesure. Hormis la mention de l'absence de vampire, qui lui rappela cruellement qu'Ayla n'était pas avec lui en ce moment les autres paroles du célestin ne firent pas grand effet sur le noble qui savait déjà tout ça. Et puis le reste suivit, naturellement, rien qu'il ne sache déjà devant être révélé.

Lucien se trouva alors en même temps ravi et dépité : d'une part, il n'avait pas à
se transformer devant tout le monde, ce qui était un gros soulagement, mais d'autre part, il n'avait pas l'impression de progresser. Sans l'ordre de son professeur, il n'aurait en fait certainement rien fait et serait peut-être rentré en attendant la prochaine semaine.

Aussi, devinant que la suite devrait se contenter d'être une suite de recommandations déjà formulées, il n'attendit pas et s'assit dans l'herbe de façon à ne pas salir ses vêtements et médita, trouvant assez rapidement un chemin déjà parcouru.


Les trois portes étaient toujours dans son esprit, et leur propriétaire se dirigea sans hésitation vers celle autrefois enchainé, franchissant le seuil qu'il avait déjà franchi hier.
Contrairement à la dernière fois, elle n'explosa pas. Il faut dire qu'elle était entrouverte dès son arrivée, ce qui était plutôt rassurant.
Le lieu avait changé, et était plein d'une étrange lumière aux teintes virides. Il y faisait étrangement froid, mais cette température était plus revigorante que débilitante. A vrai dire, Lucien s'y sentait assez bien, aussi étrange que cela lui paraisse.
La caverne était à présent plus accueillante, et la roche de la dernière fois avait été remplacée par des murs moins coupants. Des murs faits d'ombre et de cette substance que plaisait à utiliser l'ombre : un cristal pourpre ou noir qui semblait absorber la lumière. Il s'agissait d'un évènement plutôt encourageant.

Une brume interagissait avec ce décor, tandis qu'un rossignol exactement semblable à la forme normale de Lucien s'égayait non loin de là, chantant des airs bien connus de la noblesse. Les seuls que l'animal devait avoir appris, en fait.
Tout cela était surnaturel.

- Bonjour.

Sa voix résonnait étrangement ici, perdant légèrement ses accents joyeux. Il est vrai qu'il se sentait plus à l'aise qu'avant, à savoir qu'il avait pu délivrer une partie de lui-même. L'alliance proposée lui semblait toute naturelle, lorsqu'il l'avait proposée, et il savait avoir bien fait.

- Bonjour, Lucien. Nous sommes bien surpris de te voir de retour si tôt.

La voix de l'Ombre était étrangement vive, mais son ton n'appartenait pas à la voix humaine ; pas totalement. On y distinguait également comme le bruit des chants du rossignol. Il était difficile de qualifier son ton de chaleureux, car il évoquait l'hiver. Néanmoins, il était plus difficile encore de la taxer de discourtoisie.

Ce qui était le plus étrange demeurait qu'elle provenait d'un tout autre endroit que la brume.

- Celui qui m'a sorti de l'ignorance m'a conseillé de venir vous voir plus souvent, alors j'ai accouru.

Le rossignol cessa de chanter. Il était très difficile de lire des informations sur son visage bestial, et plus encore d'en déceler dans la brume.

- Nous voyons cela, et avons hâte de faire plus ample connaissance avec toi. Hier, il semblerait que ton escapade se soit révélée amusante. La voix provient cette fois-ci du plafond.

- En effet, et je vous en sais gré. J'y ai moi-même trouvé du plaisir, même si j'ai du beaucoup dormir pour récupérer. À ce propos, comment savoir quand je peux utiliser vos pouvoirs ou non ?

Silence. Le rossignol regarde l'Ombre, et plonge dedans pour en ressortir noir, avant de reprendre ses teintes beiges et dorées.

- Nous apprécions l'exercice, et tu n'as pas besoin de demander. Nous avons parfois essayé de te contacter, mais tu restes étrangement sourd à nos appels, de toute façon. Se pourrait-il que tu cherches à nous éviter ?
Ce son là provenait d'un mur à sa gauche.

- Si c'est le cas, cela me désole, et je ne peux l'expliquer. Il se peut que notre lien ne soit pas assez fort, car je ne peux mettre en doute ton pouvoir. À vrai dire, je m'attendais à voir autre chose qu'une brume après notre démonstration de force, lors du cours d'hier.

- Tu vois pourtant le rossignol. Pour ce qui est de ma part, j'imagine que le lien n'est tout simplement pas assez fort pour que tu puisses voir ma véritable nature, et cela me désole également. Et pour une fois, la voix émergeait de la brume.

Lucien sentait comme de l'ironie.

- Alors il nous faudra parler plus souvent.

- As-tu la moindre idée de ce que nous ferrons, lorsque nos pouvoirs seront pleinement développés, et que la liberté promise s'offrira à nous ? Je pense pour ma part que tenter d'infiltrer une guilde ou deux se révélerait instructif. L'Ordre de Jade ou le Cercle des Ténèbres, par exemple, à moins que nous ne développions des pouvoirs de guérison. Les aventuriers pourraient être un autre choix. La voix était légèrement différente, bien qu'il soit difficile de l'expliquer. Elle provenait de Lucien, cette fois-ci, qui n'en prit pas ombrage.

- Je m'attendais à éventuellement défendre le pays contre des démons, ou être envoyé en émissaire chez d'autres peuples magiques. Nous avons encore un certain nombre de préjugés sur les vampires.

- Un choix intéressant.

Ainsi se poursuivit durant un certain temps cette conversation, Lucien faisant attention aux paroles de son interlocuteur et y décelant de temps en temps des menaces voilées, des reproches à mots couverts. Le rossignol se contentait de chanter, et lorsqu'il se posa sur l'épaule de l'humain, il ne fut pas délogé.

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Christyän Maät
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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeMar 17 Juin - 13:59

La manifestation des pouvoirs draconiques était un évènement aussi majestueux qu'impressionnant. L'attaque du professeur Bachiatari l'avait prit par surprise, et il en oublia presque de réagir lorsque la boule de feu s'apaisa pour venir tournoyer entre les élèves, ni menaçante ni totalement inoffensive …
Ainsi, la magie draconique pouvait apaiser toute magie, même la magie lunaire … Le respect que Christyän vouait aux créatures magique n'en fut que renforcé, et il se promit de ne jamais les sous-estimer, qu'importe le tournant que sa vie prendrait …

Mais les mots du professeur étaient pourtant clairs : il existait un type de magie contre lesquels les dragons primordiaux étaient impuissants.

Et l'homme, plutôt que de mettre des mots sur un concept, préféra leur montrer.

Et la malédiction qui l'emprisonnait fut révélée.

Et en un instant, Christyän fut de retour en enfer.

La Lune qui brillait pourtant si fort auparavant sembla les abandonner, et les bruits qui l'avaient accompagné durant cent ans s'étendirent dans le parc, semblant venir de partout et de nulle part à la fois.
Des cris de douleurs, puis des hurlements envahirent les lieux, entrant dans sa tête et résonant dans son esprit torturé.

La noirceur profonde et liquide s'échappant de la main du professeur sembla s'imprégner dans le sol, dans l'air, dans les membres de chacun des individus présents dans le parc. Cette noirceur invisible et pourtant si caractéristique de l'Abysse, comme une vague de colère, une vague de volonté assassine s'insinuant partout et détruisant toute chose positive …

Les yeux écarquillés, le visage de Christyän se déchira d'une grimace de pure terreur, alors que ses genoux faiblissaient de seconde en seconde.

// Non … NON ! // Son esprit fut soudain envahit des images de l'Abysse.

Il était pourtant sorti de cet enfer ! // Pourquoi ?! // Pourquoi fallait-il que cet homme lui rappelle ce qu'il avait vécu là-bas ?

Souvenir de l'Abysse :

Ses jambes se mirent à trembler, et il réussit à faire quelques pas en arrière, laissant le tronc épais d'un arbre arrêter sa fuite et supporter son poids sous lequel ses jambes semblaient s'effondrer.
Des couinements retentirent sur son épaule, puis sur sa tête, à sa droite, à sa gauche, mais Christyän était déjà trop loin pour entendre les suppliques inquiètes de son Gardien.

Souvenir de l'Abysse :

Pourquoi devait-il subir cela encore et encore ?!
Ses cauchemars, ses crises de paniques et ses heures d'insomnie qui semblaient s'accumuler comme des cendres sur un bûcher n'étaient-ils pas suffisants ?!

Souvenir de l'Abysse :

Ses mains tremblantes cherchèrent frénétiquement un point d'ancrage, un appui, une bouée, n'importe quoi qui lui permettrait de s'échapper de ce nouveau cauchemar – les mêmes, toujours les mêmes, tous mélangés en un seul …
Sa paume rencontra le tronc de l'arbre et s'y accrocha comme si sa vie en dépendait – était-ce le cas ? Pouvait-on mourir ainsi, envahit par la terreur des souvenirs ?

Souvenir de l'Abysse :

Ses jambes le lâchent définitivement, et les tremblements de ses mains s'étendent à tout son corps, alors que ses lèvres s'ouvrent de douleur.

Devait-il souffrir plus encore, briser son esprit et en perdre toute lucidité ?!
Que devait-il faire pour qu'on le laisse enfin tranquille ?! Pour qu'on le laisse se reconstruire et guérir de ces horreurs ?!

Souvenir de l'Abysse :

Les hurlements retentissant dans le parc semblèrent s'intensifier, comme s'ils venaient de l'intérieur de sa tête, comme s'ils prenaient leur source dans l'effroi du loup-garou.
Mais Christyän, perdu dans ses souvenirs, ne se rendit pas compte de l'origine de cette intensification, alors qu'un hurlement de terreur sortait de ses propres lèvres, irritant sa gorge et vidant ses poumons, se mêlant aux cris de douleurs émis par la malédiction du professeur Bachiatari.

Et soudain, tout sembla disparaître : les visions, les cris, la noirceur … Seul le cri étranglé de Christyän retentit quelques secondes encore, avant de mourir sur ses lèvres.

Tremblant comme une feuille, adossé contre un arbre à l'orée du petit bois, à quelques mètres derrière le reste de la « classe », Christyän sortit peu à peu de sa transe, et se reconnecta avec le monde autour de lui.
Entre ses jambes relevées comme un bouclier, Saùl couinait énergiquement, comme espérant que son agitation sortirait son Protégé de ces mauvais rêves. La respiration haletante, la gorge légèrement douloureuse d'avoir inconsciemment hurlé, le regard encore chargé de brume et de peur, le loup-garou sembla redescendre, se rendant compte du manque de danger immédiat.

Il était sorti de cet enfer. Il était revenu dans le monde réel, à l'époque à laquelle il appartenait à présent … Saùl était à ses côtés, vivant, de même que Myrrh, dont il apercevait les épaules frêles à plusieurs mètres devant lui. Derrière le petit rassemblement, il entendait un grondement sourd qui ressemblait à la voix du professeur Bachiatari.

Quoi qu'il ait voulu démontrer, il avait apparemment terminé, et semblait avoir repris son cours.

Les membres encore tremblants, Chris s'aida de l'arbre pour se redresser, et le son de la voix du professeur franchit la barrière d'élèves et d'autres professeurs et atteint enfin Christyän.

« Ces trois génies ont créé l'origine de ce minuscule fragment, l'Abysse … » continua l'homme sur un ton que Chris, encore tremblant de ses traumatismes et des cauchemars qu'ils engendraient, trouva terrifiant. « Mais le résultat est là … une entité désirant tous nous sacrifier pour augmenter son pouvoir. »

// Une voix constante et claire. C'est bien. Ça me permettra de me détendre. Tout va bien. J'en suis sorti … //

Se concentrant sur la voix de l'homme, Chris réussit à y focaliser son attention, et les tremblements refluèrent lentement.

« Voila la raison pour laquelle ce cours existe, pour éviter une telle catastrophe et pour détruire cette abomination. »

Avait-il bien entendu ? Il voulait détruire l'Abysse ?

« … Peut être que vous devriez partager ma vision un court instant. »

Mais avant même d'avoir pu intégrer ces derniers mots, Christyän dû cligner des yeux pour ajuster sa vision au concentré de lumière vive qui émana du bâtiment de l'Académie derrière le professeur.

À ses pieds, une petite bille de lumière lunaire émit un « SQUIIICK ! » surprit, et le visage encore marqué par la peur de Chris se détendit en un sourire émerveillé et ému.

// Mais bien sûr ! //

Il voyait le monde sous un nouvel angle, avec une nouvelle donnée : la magie !

// Le monde est entièrement composé de magie … //

Ces visions confirmaient les enseignements de son tuteur, Tarkh, ainsi que toutes les réflexions qu'il avait été amené à émettre, lorsqu'il s'était retrouvé seul. Chaque individu possédait une once de magie en lui, un lien qui le définissait, qui composait le cœur même de sa matière …

Le ciel se chargea alors en un véritable arc-en-ciel éclaté, les vagues de magies élémentaires de couleurs diverses suivant les courants d'air chaud, les émanations de gaz, les goûtes de pluie, la trajectoire d'un oiseau … Tout semblait multicolore et infiniment plus beau sous cet angle.

Baissant de nouveau les yeux sur Saùl qui semblait tourner en rond à ses pieds, Christyän poursuivit la trajectoire de son regard pour tenter d'apercevoir son propre cœur magique. À la place du corps jeune qui s'était tenu là quelques secondes plus tôt, une simple bille de lumière verte brillait, couleur de forêts, semblant tournoyer sur elle-même, quelques faisceaux de lumière flexibles semblables à des lianes s'étendant parfois vers l'extérieur du cercle continu, avant de reprendre leur course en spirale.
Le taux de magie qu'il contenait, son potentiel, sa nature profonde … Tout ceci était profondément magique

Mais peu à peu, tout redevint normal, et son gilet en peau de daim ainsi que sa chemise de lin se tinrent de nouveau sous ses yeux, sa main portant la bague de Gardien posée à plat sur son torse. L'émerveillement se dissipa aussitôt.

Le professeur reprit alors la parole, et l'élève de la Terre parvint à l'entendre de là où il se trouvait, sa voix portant par dessus l'attroupement. Les émotions, semblait-il, influaient sur la magie élémentaire, et les contrôler pouvait permettre une meilleure maîtrise de son potentiel.

// Un cours de « contrôle de soi », hein ? S'il commence en ravivant nos pires peurs, où cela va-t-il finir ? //

« J'aimerai que vous preniez conscience de ce qui vit en vous, que vous sachiez quand vous laisser guider et quand devenir autoritaire, » continua l'homme, et Chris  comprit peu à peu ce qu'il semblait vouloir dire. « Vous réagissez à l'instinct, votre pouvoir n'est pas dans une balance en cherchant l'équilibre, il est impulsif. »

Christyän était presque sûr de maîtriser sa partie animale. Il avait grandit avec elle, il s'était épanoui sous sa surveillance, faisant confiance à la fois à sa conscience humaine et à sa conscience lupine pour le guider dans la forêt. Il avait formé une meute, fait un pacte avec une autre – un pacte, avec de vrais loups, avec des créatures ne possédant pas son intellect mais acceptant de se soumettre à ses termes – il avait comprit le fonctionnement de la forêt et de ses habitants en communiquant avec son autre moitié.
Et s'il ne l'avait jamais rencontrée directement, il se souvenait lui avoir parlé plusieurs fois, à son arrivée à l'Académie, alors qu'il croyait devenir fou et entendre des voix … Il se souvenait encore de ses mises en garde, de sa méfiance des humains et de ses instructions de s'en tenir éloigné …

Mais peut-être existait-il une autre forme de contrôle. Peut-être pouvait-il s'améliorer en magie de la Terre, peut-être parviendrait-il à la manipuler, à l'utiliser avec conscience et calme, à l'invoquer de façon inconsciente – en cas de danger, d'urgence …

Et peut-être même parviendrait-il à combiner les deux ! À utiliser la magie de la Terre sous sa forme lupine, chose qu'il avait toujours échoué à faire jusqu'à présent.

Mais soudain, la sensation de noirceur étouffante et invisible qu'il avait ressentie tout à l'heure refit surface, et son malaise le frappa de nouveau de plein fouet.

// Encore une démonstration ?! // N'ayant pas suivi la fin des paroles du professeur, il retint de justesse une injure incontrôlée. // Une seule ne lui a-t-elle pas suffit ?! Faut-il qu'il nous torture ainsi à chaque cours ?! //

Mais la noirceur sembla vite se rétracter, et Chris, les mains de nouveau tremblantes, releva la tête pour comprendre ce qu'il pouvait bien se passer plus loin.

Monsieur Bachiatari semblait effondré sur le sol, aux côtés d'une jeune femme entièrement lumineuse. À quelques mètres de là, le dragon ne bougeait pas.
Était-ce prévu ?
Au vue de l'agitation de la jeune femme, ça n'en avait pas l'air. En un clignement d'œil, Fujin, sage des vents et leur professeur d'Artefacts, était aux côtés du professeur Bachiatari.

Christyän ne comprit pas ce que les trois adultes échangèrent, mais les éclats de voix et la colère de la jeune femme se prolongèrent jusqu'à ce que le professeur de contrôle de soi ne se relève et ne la rassure. Le trio échangea quelques paroles, puis Fujin disparu ainsi que la jeune femme, et le professeur se tourna de nouveau vers sa classe.

Fronçant les sourcils, Chris s'assura que ses jambes puissent le porter, et décida de se rapprocher des autres participants. La voix de monsieur Bachiatari devint plus forte, et il pu entendre correctement ses paroles.

« … Même si chaque élément possède une personnalité qui lui est propre. Votre relation peut être bien entendu moins … fusionnelle, que celle qui me lie à mon élément, » poursuivit-il.

Après de brèves paroles sur son propre pouvoir que Christyän trouva presque douteuses, il continua : « La forme de votre élément dépend de chacun de vous, » reprit le professeur. « Pour les garous, il s'agit souvent de votre animal sous forme élémentaire, la plupart des races retrouvent un de leur congénère, mais il est difficile de faire des généralités avec des êtres aussi uniques. »

Parlait-il d'une vision de soi-même ? Le jeune homme fronça les sourcils à cette pensée. Un loup sous forme élémentaire devait être particulièrement intéressant à rencontrer.

« Certains d'entre vous devront calmer la colère de leur élément, d'autres devront apaiser leur souffrance … »

Oh, comme il se sentait visé à cet instant ! Sa colère, sa souffrance, sa culpabilité, sa peur … Toutes ces émotions destructrices qu'il savait autrefois si bien manier l'envahissaient à présent, et il pouvait sentir leur poids le ronger de l'intérieur.
Sur son épaule, Saùl émit un léger couinement de soutien.

« Aujourd'hui, je vous propose une petite séance de méditation, afin de tenter de rencontrer votre pouvoir, une première approche dirons nous. »

Le loup-garou haussa un sourcil à ces mots. Son tuteur avait longtemps pratiqué la méditation, se souvint-il. Il répétait que cela lui permettait d'entrer plus en harmonie avec la forêt.
Le dragon Thaxyll prit alors la parole, et le ton de sa voix fit instantanément comprendre à Christyän que l'exercice venait de commencer.

Il s'assit en tailleur à même le sol, ne souhaitant pas s'effondrer si la méditation l'emportait un peu trop loin dans l'inconscience, et ferma les yeux, alors que Saùl quittait son épaule pour se poster entre ses jambes repliées.

« Dans votre esprit se trouve un lieu que vous n'avez encore jamais visité, » dit-il, « un monde où repose un être abandonné, oublié. Peut être vous hait-il ou alors attend désespérément votre venue. »

Chris eut soudain un doute. La créature magique parlait-elle réellement de leur pouvoir personnifié ? Car plus Thaxyll parlait, et plus la description de cet être s'apparentait à celle de son frère …

« Dissimulé, enchaîné ou enfermé derrière une solide porte. Fermez les yeux, écoutez votre respiration, repensez à votre vie, aux fois où vous avez utilisé ce que vous nommez "pouvoir" et oubliez ce que vous pensiez savoir.  »

Derrière ses paupières fermées, il ne vit au début que du noir. Sa conscience encore bien trop éveillée pour entrer en méditation, il se relaxa, inspirant doucement, focalisant son attention sur ses inspirations, ses expirations, les battements de son cœur, le sang qui allait et venait dans ses veines, de son centre jusqu'aux extrémités de ses membres encore faibles de sa crise de panique plus tôt.

Peu à peu, les bruits de la nature et du parc s'estompèrent, et seule sa respiration arriva à ses oreilles. Une torpeur apaisante l'engloba, et sans qu'il ne s'en rende compte, sa conscience de la réalité s'effaça.

Lorsqu'il n'entendit plus aucun bruit, il fronça les sourcils et ouvrit un œil, curieux.

Mais il n'était plus dans le parc de l'Académie, entouré de professeurs, de personnel de l'Académie et d'élèves des autres maisons élémentaires.
Il était debout, dans un lieu inconnu pour lui qui n'avait jamais vécu que dans la forêt – et à l'Académie.

Il se trouvait en plein sur une frontière qu'il ne semblait pas comprendre : une falaise. À l'est s'étendait une immense plaine verdoyante, douce et apaisante, un lieu de calme et de paix ; un lieu de quiétude pour les êtres se considérant comme des proies, fuyant un ennemi – réel ou non.
À l'ouest, en contre-bas, une immense forêt se répandait sans fin, sombre et dense, un lieu dangereux et terrifiant, un lieu rempli de créatures plus effrayantes les unes que les autres ; un lieu pour les combattants et les prédateurs en chasse d'un but, d'un objectif à atteindre, d'une proie qui sache combler leur faim – de gloire, de nourriture, de solitude …

Et entre les deux, la frontière : une falaise immense, un mur de roches diverses mesurant plusieurs dizaines de mètres de haut, tombant à pic, infranchissable et mortel.
Le vide qu'elle produisait semblait l'appeler, le tirer vers le bord de cette immense falaise, le forcer à rejoindre la forêt, car il était un chasseur … n'est-ce pas ?

Pris de peur, il recula de quelques pas, tentant de s'éloigner du bord et de la chute mortelle.

Mais la falaise ne s'éloigna pas.

Christyän fronça les sourcils. Se retournant, il avança vers la plaine, voulant trouver le calme et la quiétude, en ayant assez de combattre toujours cette même faim, ce même rêve impossible … Mais la plaine ne semblait pas se rapprocher, et ce qu'importait le nombre de pas qu'il fit.
Un coup d'œil par dessus son épaule lui confirma que la falaise ne s'éloignait toujours pas, et qu'il semblait soit constamment attiré par le vide, soit bloqué sur place, sans possibilité d'avancer d'un côté comme de l'autre …

Était-ce là le message qu'il était censé comprendre ? Qu'il se trouvait dans une impasse, qu'il lui fallait trouver une alternative, car en continuant de la sorte, toutes ses routes resteraient bloquées ?

Agacé, il poussa un grognement de frustration, et l'intensité du bruit le fit sursauter et s'immobiliser. Le grognement avait semblé résonner tout autour de lui …
Il prêta l'oreille, conscient que quelque chose n'allait pas. Mais il n'entendit rien.

Absolument rien.

Pas même le bruit du vent remontant le long de la falaise, pas même le bruissement des feuilles en bas, pas même le grésillement d'insectes ayant prit refuge dans les hautes herbes de la plaine … Le silence total régnait en ces lieux, où qu'ils se trouvent.
L'avait-on privé de son ouïe ?

// Non, j'ai entendu mon propre grognement … //

Toujours tourné vers la plaine, il vit les brins d'herbe valser au gré du vent inexistant ; se tournant, il vit les feuillages de la forêt se balancer sous le courant d'air …

// Ce n'est pas un rêve … Ce lieu n'existe pas, // comprit-il. // Il n'existe que dans ma tête, dans les recoins de mon esprit où est enfoui … mon pouvoir ? //

Les mots semblaient lui venir d'eux-même, comme si quelqu'un ou quelque chose d'invisible et d'immatériel lui soufflait les réponses.

// La terre, // pensa-t-il en regardant l'immense plaine, // les plantes, // ajouta-t-il mentalement en se tournant vers la forêt infinie, // et la roche, // finit-il en posant son regard sur le bord de la falaise.

Les différents états de la magie de la Terre …

À cet instant, un léger rire grave résonna tout autour de lui. Le son était similaire à son propre grognement : il lui était renvoyé comme s'il se trouvait dans une pièce fermée, comme s'il rebondissait sur des murs invisibles et en était accentué.
Fronçant les sourcils, il tenta de déterminer de qui venait ce rire court. Se tournant dans tous les sens, il chercha du regard une silhouette, un indice, n'importe quoi. Mais personne ne se tenait à portée de vue.

« Raän … ? » tenta-t-il avec hésitation, repensant à sa théorie de plus tôt, lorsqu'il était encore éveillé.

Sa voix, bien qu'à peine un murmure, sembla de nouveau résonner tout autour de lui, comme rebondissant sur des murs invisibles.

// Non. //

La nouvelle voix le fit sursauter, forte, amusée, sarcastique et incroyablement présente, comme si elle avait été directement projetée dans son esprit, comme s'il était celui qui venait de penser cette parole.

Et soudain, il se souvint.

Souvenir, année 303 après l'Éveil :

Il connaissait cette sensation. Elle l'avait poursuivie durant presque toute sa première année à l'Académie, plus d'un siècle auparavant … avant de disparaître, après qu'il eut fait son deuil de son frère.

// J'ai toujours pensé que la douleur et la culpabilité m'avaient fait perdre la tête, qu'il s'agissait d'une sorte de réaction mentale à sa perte … Alors qu'en fait … //

// Bingo. C'était moi. Depuis le début. //

Cette voix plus grave que la sienne, plus sombre et plus méfiante, ce ton provocateur et autoritaire … Oui, c'était lui, depuis le début.

Un ricanement retentit de nouveau tout autour de lui, et le son le déstabilisa une fois de plus. Cette voix n'aurait jamais dû résonner autant dans un espace ouvert, en pleine nature !
Qui était-il ? Où était-il ? Existait-il seulement, ou bien était-il un simple fragment de son imagination, une entité immatérielle errant dans son esprit ? Était-il le fantôme de Raän, transformé par la haine et la douleur, qui revenait le hanter ?

// Tu veux savoir ? Trouve-moi ! // fit l' « autre » sur un ton provocateur et supérieur, comme si Christyän en était incapable.

Un sifflement retentit à ses oreilles, et la voix grave sembla disparaître. Les sons semblèrent revenir d'un seul coup, comme retenus durant trop longtemps et désespérés de pouvoir sortir de leur prison. Le vent claqua à ses oreilles, souffla le long de la falaise, s'engouffra dans les feuillages de la forêt et dans les brins d'herbe de la plaine. Au loin, un cri sur-aigüe retentit, et Chris releva la tête brusquement, avant de se détendre en voyant un aigle planer au dessus de la plaine.
Inspirant profondément, il se retourna et fit face à la falaise.

Un chemin semblait s'être dévoilé … Hésitant, il s'en approcha légèrement, remarquant que là où la roche formait auparavant un mur infranchissable, un sentier semblait avoir été taillé à même la roche, et serpentait tout le long de la falaise, au bord du vide.
Celui-ci sembla l'aspirer une fois de plus, et il tenta de reculer brusquement.

Mais le même phénomène se produisit, et la falaise ne recula pas.

La voix était apparue lorsqu'il s'était trouvé en pleine détresse mentale. Torturé par la culpabilité de n'avoir pu sauver son frère, par la douleur de l'avoir perdu, par la peur de quitter la forêt pour le monde des humains dont il ne connaissait que les points noirs …
Il se souvenait que cette conscience, qu'il avait prit pour une manifestation du loup en lui, une manifestation de sa moitié animale, ne cessait de le mettre en garde, de le ramener à la raison, de l'empêcher d'aller vers les Hommes …

Souvenir, année 304 après l'Éveil  :

Le vent siffla de nouveau à ses oreilles, semblant l'attirer vers le bord de la falaise, et Chris fit de son mieux pour y résister.

// Il doit bien y avoir un message, un indice quelque part … //

Repensant aux paroles passées, aux dangers traversés, il finit par comprendre.

// « Tu devrais avoir tiré des leçons du passé » … À cette époque, j'étais dévoré par ma haine et ma peur des Humains. J'avais peur, et je … // La solution le frappa de plein fouet. // J'ai fais face à mes peurs. J'ai appris à connaître les humains, à vivre avec eux, et la voix a disparu ! //

Un sourire presque triomphant naquit sur ses lèvres, et il fixa son regard sur la falaise.

« Fais face à tes peurs, » murmura-t-il, sa voix emportée par le vent.

Il fit un pas hésitant en avant, puis un second, avant de s'avancer franchement vers le bord. Trouvant une confiance nouvelle, il emprunta le chemin de pierre, descendit le long de la paroi, et longea la falaise mortelle.
Contrôlant sa respiration, il se concentra pour éviter à ses jambes de trembler sous l'effort et la peur du vide, s'accrochant du bout des doigts au rebord du chemin, ses pieds ne rentrant qu'un à un sur le petit chemin de pierre.

Après un temps qui lui sembla interminable, il sentit ses forces diminuer, l'effort prenant le pas sur la détermination.
Mais il lui fallait continuer. Il lui fallait trouver cette voix, cette « conscience ». Il voulait des réponses, il voulait savoir, il voulait connaître les raisons de cette entité.
Pourquoi s'était-elle manifesté ainsi à ses côtés ? Pourquoi à ce moment-là, pourquoi pas avant, pourquoi pas lorsque Raän était encore en vie ? Pourquoi pas lorsque Tarkh avait pu lui expliquer ce phénomène, cette cohabitation entre lui-même, et une chose vivant en lui … ?
Et pourquoi réapparaissait-elle maintenant ? Pourquoi n'était-elle pas lorsqu'il avait eu besoin d'un soutien, d'une aide, dans l'Abysse ?! Pourquoi le prenait-elle ainsi de haut ?! Il n'était plus un enfant ! Il avait vécu l'enfer, il y avait survécu ! Certes, il était blessé, affaiblit, mais il était persuadé qu'avec le temps, il apprendrait à vivre avec ces cauchemars, et qu'ils le rendraient plus résistant, qu'ils renforceraient son esprit.
Il n'était plus le garçon qu'il avait été avant la chute de la première académie ! Il avait changé, et il connaissait ses faiblesses, à présent ! Il savait comment les protéger, et faire face aux obstacles !

// Par la Lune, j'arriverais en bas de cette satanée falaise ! Même si je dois y laisser ma fourrure ! //

Son pied se posa alors sur une surface lisse plus grande, et il releva les yeux du chemin pour regarder ce qui se tenait devant lui.
Le chemin escarpé et dangereux se terminait sur une grotte taillée à même la roche, assez grande pour qu'il puisse s'y tenir debout. Intrigué, il quitta le chemin de pierre distraitement, parcourant du regard l'immense caverne. Elle était entièrement constituée de pierre, et la noirceur semblait engloutir son fond.
Jetant un coup d'œil derrière lui, il constata que le chemin avait disparu, et que la falaise était à nouveau un mur de roche infini. Inspirant profondément, il s'avança vers le fond de la grotte.

// Pas de retour en arrière. Face à mes peurs, // se rappela-t-il.

La noirceur l'engloutit, et il arriva à un point où il ne voyait plus ses propres mains. Mais, persévérant, il continua d'avancer, et peu à peu une douce lumière verte apparu au fond de la grotte, lui rendant la vue.

Au fond de la grotte s'étendait l'orée d'une forêt paisible, où il pouvait entendre le chant d'oiseaux divers et le frétillement de quelques petits animaux typiques d'Astraël. Un lieu couvert, mais lumineux, paisible, un lieu de quiétude …

// Un mélange des deux côtés de la falaise. //

// Un équilibre entre tes peurs et tes rêves, // répondit soudain la voix dans sa tête.

« T'ai-je trouvé ? … Alors montre-toi ! » dit-il, légèrement agacé.

« Ouh~ ! Caractériel, avec ça ! » retentit la voix, pleine et définitivement réelle à ses oreilles, venant de derrière les premiers arbres, venant de la forêt toute entière.

Christyän fronça les sourcils, penchant la tête sur le côté, alors qu'un bruit de feuillage froissé se faisait entendre devant lui.
Et soudain, une créature étonnante sortit des bois, grande, fière et majestueuse.

Devant lui se tenait un loup aussi blanc qu'il était noir, aux yeux aussi bleus que les siens étaient verts. Ses membres s'étendaient en un alliage de lianes et de feuilles aussi vertes que le cœur de la forêt, reliés par des vagues vertes de magie de la Terre tellement concentrées qu'elles en étaient visibles à l'œil nu … Lorsque la créature fit un pas de plus, son corps s'allongea, comme s'il était immatériel, comme s'il pouvait s'étendre à l'infini sans se briser.

« Quoi- … Tu- … »

Le loup-garou fit un pas en arrière. La gueule de la créature s'ouvrit, et une voix humaine en sortit, celle de sa conscience lupine : « Surpris ? » Il laissa échapper un ricanement moqueur, et continua : « Quoi, ton intellect supérieur humain ne l'avait pas déduit ? Allez, c'est pourtant des plus logique ! Fais un effort, même toi peux y arriver. »

Les sourcils de Christyän se froncèrent. Il lui fallait d'abord éclaircir un point.

« Tu es un ulcelien ? » demanda-t-il, abasourdi.

Il était un jour tombé sur un vieux livre en parchemin dans la bibliothèque de l'ancienne Académie, qui avait comme principal thème les créatures les plus rares de Rëvalïa. Parmi elles se trouvait ce loup-élémentaire de Terre d'une extrême rareté et n'ayant jamais été vu que par des hauts-elfes sylvains dans la zone élémentaire sacrée de la Terre, tout au nord de Rëvalïa.
S'il avait rapidement refermé le livre par ennui profond, cet animal l'avait pourtant marqué : un alliage entre son Élément et sa forme garoue, n'était-ce pas là ce dont tout mage pouvait rêver ?

Mais la créature devant lui éclata de nouveau de rire, lui répondant sur un ton étrangement amusé vu la situation : « C'est vrai, j'y ressemble. Mais réfléchis bien. Que sont-ils ? Que suis-je ? Ou plutôt, que sommes-nous ? »

Un nouveau test ? Le loup-garou se concentra, rassemblant tout ce qu'il savait des ulceliens – autant dire : peu de choses, à part ce qu'il en avait lu dans ce livre, cent trois ans auparavant.
Ils étaient des créatures élémentaires de la Terre, des créatures extrêmement rares et composées en grande partie de magie de la Terre.
Si sa conscience lupine était un mélange entre sa forme garoue de loup et sa magie élémentaire terrestre, alors il était une matérialisation de son pouvoir.

« Un équilibre, » le reprit la créature.

C'était la seconde fois qu'il le corrigeait de la sorte. La seconde fois qu'il remplaçait « mélange » par « équilibre ».

« Très bien. Alors tu es mon pouvoir personnifié, c'est ça ? Pourquoi un loup blanc, dans ce cas ? Ne devrais-tu pas m'être identique ? »

La créature rit de nouveau : « La vue du blanc te déplait ? Très bien. » L'instant d'après, la créature s'était transformée en une réplique totalement identique de la forme garoue de Christyän. « Oh, mais regarde-toi. Tu as l'air différent … » susurra la voix, et la vision de son corps de loup en train de parler fut d'autant plus dérangeante pour le loup-garou qu'il se sentait effectivement différent …
Son regard tomba sur ses mains, qui se trouvaient à présent être des pattes blanches encerclées de lianes et de feuilles vertes. Il lâcha une exclamation de surprise et de panique soudaine.

« Tu comprends, maintenant ? Je suis nous. Tu es nous. Je suis ce qui te compose, l'équilibre entre ta magie élémentaire et la magie qui te compose, formée directement par la Lune …  »

L'instant d'après, chacun retrouva son corps respectif, et Chris poussa un soupire de soulagement en sentant la bague de Saùl enserrer son majeur.
Face à la créature, il finit par s'avancer, conscient du manque de danger. Ils étaient une seule et même entité, l'un simplement plus développé que l'autre, comme un potentiel.

« … Pourquoi m'es-tu apparu à l'époque, alors que je ne connaissais rien à la magie ? » demanda-t-il, hésitant à réellement connaître la réponse.

La créature s'assit sur ses membres inférieurs, un paquet de lianes s'enroulèrent autour de lui et quelques fleurs blanches poussèrent sur le sol.

« Tu avais besoin d'être secoué, d'être réveillé. La perte de Raän nous avait blessé, apeuré, affaiblit, rendu incertain … Soutenu par le cœur de ta magie, tu as pu faire face, nous avons pu survivre à deux. Avant cela, mon soutien ou ma manifestation était inutile ; Raän te servait de soutien moral, de pilier sur lequel nous avons basé notre vie entière … Savais-tu que vos magies étaient liées, à tous les deux ? Nés du même cocon, du même ventre, au même instant … La Lune vous a liés, et c'est pour cela que vous avez survécu si longtemps, livrés à vous-mêmes. Chacun de vous puisait sa force dans la présence de l'autre, dans sa magie profonde. »

La créature tourna la tête dans un angle qui sembla dangereux à Christyän avant de se redresser, puis son museau sembla s'aplatir, et bientôt un visage en tous points identiques à celui de Chris – pas comme celui de Raän qui possédait tout de même ses propres spécificités, mais réellement comme celui de Chris – apparu sur le corps du loup élémentaire, comme si parler de ces moments difficiles le rendait plus … humain.

« Arrivé à l'Académie, tu étais rongé par la peur et la culpabilité. Tu étais affaibli, tu avais besoin que l'on te rappelle d'où tu venais, et ce que tu étais : un être fort, un prédateur, un loup, et surtout un alpha, un meneur … Mais dès que tu as su t'intégrer au monde des humains, nous n'avons plus eu besoin de ce soutien. Tu n'as plus eu besoin de cette force, car tu en avais trouvé une autre : un équilibre, même précaire, et je suis retombé à l'état dormant. »

Christyän se souvint peu à peu de cette force qu'il avait effectivement sentie à chacune des paroles mentales de la créature, qu'il avait alors considérée comme sa conscience animale. Il l'avait protégé, renforcé, il l'avait aidé à accepter les humains en le poussant à faire l'inverse, à décider par lui-même.

« Puis est arrivée l'Abysse, » dit soudain la créature, faisant presque sursauter Christyän. « Je t'ai soutenu, j'ai puisé dans tes ressources pour tenter de contrer les effets du Premier niveau de l'Abysse, pour créer une sépulture décente à ce Light Scarlet … Mais la magie élémentaire a été accordée par la Lune, et elle est impuissance dans les méandres de l'Abysse qui aspire l'énergie vitale. »

Le loup-garou sentit ses mains commencer à trembler au souvenir de cette scène. Son ami le plus cher, mort sous ses yeux sans qu'il n'ait rien pu y faire …

« À notre sortie, tu étais différent, comme si tu bloquais inconsciemment ta magie, comme si tu avais peur de la laisser prendre le contrôle, et qu'elle s'en trouvait diminuée par nos traumatismes …  »

Le visage humain attristé disparu, et le museau du loup blanc réapparu, portant comme un sourire provocateur.

« Tu t'en souviens, n'est-ce pas ? Ce n'est pas si lointain. Ces difficultés à exploiter la magie de la Terre, à étendre ton pouvoir, ou à le soutenir dans le temps … »

Un rictus étrange apparu sur la tête de la créature, et elle se releva sur ses quatre pattes – même si les deux postérieures semblaient littéralement prendre racine.

« Mais te voilà. Ayant fait face à tes peurs. »


Dernière édition par Christyän Maät le Dim 6 Juil - 8:18, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeLun 23 Juin - 11:26

Une fois toutes les questions posées, le professeur Bachiatari voulut poursuivre mais fut interrompu par des tremblements devenant de plus en plus violents. Une ombre se matérialisa, Kurai, et protégea l'enseignant... Ou les élèves... C'était difficile à dire et avant que Yuko ne puisse le définir Fujin fit son apparition au milieu du vent qu'il avait déclenché... La professeur observa la scène en silence... Voir le sage se disputer avec l'Ombre était quelque chose de bien curieux mais qui finit par s'achever. Le sage du Vent s'excusa et disparut laissant le célestin reprendre son cours avec un calme étrange. C'était déstabilisant bien qu'elle n'en montra rien et la colère qui l'habitait depuis que Shitennô leur avait fait vivre ou revivre l'Abysse se dissipa quelque peu... Le célestin était un personnage pour le moins intéressant et malgré la difficulté de la chose, l'humaine décida de mettre son énervement de côté afin de profiter de ce qu'il savait...

... Et cette connaissance n'était pas des moindres, les paroles du professeur l'illustraient parfaitement. Les éléments pouvaient se matérialiser aux côtés de celui qu'ils habitaient... C'était surprenant... Jamais Yuko ne l'aurait imaginé... Elle écouta la suite des explications, apprenant que les garous voyaient en général leur animal lié à leur élément... Et qu'en toute logique elle devrait se retrouver face à une forme humaine... Thaxyl prit la parole à son tour, reportant son attention sur lui, la jeune femme eut un sourire. Un endroit dans son esprit où son élément était ? Elle fronça les sourcils... Et en plus elle allait devoir méditer... Un air contrarié marqua son visage mais elle ferma les yeux. Elle attendit un instant, toujours crispée car elle ne voyait pas ce qui l'entourait, mais la patte de Rem lui tapota la main et peu à peu Yuko perdit pied, bercée par le doux tapotement du rongeur.

Lorsqu'il lui sembla ouvrir les yeux, le parc était bien loin... Autour d'elle s'étendait une vaste pièce, légèrement semblable à celles que l'on pouvait trouver dans le manoir de ses parents... Les grands murs blancs faisaient un pont entre le plafond immaculé parsemé de luminaires richement décorés et le sol en damier rose et blanc. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres... Etait-elle vraiment dans son esprit pour trouver du rose ? Son élément avait décidément mauvais goût... Elle marcha tranquillement dans la pièce, faisant résonner ses pas. Si au départ elle ne voyait pas le fond de la salle, elle finit par le deviner... Une forme rouge se dessinait sur le mur blanc. Alors qu'elle avançait, décidée, elle se rendit compte que ses vêtements avaient changé pour la laisser dans une robe de soirée noire. Ses mains étaient recouvertes par de longs gants noirs et ses cheveux relevés dans un chignon parfaitement ouvragé... Etait-ce normal qu'elle ne s'en rende compte que maintenant ?

Arrivée devant la forme rouge, Yuko découvrit un épais rideau rouge dont les franges étaient dorées. Une corde tressée de la même couleur pendait sur le côté, et ce fut avec un brin d'appréhension que la jeune femme referma la main dessus et tira. Doucement, le rideau commença à s'écarter grâce à un étrange système dévoilant un immense miroir ovale. Si Yuko se vit d'abord à l'intérieur, le reflet se modifia légèrement, laissant apparaître une Yuko vêtue de façon identique mais en blanc... Elle recula d'un pas, sans que le reflet ne bouge. Une lueur indéfinissable brillait dans les yeux du double et au bout de quelques instants, l'enseignante prit la parole.

- Je suis...

- Je sais qui tu es Yuko... Et je peux me vanter de tout savoir sur toi, contrairement à toi qui ne sait rien...

L'humaine ne répondit pas tout de suite, se laissant toiser par le reflet. Elle lisait parfaitement le reproche dans le ton et le regard de l'autre, sans réussir à décrypter le reste.

- Je suis Kyû... Ton "élément"... Et je suis avec toi depuis le début, sauf que tu es trop égoïste et trop fière pour le voir...

- Es-tu comme moi ? Tu as mon apparence dans un miroir... Peux-tu en sortir où es-tu prisonnière ?

Un sourire amusé apparut sur le visage de la femme en blanc qui commença à faire les cent pas dans le miroir.

- Si tu entends par là que je te ressemble, alors non... J'ai pris cette apparence parce que cela me paraissait plus divertissant de te montrer emprisonnée... C'est le comble pour l'Air tu ne crois pas ? L'élément fit une pause avant de reprendre, plus enjoué. Et inutile de t'embarrasser à dire "prisonnière", prisonnier me suffit, je ne suis pas vraiment l'un ou l'autre... Mais ma vraie forme est celle-ci...

Le reflet se troubla et un jeune homme prit place dans le miroir, ses grands yeux bleus fixant la jeune femme qui lui faisait face.

- Quant à être prisonnier, oui je le suis... De toi...

Yuko pencha la tête sur le côté, ayant du mal à comprendre réellement les paroles de Kyû qui le remarqua.

- Bien sûr Yuko... Tu as toujours été à mon écoute d'une certaine manière mais en même temps tu m'ignorais... C'est pareil avec tout... Tu te brides, tu donnes une image de toi qui est celle d'une femme forte et qui l'est, je le sais... Mais en même temps tu es faible... Il fit une pause. Tu as peur de me libérer parce que plutôt que de collaborer tu veux dominer... Contrairement à ce que tu dis à tes élèves, soit dit en passant... Du coup tu m'emprisonnes là-dedans et en même temps tu me sollicites à chaque instant... Nouvelle pause. T'as perdu ta langue, toi qui l'as pourtant si aiguisée ?

La jeune femme resta immobile et muette, fixant l'élément avec une pointe de peur. Elle savait qu'il y avait une part de vérité dans ce que lui disait Kyû mais elle refusait de l'admettre et il le voyait bien... Avec un soupire l'élément prononça ses derniers mots.

- Parles-en à Rem... Il t'aidera j'en suis certain... En attendant inutile de continuer un monologue que tu ne comprends qu'à moitié... Réfléchis Yuko... Et lâche prise... Tu n'en seras que récompensée...

Il posa sa main contre le verre du miroir et eut un faible sourire.

- A bientôt très chère...

Le tapotement régulier de Rem sur sa peau lui fit ouvrir les yeux. La fraîcheur du soir la calma un peu et elle posa son regard sur le rongeur. Le saphir qu'il avait sur le front luisait sous la lumière de la Lune et curieux le rongeur vint aux nouvelles.

- Alors, t'as rencontré ce fameux élément ?

Yuko détourna le regard pour le poser sur Shitennô. Comment avait-il créé ce lien avec Kurai ? Comment avait-il pris conscience de tout ceci..? L'image de Kyû coincé dans le miroir ne cessait de hanter son esprit. Elle devait changer sa relation... Mais comment ? Elle l'ignorait, mais elle se souvenait des paroles de l'élément concernant Rem et sans quitter le professeur elle répondit à son ami à poils.

- Il s'appelle Kyû et je l'ai enfermé dans un miroir...

Le ton de l'enseignante était glacial ce qui fit naître un drôle de sourire sur la bouille du rongeur. C'était intéressant, il ne s'était pas attendu à cela... Il hocha la tête et regarda le célestin à son tour... Que leur réservait-il donc pour la suite ?

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Shitennô Bachiatari
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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeSam 5 Juil - 16:25

Il n'y avait que peu de choses que le Célestin pouvait réellement ressentir, forçant le professeur à simuler un nombre incalculable de réactions, grimaces, sourires et autres artifices permettant d'avoir l'air un minimum normal. Cependant, en cet instant précis, il n'y avait nul masque, il était pleinement satisfait et ne pu s'empêcher de sourire devant la réussite de ses élèves. Selon lui, il y avait trois phases clés dans la vie d'un mage, trois périodes évolutives qui feront de lui un être proche de la perfection. Pour commencer, il y avait l'étude élémentaire, où le jeune étudiant apprenait sortilèges, techniques et autres attaques magiques relativement pratiques. La seconde concernait la relation que ces petits virtuoses en magie développeraient avec leur élément, créant ainsi une osmose juste parfaite. Ils surpasseraient tous les obstacles et agiraient jusqu'à leur mort en binôme, les rendant plus que redoutables. Cette partie clé de leur vie leur apprendrait à contrôler parfaitement leurs capacités, ils ne seraient plus le guerrier frappant à tout va, mais le peintre au coup de pinceau ne tolérant pas le moindre écart. Une fois ceci fait, ils devraient parcourir le reste du monde à la recherche d'un ultime perfectionnement, cela pouvait durer des années, des décennies, des siècles peut être, mais leur voyage ne s’achèverait qu'a ce moment précis. Beaucoup n'y parviendraient pas, compte rendu de leur espérance de vie, mais ils auraient ainsi un but guidant chacun de leur pas et ne sombreraient jamais dans une recherche désespérée de leur rôle dans cette sinistre pièce qu'est la vie.

Fermant les yeux, Shitennô se prêta également au jeu, laissant le parc s'envoler lentement, pour se retrouver dans le temple de l'ombre, caressant du bout des doigts cette porte qui avait été détruite par l'Ombre, alias Sayuri Hellsing. Il avait passé du temps à la reconstituer, morceaux par morceaux, le professeur avait fait son maximum pour rendre à ce temple, sa gloire d'antan. C'était sa maison, sa seule et unique demeure, le seul endroit où il pouvait se reposer afin de reprendre sa quête que beaucoup pensaient irréalisables, lever la malédiction qui planait sur son espèce. Ici, dans ses souvenirs, dans son esprit, ce temple demeurait, vivant, inviolé, magnifique et reconnaissant d'être traité à sa juste valeur. Là où les humains ne voyaient que des pierres, Shitennô voyait au contraire des multitudes de petites entités élémentaires, des enfants de l'ombre qui n'attendaient qu'une chose, qu'on leur rende visite. Toute action entraîne une réaction, un vieil homme meurt, un nouveau né pousse son premier hurlement, tout est lié, tout demeure. Chaque énergie était vivante a ses yeux et ce serait de la pure cruauté que de les ignorer. Glissant sa main le long des pierres, il finit par s'asseoir sur le sol, doucement, délicatement, comme si il avait peur de briser quelque chose.

- Tu sais, il y a un trône un peu plus loin, si tu veux t'asseoir.

Lentement, une forme se détacha de l'obscurité qui régnait dans ce temple, prenant la douce forme de Kurai, son pouvoir et celle qu'il considérait comme sa compagne. Souriante, elle vint s'asseoir à côté du Célestin, soupirant d'aise, profitant du moment. Ce petit rendez vous avait tout l'air d'une sortie romantique. Malsain ? Peut être.

- Ce n'est pas ma place.
- La modestie te va plutôt mal, tu le sais ça ?
- Les temples élémentaires sont faits pour garder les lames maudites et seuls les sages y siègent.
- Depuis quand tu te soucie de ce genre de choses ?
- Disons surtout que seul un roi siège dans un trône et mourir par ivresse du pouvoir ne me tente pas.


Riant d'un air plutôt lugubre, Kurai trouvait la situation plus qu'amusante. Shitennô était à la recherche d'un pouvoir immense, une connaissance pouvant lui permettre de lever la malédiction des Célestins, pourtant il ne semblait pas être pressé ou alors était ce tout simplement de la prudence ? Son tendre était sans aucun doute un être terriblement puissant, en grande partie grâce à elle, mais il n'était pas du genre à obtenir le pouvoir par des moyens rapides et brutaux. Il ne se laissait pas non plus aller et savait quand agir ou il laissait généralement le Maudit s'en charger dans ce genre de moment. Mais que ce soit l'un ou l'autre, ils prenaient leur temps et ne commettaient quasiment pas d'imprudence.

- En parlant de pouvoir, tu dois être fier de tes brebis, aucun échec...ou presque.
- Ils sont en vie, c'est déjà ça, mais...comment ça presque ? Ils ont tous rencontrés leur pouvoir il me semble.
- Vraiment ?


Secouant la tête, Shitennô revint rapidement dans ce parc si calme, si on excepte ce drôle d'oiseau qui venait de s'écraser contre un arbre. Était ce un aigle ? Non il s'agissait du professeur Léandra de Karélïs, sortant visiblement d'une violente dispute avec son pouvoir. Inutile de s'y attarder, elle avait déjà filé, il lui fallait du temps et peut être une approche un peu plus douce. Il ferait un rapport à Myrddin, qui s'en occuperait en tant voulu. Mais pour l'instant, il devait se concentrer sur ses étudiants et repérer la brebis galeuse comme disait Kurai. En fait, il ne s'agissait pas vraiment d'une brebis, mais d'une vache, certes toutes deux mangent tranquillement dans de verts pâturages, mais ce n'est pas exactement la même espèce. La garou, connue sous le nom de Myrrh Soma, semblait éprouver d'énormes difficultés à rencontrer son pouvoir, comme si quelque chose l'empêchait de réussir cette étape vitale dans son évolution. Soupirant, Shitennô se rappela de son premiers cours et à quel point il détestait forcer l'esprit des gens, mais que cela ne tienne, il avait affronté un démon, vaincu une terrible soirée mondaine et n'avait pas eu un seul mort ou provoqué d'invocation d'une légion infernale dévastant l'académie...il pouvait donc bien forcer une vache à rencontrer son hôte ! Haussant les sourcils, il se demanda soudainement à quoi pouvait bien ressembler ce pouvoir, serait ce une vache volante ? Genre super cow ? Une vache faisant de la lumière peut être ? A moins que ce ne soit tout simplement une vache invisible ? L'esprit offrait trop de possibilités et il était si capricieux, au moins avec l'ombre il savait à quoi s'en tenir. Mais non, l'esprit était capable de tout, comment diable ferait Theyne avec un tel pouvoir ? Il lui poserait la question à l'occasion.

- Mme Soma ? Veuillez m'excuser d'avance pour ce léger petit mal de tête et je vous assure que je prends l'entière responsabilité de ce qui va suivre. Les autres, poursuivez votre découverte, lorsque vous serez fin prêts, nous passerons à la seconde phase. N'oubliez pas de bien vous rappeler comment rejoindre ce monde et celui de votre élément, tous les chemins ne mènent pas au même endroit, certains peuvent s'y perdre.

Posant sa main sur le front de Myrrh, il soupira un grand coup et pénétra dans son esprit, bien qu'il ne semblait pas vraiment avoir fait le déplacement, vu que le parc était toujours présent. Certes, il aurait pu croire qu'il avait échoué, mais excepté Theyne, il ne voyait que peu de personnes présentes dans cette assemblée qui pouvaient résister à cette intrusion. Et puis, quelque chose ne tournait pas rond...

- Ce sont...des...vaches ?
- On dirait.
- Une blanche et une noire, elles sont mignonnes !
- La cause du blocage ?
- Sans aucun doute, mais elles restent mignonnes.


Kurai ne la rejoignait que rarement lors de ses visites mentales, mais la curiosité, l'inquiétude d'un combat ou le besoin de se dégourdir un peu les jambes en décidèrent autrement. Shitennô n'était pas du genre à lui refuser d'intervenir dans ce genre de situation, son aide pourrait être utile, voir vitale. Fixant les deux vaches qui venaient d’apparaître et qui lévitaient autours de Myrrh, le professeur tenta de comprendre le phénomène black & white. A première vue, il ne s'agissait absolument pas d'un pouvoir, mais de deux entités qui composaient la jeune étudiante, ce qui incluait donc le fait qu'elle souffrirait sans ces deux créatures. D'un autre côté, elles semblaient très proches, il pouvait donc s'agir d'une seule et même entité mais qui s'était divisé, du moins il l'espérait pour elle. Par expérience, il savait qu'avoir de multiples entités, pouvoirs intelligents ou personnalités, dans une seule et même personne, n'était jamais bon signe, forçant la « victime » à danser sur un fil entre la folie et la lucidité. C'était par exemple le cas de Revan, devant lutter contre son pouvoir, sa nature de dévoreur et de vampire. Bon, Myrrh n'avait strictement aucun rapport avec ce mage noir, mais c'était pour illustrer l'idée ! Au final, peu importe l'origine de ces charmantes bestioles, elles étaient nécessaires à la jeune fille, ressemblant étrangement au schéma humain du diable et de l'ange, soit le mal et le bien ou simplement l'incarnation de la conscience. Se massant la nuque, Shitennô avança vers les vaches volantes et tenta une approche diplomatique, ne tenant pas compte du soupire de Kurai. Comme souvent, l'ombre n'appréciait que moyennement ce genre de démarche, mais bon, voir la terreur de l'abysse tenter de négocier avec deux vaches volantes...cela n'avait pas de prix !

- Black et White c'est ça ? J'ignore qui vous êtes ou ce que vous êtes, à vrai dire cela concerne plus notre jeune amie que ma personne. J'avoue avoir de la peine à comprendre vos motivations, ce que Myrrh tente de faire est crucial pour la suite de son existence. Je n'ai pas besoin de vous rappeler ce qui risque de l'attendre, étant donné que vous l'avez vécus, tous les trois. Sans la puissance combinée de la volonté de Myrrh, celle de son pouvoir et sans doute la votre, ses chances de survie sont minces. Peut être avez vous peur d'être laissés pour compte, mais vous connaissez mieux que moi votre amie pour répondre à cette question. Le problème étant, qu'elle doit absolument parvenir à tisser ce lien et que vous semblez fortement vous y opposer. Naturellement, je pourrais vous broyer, mais cela endommagerait l'esprit de Myrrh et j'ai comme l'impression que vous ne voulez que son bien, mais je peux me tromper. Le choix vous appartient, mais hâtez vous, mon amie n'est pas connue pour sa patience.

Souriant, Kurai salua Myrrh et les deux vaches, puis sortit plusieurs couteaux qui semblaient des plus aiguisés et jongla avec, leur adressant un regard qui passa du tendre au profond sadisme. Si Shitennô n'était pas particulièrement cruel, rien ne disait que son pouvoir suive cet effet de mode.

[Vous pouvez terminer vos discussions et gentiment retourner dans le monde réel, la suite du cours arrivera dans environ un tour.]
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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeMer 23 Juil - 23:27

Lucien continuait de contempler la brume, tentant de percer ses mystères. La voix gazouillante et pourtant pleine des tons de l'hiver qui continuait de provenir de n'importe où semblait le tester, bien qu'il soit difficile de le prouver ; et le faire sans avancer de preuve serait un grave incident diplomatique. Et quel noble digne de son nom pourrait bien vouloir se faire accuser de discourtoisie envers ses hôtes ?

- J'ai commencé à lire le livre que j'ai emprunté hier soir... il a été écrit par le père d'Ayla, t'en rends-tu compte ? Je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse un tel ouvrage recensant toutes les caractéristiques de son peuple. Mais plus encore, j'ai du mal à concevoir qu'il se place dans la réserve, car les humains devraient en apprendre plus sur leurs voisins.

- Tu n'es pas sans savoir qu'il est hautement improbable que je ne sache pas cela, étant donné que tu avais revêtu notre forme pour commettre ce larcin. Tu n'as que débuté la lecture de cet ouvrage, mais je parie que tu y découvriras de noirs secrets qui te seront utiles ; plus tu en sauras, mieux tu te porteras. Quelle nuisance pourrait donc survenir d'un surplus d'information ?

Le plafond était cette fois-ci la partie de la pièce qui s'était montrée bavarde, mais au beau milieu de la phrase la provenance semblait s'être transmise au plancher.

- La possibilité que je me fasse découvrir est à considérer avec attention. De plus, si tu dis vrai, je ne crois pas être encore de taille face à ceux qui pourraient m'en vouloir de connaître les secrets des vampires ; si je pense sans le moindre doute qu'un jour nous les dépasserons tous, ensemble, un simple mur ne serait pas de taille face à ce que les légendes racontent sur leur sujet.


Il y eut un certain silence. La réponse sortit finalement de la brume elle-même, pour une fois.

- Abandonneras-tu ton humanité ?

Lucien ne sut que dire. Il contempla un instant le rossignol sur son épaule, et pensa à la discussion qu'ils venaient d'avoir sur les vampires.

- Si tu parles de revêtir entièrement ma partie de garou, je m'efforcerai à entrer en harmonie avec vous.

- Je m'attendais à ce que tu fuies cette option pour parler de l'autre. Tu me surprends.

- J'ai rencontré Ayla avant-hier ! Je sais que je l'aime, par une étrange alchimie qui présente tous les symptômes de l'Amour avec un grand A, mais je n'ai pas pensé à abandonner tout ce que je suis pour la rejoindre. L'accepterait-elle ? Vu son rang, ne me commanderait-elle pas si je n'étais qu'un vampire ? Pourrais-je supporter de ne pas voir la lumière du jour ? Survivriez-vous à une telle transformation ? Je n'ai pas pensé à ça, je n'ai pas les réponses ! Il est trop tôt pour envisager de telles choses.

Le silence se fit à nouveau suite à cette tirade qui avait été prononcée sur un ton plutôt véhément. L'Ombre réfléchissait, le rossignol s'était envolé.
Au bout d'un moment, il fut finalement rompu.

- L'Amour est important. Enfin... as-tu prévu ta prochaine escapade ? Pourrions-nous voir, par exemple, où sont préparés les repas de ta bien-aimée ainsi que les tiens ?

- Je doute que les cuisines puissent détenir un savoir interdit, mais si cela te tente, cela m'intéresse tout de même. Cette nourriture est trop succulente pour ne pas être suspecte. Même nos meilleurs chefs ne peuvent rivaliser les jours de banquet, alors qu'ils font mieux à chaque repas.

Demain soir, nous visiterons les cuisines.


Lucien se réveilla. Si sa discussion avait duré longtemps, il n'avait pas perdu de temps à chercher son pouvoir et finissait de ce fait en même temps que les autres.
Il se sentait troublé d'avoir échangé des propos légers et profonds par intervalle à une entité qu'il ne pouvait voir et dont la voix ne provenait jamais du même endroit à deux occasions, et ressassait les aspects de leur conversation. Et puis, il finit par décider de cesser ses réflexions, lorsque le cours reprit.
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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeMer 20 Aoû - 9:19

La garoue observait toujours ses camarades quand le professeur d'ombre se planta devant elle et fit souffler un vent d'inquiétude sur l'élève. Elle essaya de se rassurer, après tout il s'était peut-être mis là par hasard, faisait peut-être simplement le tour entre les élèves... Comment pourrait-il savoir qu'elle avait "échoué" dans sa rencontre..? Vraiment c'était ridicule... Pourtant, lorsqu'il prit la parole, aucun doute ne fut possible...

- Mme Soma ? Veuillez m'excuser d'avance pour ce léger petit mal de tête et je vous assure que je prends l'entière responsabilité de ce qui va suivre. Les autres, poursuivez votre découverte, lorsque vous serez fin prêts, nous passerons à la seconde phase. N'oubliez pas de bien vous rappeler comment rejoindre ce monde et celui de votre élément, tous les chemins ne mènent pas au même endroit, certains peuvent s'y perdre.

Un frisson lui parcourut l'échine alors que le célestin posait sa main sur son front en même temps que les deux vachettes protestaient... En vain. Une fraction de seconde après, Shitennô faisait son entrée dans le monde de Myrrh. Les esprits, posés sur les épaules de la jeune fille fixaient les étrangers d'un air mauvais. Pour qui se prenaient-ils pour rentrer dans l'esprit des gens ?
- Ce sont...des...vaches ?
- On dirait.
- Une blanche et une noire, elles sont mignonnes !
- La cause du blocage ?
- Sans aucun doute, mais elles restent mignonnes
Les deux compères froncèrent les sourcils et Black ronchonna.

- Faut pas se gêner, ils se tapent l'incruste, parlent comme si on était pas là et en plus nous insultent ! Mais allez-y !


Son opposé garda le silence, détaillant célestin et ombre. Si il ne faisait pas confiance aux deux, il ne voulait pas non plus mettre Myrrh dans l'embarras avec son professeur... Après tout, il n'avait pas l'air d'avoir de si mauvaises intentions... La garoue restait elle aussi silencieuse... Que pouvait-elle dire ? M. Bachiatari semblait s'y connaître... Aussi le laissa-t-elle parler directement avec les entités sans intervenir... Peut-être parviendrait-il à faire entendre raison aux vachettes...

- Black et White c'est ça ? J'ignore qui vous êtes ou ce que vous êtes, à vrai dire cela concerne plus notre jeune amie que ma personne. J'avoue avoir de la peine à comprendre vos motivations, ce que Myrrh tente de faire est crucial pour la suite de son existence. Je n'ai pas besoin de vous rappeler ce qui risque de l'attendre, étant donné que vous l'avez vécus, tous les trois. Sans la puissance combinée de la volonté de Myrrh, celle de son pouvoir et sans doute la votre, ses chances de survie sont minces. Peut être avez vous peur d'être laissés pour compte, mais vous connaissez mieux que moi votre amie pour répondre à cette question. Le problème étant, qu'elle doit absolument parvenir à tisser ce lien et que vous semblez fortement vous y opposer. Naturellement, je pourrais vous broyer, mais cela endommagerait l'esprit de Myrrh et j'ai comme l'impression que vous ne voulez que son bien, mais je peux me tromper. Le choix vous appartient, mais hâtez vous, mon amie n'est pas connue pour sa patience.

Si Myrrh arqua un sourcil, les deux autres restèrent de marbre. Aucun ne semblait prendre Kurai au sérieux même s'ils n'étaient pas idiot, mais leur caractère ne les fit pas fléchir... Black allait foncer dans le tas quand le regard de White le dissuada. Il se renfrogna tandis que l'esprit blanc s'approchait en voletant des deux intrus. Il tourna autour, continuant de les observer puis vint se poster devant eux, pas effrayé pour un sou.

- Ce n'est pas très poli de s'immiscer dans la tête de quelqu'un et de le menacer... Vous devriez le savoir professeur... Et puis on ne doute pas un seul instant que vous y arriveriez alors inutile de monter sur vos grands chevaux, glissa-t-il amusé à l'attention de l'Ombre.

Il se tourna vers Myrrh, lui adressa un faible sourire et bloqua l'esprit de la garoue pour qu'elle ne puisse plus les entendre, imité par l'esprit maléfique. Prisonnière, l'élève de l'Esprit essaya de contourner la barrière en vain, elle se retrouvait face à une pièce muette... White revint aux étrangers et poursuivit.

- Nous savons que nous devons la laisser rencontrer son alter-ego élémentaire, on connait tout et on sait que ça lui ferait le plus grand bien... Seulement à cause de nous, nous ne savons pas si tout ceci se passerait bien pour elle...
- Ou pour nous...
- Oui... Il plongea ses grands yeux noirs dans ceux du célestin. Est-ce que cette rencontre peut représenter un danger pour l'un de nous ? Après tout une vache esprit ça peut-être dangereux non ? Et on ne veut pas être affaibli non plus... Ce serait très embêtant...

Ils échangèrent un regard entendu avant de le poser sur les intrus. La conversation ne prenait pas la tournure attendue par Black, qui ne voulait que se frotter à la puissance de l'Ombre. White avait encore une fois prit les choses en main... Il allait voir où cela allait les mener... 
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Christyän Maät
Ràva
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MessageSujet: Re: 1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi]   1. Celui qui, un soir de pleine lune ... [Cours de contrôle de soi] - Page 2 Icon_minitimeDim 7 Sep - 6:10

« Mais te voilà. Ayant fait face à tes peurs, » dit la créature.

Christyän acquiesça, intégrant tout ce que la créature venait de lui raconter. Ainsi, le professeur Bachiatari avait eu raison. Il pouvait communiquer avec son pouvoir. Il lui fallait trouver un remède – non, un équilibre mental, à présent.

Cette peur, cette terreur de l'Abysse le paralysait et l'handicapait au quotidien. N'avait-il pas fait une nouvelle crise de panique, en cours de Créatures ? Ses nuits étaient toujours aussi agitées, aussi violentes – il se réveillait parfois hurlant de terreur, les sueurs froides trempant son corps glacé. Il ne s'était pas regardé dans les miroirs de l'aire des bains de son dortoir depuis au moins deux semaines, de peur de l'image du jeune homme dévasté qu'ils lui renverraient.

Déglutissant, il releva les yeux et les planta dans ceux de la créature face à lui.

« J'ai constamment peur, » lui dit-il, tout en étant pertinemment conscient qu'elle le savait déjà – après tout, ils étaient un être unique, n'est-ce pas ? « Je tente de la combattre, de repousser les rêves, d'ignorer cette faiblesse, mais elle est constamment là. Plus le temps passe, et plus j'ai l'impression qu'elle s'intensifie. »

L'autre acquiesça gravement, abandonnant le ton supérieur et autoritaire pour devenir grave.

« Tu es bien trop affecté par l'Abysse, et ta faiblesse réapparaît, » dit le loup blanc. « Ton esprit tente de combattre cette faiblesse trop violemment, et au lieu de la repousser, elle se renforce, et affaiblit ton corps par la même occasion. »

Christyän eut un pincement au cœur à ces mots. Ainsi il ne l'avait pas imaginé … Il s'affaiblissait, malgré le fait qu'il soit enfin sorti de cet enfer …

« Les cauchemars, le manque de sommeil, les difficultés à nous contrôler … Si tu ne parviens pas à canaliser ces peurs, elles finiront par te tuer. »

Ses yeux se fermèrent brusquement, et il sentit ses forces lui échapper. Les jambes faibles, il se laissa tomber doucement au sol, assit en tailleur face à son pouvoir.

« Comment veux-tu que j'arrive à les canaliser ? » souffla-t-il, exténué par les efforts fournis, par le manque de sommeil et par le choc des mots.

Il ne pouvait pas mourir. Pas maintenant qu'il était enfin sorti de l'Abysse, pas alors qu'on lui avait donné une seconde chance de vivre.
Car il l'avait compris, à présent. S'il avait voulu mourir les premières semaines de son retour – lâché dans l'Académie ne ressemblant en rien à son souvenir, sans aucune attache familiale, sans aucun repère de temps … – il comprenait à présent que leur sortie à tous de la « bulle » était en réalité une seconde chance. On leur avait permis de survivre à cette épreuve pour recommencer une nouvelle vie, pour se relever et se battre …

Mais contre quoi devait-il se battre ?! Il ne savait rien de cet ennemi invisible qui le harcelait et l'affaiblissait.

« Je ne sais même pas d'où vient cette peur … J-Je ne sais rien de l'Abysse ! Je ne sais même pas comment elle fonctionne, encore moins comment la combattre ! Je – … »
Il s'interrompit avant même de commencer sa phrase, alors qu'un éclair de lumière se faisait dans son esprit.

Il avait toujours procédé de la sorte. Lorsqu'il choisissait une proie, il cherchait d'abord à la comprendre, à connaître ses habitudes, ses propres proies, ses faiblesses … Puis lorsqu'il avait compris sa façon de fonctionner, lorsqu'il avait déjoué ses faiblesses, il attaquait. La démarche était la même !

La créature face à lui sembla sourire, et les gencives rouges d'où partaient ses canines aussi blanches que sa fourrure tranchèrent cruellement avec le sentiment d'apaisement qu'elle dégageait.

« Eh bien voilà ! » sourit-elle. « Il te suffisait d'y penser. »

Chris sentit alors la force de ses jambes lui revenir, et un sourire d'espoir naquit sur ses lèvres.

Il se redressa, poussant sur ses jambes pour se mettre debout, et avança jusqu'à la créature avant de glisser une main dans le col de sa fourrure. // Merci … // pensa-t-il avec émotion. Sans elle, il n'aurait sûrement jamais pensé à cette solution.
Son pouvoir accepta le geste d'affection avec gratitude, penchant la tête pour prolonger le contact.

« Maintenant, tu sais ce qu'il te faut faire. Parcours la bibliothèque autant que tu le veux, demande à qui tu le veux, mais trouve des informations sur ton ennemi, apprend à le connaître … Et alors tu pourras le détruire. »

Christyän acquiesça, avant de lever les yeux vers le plafond de la grotte. Celui-ci s'arrêtait à l'orée de la forêt, et un ciel lumineux caché par les feuilles des arbres semblait le remplacer.

« Il me faut repartir. Dois-je emprunter le même chemin qu'à l'aller ? » demanda-t-il à son pouvoir.

La créature secoua sa tête imposante, avant de se décaler, dévoilant un chemin clair entre les arbres jusque là dissimulé. Le loup-garou la remercia d'un sourire, et posa un pied sur le chemin, avant de se retourner, une dernière pensée en tête.

« Je sais que nous nous reverrons plus souvent, à présent que je suis conscient de ton existence … Mais as-tu un nom par lequel je puisse t'appeler ? »

La créature ouvrit grand la gueule, et un rire clairet joyeux en sortit, résonant contre les murs de la grotte.

« Je te l'ai dis ! Je suis toi. Tu es moi. Nous somme une unique entité. Je n'ai pas besoin de nom ! »

Le jeune homme acquiesça, comprenant la logique, mais insista.

« Ça me paraitra plus simple pour t'appeler si j'ai besoin de tes conseils, sans avoir besoin d'entrer en méditation. »

La créature soupira, comme acceptant le caprice d'un enfant, puis sourit de nouveau de tous ses crocs.

« Tu n'as qu'à m'appeler « Näytsirhc ». »

Chris haussa un sourcil blasé à la plaisanterie de la créature, tandis que celle-ci semblait immensément fière d'elle-même.

« Vraiment ? « Christyän » à l'envers ? »

Le rire de la créature retentit de nouveau dans la grotte, et Chris finit par sourire, amusé.

« Très bien, « Sirhc ». À bientôt, dans ce cas. »

Christyän posa son deuxième pied sur le chemin de terre serpentant entre les arbres et s'attendit à ce que quelque chose change, mais rien ne se produisit.
Il se mit alors à marcher, suivant le chemin à mesure que les arbres semblaient moins denses, plus aérés et plus lumineux.
Il lui sembla marcher ainsi durant des heures, le chemin ne changeant presque pas, les arbres tous semblables aux autres …

// Le chemin vers l'état de conscience est aussi long que celui vers l'inconscience, // retentit la voix de Sirhc dans sa tête.

Il cessa donc de penser au temps qui passait, et laissa ses pieds le guider sur le chemin, faisant appel à son instinct, à ses sens, fermant les yeux pour sentir le sol trembler à chaque pas sous ses bottes de cuir.

Bientôt, un vent frai caressa sa peau, et les bruits de la nuit l'envahirent : insectes, petits oiseaux … Les respirations d'autres élèves se joignirent aux bruits ambiants, puis la voix lointaine de son professeur lui parvint. La lumière semblait avoir disparue derrière ses paupières, et la sensation de ses jambes mouvantes s'interrompit.

Il ouvrit les yeux, et constata qu'il était de retour dans le parc de l'Académie, qu'il n'avait jamais quitté que mentalement.

Prenant garde à ne pas réveiller ses camarades encore en transe, il se redressa, étira ses muscles engourdis d'avoir tenu la pose durant tout le temps de sa méditation, et laissa son regard se ré-habituer à la nuit environnante.
Plusieurs élèves semblaient être déjà sortis de leur méditation, et le professeur attendait non loin de là.

Le souvenir de sa mission lui revint, et il su qu'il lui faudrait un jour demander à Shitennô Bachiatari de lui enseigner ce qu'il savait de l'Abysse …
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