La nouveauté emplissait encore Lucien, et son attrait le gorgeait de plaisir. Pour le curieux qu'il était cette académie était un paradis, rempli de tant d'objets sur lesquels il pouvait s'attarder et de tant de lieux à découvrir ; seules les portes de la tour de l'Ombre l'énervaient plus qu'autre chose, car dotées de volonté, elles pouvaient contrer ses capacités de crochetage et l'envoyer dans des lieux improbables.
Enfin, il continuerait à essayer de les franchir. Malgré le danger qu'elles véhiculaient, elles demeuraient trop attrayantes pour qu'il puisse seulement songer à les oublier. Il lui arrivait de se promettre de percer leur secret, mais il ne voyait pas comment.

Cependant, il voulait tout connaître de l'académie, ce qui n'était pas chose facile. A vrai dire, la tâche paraissait impossible, mais pour l'optimiste qu'il était, il n'y avait pas le moindre problème à cela ; avec patience et persévérance, il y arriverait. Le seul danger était d'être renvoyé, mais il doutait qu'ils en viennent là rapidement. S'il se faisait prendre une fois, il aurait une sanction et se calmerait ; mais tant qu'on ne le prenait pas, il n'avait pas à s'en faire.
S'il entendait quelqu'un, il se transformerait en rossignol ; il veillerait toujours à ouvrir une fenêtre pour partir et expliquer comment l'animal avait pu rentrer. De toute manière, il doutait d'être suspecté s'il n'était pas vu en tant qu'humain. Après tout, il était noble, studieux et sa réputation était sans tâche.

Ainsi, de nombreux lieux l'attendaient, et il se promettait de tous les voir ; entre les espaces élémentaires, les cuisines et les caves, il avait déjà du choix. Les appartements des professeurs peut-être ? C'était tout de même risqué.
Mais cette nuit, un autre lieu l'attirait. La bibliothèque, source de savoir et de documentation, lieu béni qui lui permettrait d'apprendre et d'accéder à des connaissances qui devaient demeurer hors de sa portée.
Mais de nuit, qui pouvait le surveiller, alors qu'il pouvait aisément franchir les portes grâce à ses outils ?

Il devait demeurer discret.

Lucien sortit de sa chambre en emportant avec lui des outils de crochetage ; la lumière était assurée naturellement par les pierres disposées dans toute l'académie qui diffusaient une lumière proche de celle de lune ; douce mais suffisante pour y voir.
Il fut plus simple de sortir de la tour de l'ombre que de monter dans sa chambre. Il n'entendait personne ; le monstre avec qui il partageait les lieux devait dormir ou être de sortie. Traverser la zone élémentaire fut plus ardu, car tout était fait pour qu'on s'y perde. Et si cela devait être pratique pour coincer les élèves qui voulaient explorer un espace qui n'était pas le leur, cela était extrêmement déplaisant pour ceux qui y habitaient.

Si seulement il pouvait trouver un autre lieu pour dormir !

Là, il sortir de son espace élémentaire, et son périple à travers les couloirs commença. Le curieux alla jusqu'à l'étage supérieur où était à sa connaissance la bibliothèque, évitant de son mieux les rencontres ; il ne vit pas grand monde et put éviter les interrogations. De toute façon, qui se déplacerait ici à cette heure ? Et puis, les dalles qui le transportèrent était faites de manière à éviter les collisions. Transformé en rossignol, il ne pouvait être réellement tant il était petit par ceux qui ne prenaient pas la peine de baisser la tête.

Une fois arrivé, il sortit ses objets d'une besace et observa consciencieusement les alentours avant de se focaliser sur la serrure. Élémentaire, elle ne devrait pas lui demander plus de quelques minutes et il ne devrait pas trop l'abîmer ce-faisant.
Ses mains bougeaient d'elles-même, trouvant les points à soulever sans peine. Son expérience et ses connaissances se liaient pour lui permettre un travail efficace. Et il passa.

L'extase le prit lorsque le bruit indiquant que le loquet était tombé devant lui retentit faiblement. Un délice propre à la réussite qui mène au résultat escompté. Il allait pouvoir étudier dans le calme et sans problèmes, et peut-être même ramener quelques livres. Depuis le peu de temps que l'académie était ouverte, le bibliothécaire ne devait pas connaître tous les ouvrages qu'elle renfermait sur le bout des doigts.

Le crocheteur entra, refermant derrière lui et manipulant une nouvelle fois la serrure afin qu'elle résiste à une poussée simple. En se réveillant, le maître des lieux ne devrait pas comprendre que quelqu'un était passé.
Il y avait des fenêtres, et il en ouvrit une. Il devait pouvoir partir dans le pire des cas ; si tout se passait bien, il la refermerait et partirait par la porte d'entrée, ne laissant pas la moindre trace de son passage.

En fait, il ne pensait pas que quelqu'un viendrait, et s'il dégagea une voie de sortie, c'était plus par habitude d'habitations fréquentées qui pouvaient nécessiter cette préparation que par peur de voir quelqu'un. En y réfléchissant bien, il était plus simple de repartir normalement en vérifiant que le système de protection s'était remis en place.
Longeant les étagères, Lucien sourit et se dirigea vers une section dédiée aux sortilèges. Il mettrait du temps à trouver comment ouvrir les portes mais chercherait.
Où étaient les sorts de protection ?

Les couloirs de L'académie. Des murs, des dalles froides, des fenêtre permettant de faire passer la lueur de la lune. Tout était trop froid pour moi.

Pas froid littéralement.
Enfin, si, les dalles était froides, mais la température ne me dérangeais pas.
Quand on a survécus aux terribles tempêtes des Chaînes d'Ayalamith, la moindre brise de fraîcheur te fait rire.
Non. Je parle du coté non-vivant de ce lieux. Rien de naturel. Tout a été construit et fait. Aucune once de naturel, aucun paysage baroque, ne serai-ce qu'un seul décors irrégulier dans sa forme. tout est bien plaqué au mur, les peintures sont bien accroché...rien de rassurant pour moi. Un lieu bien organisé prouve qu'il y a quelqu'un à l'oeuvre, une créature intelligente, et que je suis dans son territoire. Et mieux vaux ne pas énerver un autre prédateur. Et moi qui pense toujours de cette manière.

j'ai du mal à voir l'académie comme ma maison, même si ma chambre est ici. Premièrement car c'est trop grand. Je me sens plus en sécurité dans une petite grotte, aussi non-chaleureuse soit-elle. Ensuite, le monde...trop de personnes.
Des élèves partout, allant de ci de là. C'est tellement...tellement perturbant de vivre dans un tel lieu. M'enfin. Tant que j'avais le droit de marcher dans les couloirs et à l’extérieur...et puis, l'académie n'est pas un mauvais lieu, au contraire.
C'est un lieu d'apprentissage, et j'en avais besoin. Un lieu où je pourrais apprendre des choses que j'aurais du apprendre depuis des lustres.
Notamment vivre avec les miens, cohabiter avec eux et leurs faire confiance...

"B-Bonjour... ?"

Cette voix me fis sursauter. j'étais tellement plongé dans mes pensées que je ne me suis pas concentré sur ma ballade nocturne.
Je vais avoir l'air bête à ne pas retrouver le chemin. Mais je me concentras sur la voix entendus...depuis cette porte à ma droite. Une porte entrouverte. De mes pas félins, je m'approcha et vit une pancarte sur la porte. J'était triste de ne pas savoir lire. ça m'aurais été pratique ici. Je me demande parfois comment aurais été une vie de riche, ou de personne au milieu très favorable. La lecture doit-être certainement plaisant. Mon problème est que je me suis forgé dans deux sortes de monde: celui de la survie, et mon propre univers. Le second, je le forgeais à partir de mes propres loisirs. Du coup, quand quelqu'un me propose un jeux connus, ou agis d'une manière tout à fait normal, je reste perplexe. Qu'importe. Je me glissas de l'autre coté de l'ouverture. Et je vis un jeune homme, de mon âge je présume. Un étudiant. Un petit blondinet qui semblais pas rassuré ici. D'ailleurs, quel était cet endroit? Je voyais de grandes armoires monter jusqu'au ciel, remplis par divers....boîtes? des boites de couleurs, de taille, de volume différents...et tellement de ça ici. Cet endroit devais être évidement une sorte d'entrepôt pour ces objets...des livres, mais oui ! Je suis bête...C'était ce qu'on appelle une Bibliothèque non?

Je me retiras de mes pensées. A force de faire tant de bruit, l'élève se tourneras vers moi, et à tout les coups, il va partir en courant, comme tout le monde devant un animal comme lui... ça se passe toujours comme ça lors de mes rencontres, je peux le prédire

Tant de savoir à portée de main, sans personne pour lui entraver le passage !
Lucien était aux anges, entourés de rayonnages remplis d'ouvrages fantastiques. Combien de connaissances pourrait-il acquérir dans un tel lieu ? Tous ses précepteurs cumulés ne devaient pas savoir le centième de ce qu'il y avait ici, et ils étaient très savants. Cependant, ils ne devaient pas tous savoir des domaines dans lesquels ils excellaient, et les arcanes de la magie devaient demeurer pour eux un mystère entier. L'alchimie, matière qu'il n'avait malheureusement pas choisie pourrait peut-être lui dévoiler quelques uns de ses mystères par les pages qu'il feuilletterait. Il pourrait également avancer fort rapidement dans des domaines qu'il n'avait pu qu'aborder avec ses enseignants avant de devoir partir à l'académie.

Peut-être qu'une histoire ancienne était contenue dans ce lieu, et qu'il pourrait apprendre bien des secrets. Qui sait ? Il fallait qu'il garde espoir. Et parmi tous les comptes-rendus qui pouvaient être classés quelque part, il y en aurait un qui le renseignerait sur ce qu'avait fait sa famille, car quelques traces avaient été perdues avec le temps.

Soudain, une voix résonna dans le lieu. Ce qui était fort surprenant ; non pas car il s'agissait d'un acte interdit, mais bien car personne n'aurait du le suivre. Mais quelqu'un avait du l'entendre. Il venait d'atteindre des rayonnages assez éloignés, mais un reflet avait peut-être pu permettre que son ombre soit aperçue ; ces pierres de lune étaient bien traîtresses. En tout cas, il était impossible qu'il ait été vu directement avec l'architecture du lieu.
Un autre aventurier ? Un cambrioleur ?
Vu l'écho et la position à l'oreille, il ne s'agissait pas d'un cri qui venait du dehors et qui aurait passé la porte. Perdu dans son extase, il n'avait pas du remarquer le bruit causé par l'ouverture de la porte.

L'élève curieux agit sans même réfléchir ; ce n'était pas la première fois que ce genre d'incident lui arrivait. Mais là où l'usage de la magie n'était pas considéré comme une hypothèse dans les cas précédents, il devrait ici être plus prudent.
Il se transforma en rossignol et commença à errer dans la pièce en volant. Ses objets fondus avec lui dans sa nouvelle apparence, il ne laissa aucune trace.
La vision qu'avait cette forme était bien différente ; plus au ras du sol, mais excellente. Les couleurs étaient plus précises, et il était possible de voir de subtiles nuances qui lui étaient invisibles sous forme humaine.
Le rossignol sautilla, passa sous une étagère et chanta.

Le chant des rossignols est mélodieux, et malgré l'inexpérience qu'avait Lucien de sa forme animale, il était capable la nuit de sortir naturellement les trilles les plus harmonieux. Complexe, son air n'avait pas de sens ; il était seulement beau. Le vent soufflait un peu et la fenêtre était ouverte.

Ainsi faisant, le petit animal finit par arriver en vue de l'entrée ; il ne lui servait à rien de partir aussitôt. Il pouvait bien espionner la personne qui était entrée et la persuader qu'elle n'avait rien vu. En partant tout de suite, il aurait attiré l'attention.
Il y découvrit alors un enfant et trois peluches. Spectacle comique et inattendu vite terni par la présence d'un tigre derrière lui.
Le garou du cours de Créaturologie qu'il avait suivi avant de renoncer à cette matière, visiblement. Quelqu'un incapable de marcher convenablement, une bête humaine. Comme Lucien fut fier, en se disant que lui n'était pas tombé dans ce piège ! Comme il méprisa celui qui y avait succombé !
Comme il prit conscience que cette bête pouvait vouloir le manger !

Le rossignol piailla, et sortant du dessous du rayonnage s'envola. Non pas en direction de la fenêtre, mais en l'air, faisant le tour de la pièce. Là, un coin en hauteur lui permettrait de s'abriter.
Il aurait pu aussi sortir par la fenêtre, mais ils auraient pu la refermer. Et foncer contre une autre avant de tomber volontairement aurait été douloureux et l'aurait rendu vulnérable à l'assaut du tigre. Et d'ici, il pourrait entendre parler les élèves si l'autre se décidait à redevenir normal.

L'oiseau resta en haut, poussant des cris visant à intimider le prédateur. On y sentait de la colère.

"AAAAAAAAAAAAAAAAAAH !"

L'enfant aux peluches ferma la porte devant moi et je l'entendis courir. Comme je l'avais prédis. Ce n'est pas si difficile de le deviner. J'ai soupiré. D'une manière, j'avais un peu honte de lui avoir tant fait peur.

tu ne devrais pas avoir honte d'être ce que tu est me dis-je. je suis un tigre, et je ne vais pas m'empêcher d'en être un pour le plaisir des autres

Je m’apprêtait à tourner les talons pour continuer ma marche nocturne, quand j'entendis à nouveau le pauvre apeuré.

"S'il vous plait, s'il y a quelqu'un, aidez-moi... J'ai peur... Pitié..."

Je me suis retourné vers la porte de la bibliothèque. Je ne pouvais pas le laisser tout seul. En tous cas, je ne pouvais pas partir sans vouloir le rassurer un peu. C'est ma faute. Je lui ai fait peur et il se trouve seul, dans le noir, ayant l'impression de se faire poursuivre par un énorme tigre...

Je suis rentré à nouveau dans la bibliothèque. J'entendis un oiseau siffler. Je n'avais pas fait attention à cet oiseau avant. En tous cas, il ne poussais pas un chant mélodieux. Il me fixai en criant. Il est normal que devant un gros félin, un petit oiseau pousse un cri d'alerte, c'est dans sa nature.

Cela me rappela que j'était toujours sous forme animale. Et commencer à chercher l'élève aux peluche de cette manière de va pas améliorer les choses. Je pense qu'il est assez traumatisé comme ça. Aussi, je repris forme humaine. J'ai fixé un instant l'oiseau du regard.

Que fait un oiseau dans l'académie?

Bah...peut-être qu'une fenêtre était resté ouverte. De toute façon c'est sans importance. Et l'a compagnie d'un oiseau et de son chant mélodieux peut-être fort plaisant. Aussi, j'ai cessé de rêvasser et commença à parcourir les rayons à la recherche de l'élève. Je ne pris pas beaucoup de temps à le trouver: le bruit de ses pleurs et de sa respiration trahissait sa position actuelle. Je me suis dépêché de le rejoindre.

Je l'ai retrouvé, replié sur lui même, pleurant contre ses peluches. Bon sang, je me sentis vraiment mal. Je me suis approché doucement de lui

-Je...je suis désolé de t'avoir fait autant peur. Ce n'était pas volontaire. Si j'avais su que quelqu'un serait là, je me serait montré d'une autre manière.

Je cherchais des mots à dire, mais je ne trouvais rien...j'attendais juste une réaction de sa part. Je détournais le regard vers les coins et recoins de la bibliothèque, ayant cette impression d'être observé.

Qu'avait donc cet humain ?
Les tremblements qui l'agitaient, sa peur bien visible. De là où Lucien était, il pouvait le voir, avec ses peluches. Crispé, il les serrait, cherchant ainsi sûrement à se rassurer. Avait-il seulement l'âge d'entrer à l'académie ? Était-il le fils d'un des professeurs ou d'un des employés de l'académie, condamné à rester dans cet établissement un certain nombre d'années avant de pouvoir commencer les cours ?
Sa tactique devait fonctionner, cependant, car il se décida enfin à se retourner pour voir l'animal sur lequel il criait depuis un bon moment. Ce qui naturellement le fit paniquer. Un tigre ! Quelle idée de rester sous cette forme. N'avait-il pas froid au pattes ? Il était sûrement anormal qu'une personne aime tant sa forme animale qu'elle soit prête à l'adopter dans des conditions de vie différentes de celles à laquelle la dite-forme est habituée.

La porte claqua, surprenant l'oiseau. Au moins l'enfant était plus dégourdi qu'il ne l'avait cru : il n'avait pas jeté des objets à la tête du tigre et n'avait pas fui avant de faire ça. Une fois cette action faite, il se mit cependant à courir comme un dératé. Dans les rayonnages, le tigre aurait sûrement plus de mal à le trouver. Enfin, étant donné qu'il s'agissait d'un garou... Pas tellement. Les détours qu'il prendraient pourraient le perdre, éventuellement. N'ayant pas quitté son perchoir, il ne voyait plus l'enfant à présent et était incapable de comprendre ce qu'il faisait. Mais avec les sons qu'il émettait, il était simple de deviner qu'il pleurait, encore sous le choc de ce qui devait être sa rencontre avec le tigre.

Un cri de détresse se fit entendre, le laissant entre la possibilité d'aller le voir, de le rassurer son émetteur avec ses chants et celle de l'ignorer et de le laisser jusqu'à ce qu'il parte. Moins il s'impliquerait, comme cela doit être dans sa nature de rossignol, plus l'enfant serait persuadé qu'il n'y avait rien. La compassion pouvait lui être néfaste, même pour une action aussi bénigne.  

Alors qu'indécis, il se préparait à s'envoler, la porte se rouvrit, poussée par le tigre qui devait avoir utilisé son poids pour la faire bouger. Aussitôt il se remit à piailler, recommençant à faire acte de présence, ce qu'il avait cessé de faire alors qu'il était consacré à son examen de la situation. Quel balourd ! Revenir ici, transformé. Pourquoi ferait-il une telle chose ? Prendre l'enfant par la peau du cou afin de l'amener ailleurs ?
Rien n'était logique.

Il se retransforma en humain, mais ses manières traduisaient toujours celle de l'animal. Se pouvait-il que lui ne paraisse pas assez oiseau ? Heureusement qu'il n'y avait pas d'expert aviaire...
Il devrait se mettre un jour dans une forêt et observer les véritables rossignols. Déjà que son chant ne ressemblait en rien au leur, il ne pouvait se permettre de donner plus d'indices. Le comportement d'un oiseau écervelé suffirait pour l'instant. Il le regarda dans les yeux, penchant la tête rapidement, bougeant les pattes. Toujours en mouvement, jamais statique ; sous cette forme il se sentait vivre à un rythme effréné, ce qui devait être normal : n'était-elle pas associée à ses virées nocturnes, aux moments où il bravait les règles pour le frisson de l'aventure ?

Et il se tut, avant de s'envoler ailleurs dans un autre lieu où il pourrait voir les deux humains. Sous une étagère de livres proche d'eux, il se remit à les observer, satisfait de voir que le garou ne serait pas méchant avec cet enfant aux peluches. Il était bien agité...

Une bourrasque de vent se fit sentir à l'oreille de l'oiseau. Loin d'ici, la fenêtre était demeurée ouverte pour un moment.

Le pauvre tremblait Comme si Il vivait ses derniers instant. Ce qui est sûr, c'est que la vue d'un tigre ne rassure pas, bien au contraire. Si j'avais été un chat...je me baladerais sans que l'on me fuis. Les personnes pourraient m'ignorer sous cette forme, ou alors venir me faire quelques caresses. Ce serait la belle vie ça. Mais j'étais un grand et gros chat orange-rayé, un prédateur terrible et sournois, qui dévore de pauvres humains apeurés.

Si j'avais dis ça à haute voix, je pense que l'enfant se serait évanouit.

à propos de l'individus recroquevillé dans un coin, près de moi. Après mes dernières paroles, il me regarda d'un air perplexe. Toujours effrayé, certes, mais il semblais être un petit peu plus calmé. Peut-être que la peur, l'angoisse et toute ces agitations l'on fatigué, ce qui est compréhensible.

- Juste... Qui êtes-vous ? Allez-vous me faire du mal ?

Faire du mal? Je savais qu'il craignait le tigre que j'étais, mais il ne devait pas faire le lien entre moi et ma forme animale. Et de toute façon, il ne semblait pas savoir qui j'étais. Impossible donc de savoir que j'étais le tigre. Mais je me demandais à ce moment-là: devais-je dévoiler ma nature à l'enfant? D'un coté, montrer que j'étais le tigre pourrait lui montrer qu'il n'avait rien à craindre. Mais faire ça va le faire paniquer encore plus...

Je sentis un petit souffle frais passer sur ma nuque. Je frissonnais un peu et me relevais. Je commençais à être un peu tendus. Sous ma forme humaine, je perdais rapidement confiance, encore plus lorsque je ne suis pas dans la nature. En plus d'avoir ce sentiment d'être observé. Peut-être que je le suis après tout. Et l'enfant me disais que j'allais lui faire du mal non? Si il n'est pas rassuré, ça doit être pour une bonne raison. Y'aurais t-il un autre individus ici? Je commençais à regarder un peu autour de moi. Une fois avoir rassuré le jeune apeuré, je reprendrais ma forme féline pour mieux humer l'air.

Mais il ne s'agissait pas de chercher une autre personne ici. Je me rapprochais encore un peu de l'enfant, et m'assit doucement près de lui, espérant le rassurer un peu. Je lui dis doucement:

-Je m'appelle Francis. Je suis l'un des élèves...et aussi le...tigre que tu a vu. Je suis encore vraiment désolé de t'avoir fait peur comme ça. Quel est ton nom? Tu es aussi un élève non?

Lucien avait été le muet témoin de tous ces événements et se satisfaisait pleinement de son statut et de la rencontre entre les deux élèves, car il aurait bien été en peine de voir ce gros tigre embêter le petit garçon. Il pestait intérieurement contre la fruste vie de ces animaux à forme humaine, tout en se demandant par moment comment aurait été son existence si les préjugés sur les garous n'avaient pas été aussi forts. Son animal était distingué, poétique, agile et l'on l'aurait regardé avec envie devant ses - piètres - compétences de vol, mais il devait pourtant masquer son existence de peur d'être vu de haut.
D'un autre côté, il avait surtout caché sa nature devant les avantages que cela lui procurait : une forme anonyme...

Un chant reprit, étrangement similaire à une composition célèbre dans le milieu aisé faite pour célébrer la fin du décret anti-magie. Guillerette, légère mais passionnée, l'air était compliqué à retenir mais flamboyant une fois le travail effectué, et il s'agissait d'une des musiques préférées de Lucien. Le chant provenait du dessous d'une étagère fort proche des deux garçons, et le rossignol décida d'en sortir à petits pas, pris d'une envie soudaine née au souvenir que les élèves n'avaient pas du l'oublier, formulé par une phrase du petit blond.
Chercheraient-ils en pleine lumière ? Aucun ne semblait prêt à la cruauté animale et Lucien savait qu'il n'avouerait pas son identité devant eux, leur laissant l'occasion de le regarder comme s'il s'agissait d'un piaf imbécile arborant pour armure un chant magnifiquement fait.

Sa sortie se fit peu après la "confidence" d'Higaï qu'il fut dans l'incapacité de comprendre parfaitement. Il jubilait cependant à l'idée que ces deux-là allaient partir.
La soirée se passait bien. Pris d'une frivolité, il poussa la fantaisie jusqu'à aller sur la peluche en forme de lapin, l'observant très attentivement, remarquant les pelures, les endroits où elle semblait avoir été très serrée. Tous les détails passaient en revue sous le regard ridiculement perçant du rossignol.

Le chant continuait.

Même si le garçon semblait un peu calmé, il restait toujours stressé.

- B-Bonjour, m-mon nom est Higaï.. H-Higaï Uwassa. J-Je suis élève de l'Eau, e-et toi ?

Je n'avais jamais encore rencontré d'élèves de l'eau avant. Deux personnes de l'air, une s'esprit, mais pas encore de l'eau. Celui-ci paraissait un peu jeune pour être un élève, mais des élèves de tout âges fréquentait ce lieu. Je me demandais à quoi pouvait ressembler les cours d'eau...invocation d'eau, manipulation de l'eau, et quoi d'autre? Et manipulaient t'il aussi la glace, la vapeur et d'autres formes d'eau? C'étaient quelques questions qui me passaient par la tête, mais ce ne devait pas être le bon moment pour poser quelques questions. Il fallait encore qu'Higaï se calme un peu, et peut-être sortir d'ici. à force de rester dans un même endroit, j'en avais des frissons. Même si les félins sont connus pour êtres des dormeurs légendaires, j'étais plutôt du genre actif. Peut-être aussi car c'était la nuit. La nuit réveillait mes sens.

Je répondis tranquillement à l'élève de l'eau

-Je suis un élève de la terre, en première année.

- D-Dis, est-ce qu'on peut partir d'ici, s'il te plait ? Je crois qu'il y a quelqu'un ou quelque chose de présent ici...

Quelqu'un ici? Ou quelque chose? J'avais eu aussi un mauvais pressentiment quand je suis rentré. Pourtant, tout ce que j'avais vu était Higaï et un oiseau qui n'a pas arrêté de lui crier dessus lorsque j'étais sous ma forme féline. Mais sinon, personne d'autre. ça aurait pu être Higaï, mais c'est lui qui m'avait confirmé qu'il devait il y avoir quelqu'un d'autre. Je me sentais mal à l'aise maintenant que j'avais la sure impression d'être épié. Si Higaï voulait quitter la bibliothèque, je n'allais pas lui dire que c'était un choix ridicule au contraire. Mais:

- Maintenant, si tu as envie qu'on aille voir ce que c'est, ça ne me dérangera pas.

Voilà une proposition qui méritait mures réflexions. D'un coté, il aurait été raisonnable de quitter ce lieu. Peut-être que l'intrus était dangereux. Mais d'un autre coté...Je voulais savoir qui s'était. Quel étrange personnage foulait ces lieux en cette heure...bon...Higaï et moi foulions ces lieux en cette heure aussi, mais cela ne m’empêchais pas de me poser un tas de question. De plus, l'élève de l'eau ne semblait pas contre mener l'enquête. Mais je me demandais si il le voulait vraiment. Même si il savait que je n'étais plus un danger, il devait craindre ce probable troisième personnage.

Mes pensées furent interrompus par un chant...d'oiseau? C'était encore le rossignol que j'avais vu il y à quelques minutes. Ces chants ne ressemblaient pas à des chants harmonieux et improvisés. On pourrais croire qu'il chante des compositions toutes faites de la main d'un homme. Cet oiseau là s'approchait d'Higaï et moi. Pour un oiseau qui se rapprochait sans peur de deux géants avec assurance, il était plutôt courageux...ou stupide...ou les deux...Si j'avais été un oiseau, je serais resté à l'écart. Même carrément envolé ailleurs après avoir vu un gigantesque chat. Mais j'avoue que si j'étais un oiseau, j'aurais été curieux tout de même.

l'oiseau a même décider de se poser sur l'oreille du lapin en peluche d'Higaï, l'observant attentivement. On ne peux pas être stupide à se point. Il était habitués aux hommes? Peut-être était-ce un oiseau domestiqué, appartenant au professeur d'alchimie, ou la professeur d'élément de la terre ou je ne savais quoi. Je l'observais d'un œil curieux. Étrange oiseau qu'était celui-ci...

En pensant à cette proie de petite taille, j'en avait oublié les craintes d'Higaï, qui devinrent aussi mes craintes à moi. Il n'y avait qu'un seul moyen de savoir:

-Peut-être qu'il n'y a personne. On va regarder un peu, et voir de nos propres yeux d'accord?

Je me relevais, et commençais à faire quelques pas lents, en regardant l'un des couloirs de ce labyrinthe de meuble.

-Reste juste près de moi d'accord? On sais jamais

Je pris ma forme féline et commençais à humer l'air. Pour l'instant, pas d'odeurs inhabituelles, mais il fallait être sûr.

Au mieux il y aura personne, on aura fais fausse route et on a eu peur pour rien, puis quelques temps après, je rigolerais en y repensant. au pire...

Je préférais finalement rester sur les pensées réconfortantes. Je commençais à marcher, et vérifiai si Higaï était derrière moi.

Qu'il était jouissif de voir ses capacités de camouflage, grâce à cette forme animale ; comme Lucien se plaisait à voir l'enfant et le tigre le prendre pour un bête oiseau, alors qu'il était bien conscient d'eux et de ce qu'ils disaient.
Cet état de fait qui le soustrayait efficacement à toutes les investigations possibles justifiait à ses yeux des "fautes d'instinct", comme le moment particulier au cours du quel le garou s'était transformé. Normalement, il aurait du fuir en piaillant, au lieu de se contenter de piailler comme un idiot en serrant plus fort la lapine entre ses griffes. Mais les rossignols devraient bien leur apparaître comme territoriaux, après ce qu'il avait déjà fait en voyant ce gros matou plus tôt.

Qu'ils croient tous qu'il s'était dûment approprié cette peluche et qu'il prévoyait éventuellement d'en faire un nid. L'idée seule était étrange par sa sauvagerie bestiale : il s'agissait d'un jouet pour enfant esseulé, pas d'une source de confort pour les oiseaux qui pouvaient assurément se contenter d'une branche.
Quelques problèmes survenaient pourtant pour le discret garou, alors que ses compagnons se mettaient en route et qu'il devait comprimer ses instincts pour se forcer à se contenter de se plaindre d'une voix animale, plutôt qu'à fuir (une telle absence de maîtrise de soi était révoltante) : il ne pouvait d'une part se permettre de rendre un enfant triste pour assurer une couverture presque parfaite, alors que ses plaintes devaient déjà lui déchirer le cœur.
De plus, la lapine était vivante.

Cet état de faits était ce qui avait le plus motivé le rossignol à fuir, malgré les paroles apaisantes du blondinet. Les peluches marchaient, et il était si dérangeant de voir un objet marcher... il s'agissait d'une violation des règles les plus élémentaires. Cette lapine avait-elle des émotions ? Sentait-elle la douleur ? Si sa bouche était réelle, se serait-elle plainte des serres ?
Elle était de plus relativement proche du tigre auquel l'enfant se raccrochait candidement, et l'oiseau en lui craignait autant cette manifestation irrationnelle sur laquelle il reposait que le gros chaton. Il devrait fuir au lieu de crier sur ce qui ne pouvait l'entendre, mais on le surveillait un peu...

Qu'importait leur avis. S'il devait ressembler à un oiseau, qu'il évite de faire l'idiot ! Le noble transformé quitta son support, cédant à ses instincts avec une allégresse coupable. De toute façon, qu'il reste avec eux ou non, personne ne le trouverait, n'est-ce pas ?

Lucien se morigéna après-coup de son manque de contrôle, puis il piailla d'une voix qui mêlait défi et crainte voilée dans ses accents riches. Un son fort qu'on devinait tremblant, aux variations innombrables, qui se fit interrompre par la voix d'un autre enfant - les agents d'entretiens étaient-ils si féconds, et devaient-ils tous ramener leur descendance sur leur lieu de travail ? -


Il regarda l'enfant qui les abreuvait d'un discours moral dépassé et partit au loin dans les rayonnages, vers la réserve. Si le petit les convainquait de la "justesse de son point de vue", il aurait le champ libre. S'il faisait du bruit et ramenait les grandes personnes, les écouterait-on sur une hypothétique troisième personne ?
Cette arrivée le servirait bien.
Un rossignol voulut sourire mais ne le put, dans la bibliothèque d'Edälia.

Je marchais silencieusement dans les couloirs de la bibliothèque, mes sens en alerte. Higaï avait la main posé sur mon dos. On voyais bien que l'élève de l'eau n'était pas un exemple de courage, mais il est normal d'avoir peur lorsque l'on cherche un inconnus dans de sombres chemins. La plupart des individus auraient eu peur aussi, et même si je gardais mon calme, j'étais assez tendus. Après tout, la vie était courte, et s'imaginer qu'un homme armé ou dangereux apparaisse au croisement ne me rassurait pas

Je m'arrêtais un instant et huma l'air. Il était légèrement dur de sentir quelque chose d'autre que celle d'Higaï, je ne m'étais pas encore habitué à son odeur. Après tout, on ne s'étais rencontré qu'il y a...cinq minutes? Il me fallait plus de temps pour reconnaître tel ou tel odeur comme familière. Sinon, je sentais aussi légèrement celle du rossignol, mais rien d'autre. Pourtant...Je pris une grande inspiration, et sentis soudain une nouvelle odeur, près d'ici. La fameuse troisième personne? Je devais le savoir. Mais étais-ce une bonne idée de s'approcher de lui? De toute façon, si j'étais resté à la bibliothèque, c'était pour savoir qui était cette personne, et je n'allais pas faire marche arrière. Je prévins Higaï en laissant échapper un léger grondement et en mettant mes oreilles en arrière. Je continuais à marcher près de l'inconnu.

Un autre élève? C'était encore un enfant qui venait d'apparaître dans mon champ de vision. Je commençais à gronder vers sa direction, pour voir sa réaction.

- Hey, qu'est-ce que vous faites là ? Vous... vous ne devriez pas être ici maintenant !

Ce qu'on faisais là? Et il faisait quoi ici? Lui, avait le droit d'arpenter les couloirs de la bibliothèque? à moins qu'il ne travaillait ici. Mais il semblait trop jeune pour être un employé de l'académie. ça devait être un élève, non? Il ne semblais pas rassuré par notre présence. Je pris ma forme humaine.

-Je...je ne savais pas que c'était interdis d'aller ici. La porte était ouverte et...

Mais au fait...Et si c'était pas la troisième personne? Peut-être que c'était un surveillant non? Il valait mieux poser la question:

-Attendez un instant. Vous êtes là depuis combien de temps?

Je ne savais pas si il était digne de confiance. Peut-être qu'il était un surveillant, peut-être un élève. Peut-être que c'était cette troisième personne qui rusait, en faisant croire qu'il avait tous les droits d'être ici. J'avais oublié Higaï, qui devait se trouver derrière moi. J'avançais d'un pas et me mis légèrement entre lui et le nouvel arrivant.

Dans le règlement qu'une certaine personne avait prit la peine de lire, il était fait mention d'une réserve de livre dont l'accès était défendu aux élèves non autorisés ; aucune porte de la bibliothèque à part celle de l'entrée n'avaient cependant eu de verrou, ou seulement l'aspect d'une réserve.
Lucien n'avait pas pensé à demander l'accès, certain que cela ne provoquerait qu'un excès de méfiance envers lui de la part du bibliothécaire, qui pourrait éventuellement, devant la curiosité infondée d'un nouvel arrivant, demander aux surveillants de le tenir à l’œil.

Aussi, le derrière des tableaux, le dessous des tapis avaient été peu à peu et laborieusement éliminé lorsque personne n'était dans les parages le premier jour de la rentrée, et le benjamin d'Elenor était certain de trouver en moins de deux heures en étant attentif le mécanisme dans cet immense endroit.
Cela prendrait certes du temps, mais le temps était à ses yeux négligeable au profit des merveilles qu'il pouvait trouver en cherchant bien : le récit de la vie des précédents directeurs, les sortilèges du maître de la magie lunaire - qui se trouvait parallèlement être son professeur d'artefact - et des récits qui étaient réservés aux élites.

Les oreilles du rossignol étaient performantes et il était facile de comprendre que le garçonnet parlait avec les élèves. Sa voix ne semblait pas du tout sûre et s'il y avait des tressautements, il était tout de même impossible de comprendre les mots qui étaient échangés, d'autant plus que cela n'intéressait guère le cambrioleur.

À cause de la pénombre, le garou demeura sous sa forme aviaire le temps de ses recherches, sondant les dalles près de la porte qu'il avait remarquée, ayant déjà sondé les briques du mur auparavant. Le poids d'un oiseau est bien faible, et le rossignol est parmi les plus petits de tous les voyageurs ailés, mais cette petitesse même était suffisante pour enfoncer légèrement une dalle. Les plus isolées, notamment celles sous les étagères, étaient privilégiées car il ne fallait pas que le mécanisme soit enclenché par hasard. Il s'agissait certes d'une solution peu pratique pour le bibliothécaire en général, mais la sécurité des livres devait être le souci principal de Myrddin.
Au bout d'intenses sondages, les voix se firent entendre plus nettement, comme si au lieu de prendre le chemin de la sortie le groupe de garçons s'était décidé à s'enfoncer dans la bibliothèque. Le gamin blond aux peluches était visiblement resté persuadé de ne pas avoir rêvé, ce qui était pour le moins dérangeant.

Assuré de cet état de fait, le rossignol sautilla jusqu'à atteindre un coin sous une étagère à l'abri de toute lumière et il s'y terra, profitant de la profonde obscurité pour échappé aux investigations. Dès que les voix se firent plus faibles, il ressortit doucement, se mettant à présent tout en haut de celles, immenses, près de la porte. Il faudrait qu'il se dévissent le cou pour qu'ils le trouvent ici, et s'ils recherchaient un élève ils n'y regarderaient de toute façon pas. Caché par la hauteur, le pseudo-animal se mit à continuer ses recherches, frappant doucement du bec contre un mur trop lisse, persuadé de bientôt parvenir à ses fins. Déjà, il tendait de toutes ses forces l'oreille pour ne pas être surpris par le groupe, mais aussi pour entendre le plus petit clic, sentir le plus léger mouvement.


L'examen se poursuivait lentement entre les murs de la bibliothèque. Lucien resterait ici jusqu'à ce qu'il tombe de sommeil, essayant encore et encore de trouver le mécanisme capable d'ouvrir la porte vers le savoir.

- E-euh depuis... un peu moins de 5 minutes... je crois... Pourquoi ?

J'avais un peu de mal avec ce que disait cette personne. Elle pouvait mentir...mais d'une certaine manière, il paraissait totalement innocent. Il se pouvait que l'autre enfant dise la vérité

- Je suis surveillant, je... je ne peux pas vous laisser ici là nuit...

Surveillant? Aussi jeune? ça par contre, j'avais un peu de mal à le croire. Je restais donc sur mes gardes, toujours entre lui et Higaï Mais avant que je ne puisse dire autre chose, il sortit un objet de sa poche, montrant l'insigne de l'académie. C'était sa manière de prouver qu'il ne mentait pas? Pour moi, ce n'étais qu'une montre à gousset, et cela ne pouvait prouver rien à cent pour cent...mais de toute manière, en restant paranoïaque comme ça, j'aurais eu du mal à continuer à vivre au sein de l'académie. Il fallait que j'apprenne à faire confiance à certaines personne, pour mon propre bien. De toute manière, si le garçon était vraiment surveillant, je ne voulais avoir aucun problème avec l'administration de l'académie: C'est un danger auquel on ne pouvais s’échapper par la fuite.

- Est-ce que tu sais comment aller dans les salles élémentaires ?

C'était Higaï qui posa cette question au "surveillant", d'une voix assez exténuée. Il devait être vraiment fatigué. Après le stresse qu'il a enduré, la peur bleue qu'il a eu en me voyant sous ma forme de garou, et sans compter le fait qu'il faisait très tard, le pauvre devait être vraiment fatigué. Sa question le prouvait d'ailleurs. Moi, je n'avais aucune envie de dormir (il faut dire que j'étais un être plutôt nocturne). Mais je savais que de toute manière, je n'aurais eu pas le choix de partir ou rester. Je n'étais pas apparemment censé être là, et j'allais devoir probablement rejoindre les dortoirs, comme semble souhaiter tellement Higaï

- Et est-ce que tu as vu quelqu'un sortir d'ici ? Car il y avait quelqu'un ici. Je crois...

On voyais toutefois que, même si il voulait partir se coucher, Higaï restait curieux quand à toute cette affaire. Il est vrais que cette soirée était bien plus excitante qu'une simple ballade nocturne

- Désolé... je ne peux pas vous laisser partir, pour le moment... Il... il faut d'abord vérifier s'il y a bien quelqu'un d'autre. Vous pensez pouvoir m'aider ?

Ainsi donc, le jeune surveillant s'était laissé entraîné dans toute cette histoire, lui aussi tout autant curieux que moi et Higaï? Mais de toute manière, curieux ou non, c'était son travail de chercher les personnes qui se trouvaient dans la bibliothèque non? En tous cas, j'étais plutôt content qu'il ne nous avait expédié directement dans nos dortoirs de l'eau et la terre, car ma propre curiosité n'était pas assoupie (et de toute manière, je n'avais pas sommeil).

-Je peux toujours aider, mais je ne pense pas qu'il y ai quelqu'un d'autre maintenant. Je pense que je l'aurais déjà flairé depuis longtemps. Il n'y a que nous et un stupide oiseau. Mais on peux toujours revérifier.

Je commençais à faire quelque pas vers une partie de la bibliothèque que je n'avais pas vérifié, sans attendre de réponse du surveillant. Puis je me tournais vers Higaï, qui semblait bien fatigué.

-tu es sûr de vouloir continuer? tu semble fatigué. Le surveillant pourrait te reconduire au dortoir pendant que j'enquête.

Il était sûr que, si il y avait vraiment une troisième personne et qu'elle était dangereuse, Higaï ne pouvait être blessé si il rejoignait les dortoirs de l'eau. Je préférerais largement subir la douleur d'une agression que savoir que quelqu'un peu apte à se défendre souffre à ma place. Et le surveillant? Lui? Pouvait-il se défendre? je sentais qu'il était quelque chose d'autre. Un autre garou sûrement. Et d'ailleurs, je sentais bien l'odeur d'un autre prédateur, maintenant que j'y pensais. Peut-être que le jeune arrivant pouvait être un précieux allié lors de cette recherche.

Et Tous ce que j’espérais, c'était que l'on sois bientôt fixé sur toute cette affaire de mystérieux inconnus.

- J-Je veux chercher avec vous, je peeeeux...

Higaï termina sa phrase sur un sourire lancé vers moi et le surveillant. Le pauvre arrivait à peine à tenir debout. J'étais sûr que le meilleurs pour lui était de regagner les dortoirs et bien dormir...mais si il voulait vraiment comprendre ce qui se passait ici, libre à lui. Après tout, je ne pouvais pas le blâmer, étant-donné que je voulais aussi rester pour le même but. Même si moi, j'étais relativement en forme. Contrairement à ce que l'on pourrais penser de la part d'un félin, je dors peu. Lorsque l'on vis en "sauvage", on a peu le temps de se reposer, car il y a toujours quelque chose à faire pour sa survie ou autre. Le problème, c'est que mes besoins s'étaient restreins au sein de l'académie. Je n'avais pas à chasser pour ma survie, je n'avais pas les mêmes objectifs...Même si je continuais à ne pas trouver le sommeil la nuit (étant habitué à être opérationnel 18 heure sur 24), je commençais à dormir de plus en plus. Peut-être qu'avant la fin de l'année, j'aurais cessé mes ballades nocturnes. Pour le meilleur? Pour le pire? Qui sais ce que le futur réserve.

Le jeune surveillant hocha la tête, comme pour accepter l'aide d'Higaï ainsi que la mienne, et fit un signe de bras pour nous demander de le suivre. Et c'est ainsi que les recherches continuèrent avec lui. Les minutes passèrent...longues, un peu maussades...mais surtout silencieuses. C'était inquiétant. Peut-être qu'au final, le troisième (quatrième individus, d'ailleurs, maintenant que le surveillant était de la partie) était partit. Même si je n'avais pas l'envie de croiser une personne potentiellement dangereuse, j'étais déçus de m’imaginer qu'il était partit. Ce serait dommage...tellement dommage de ne pas avoir la fin de l'histoire. Après autant de temps passé dans cette bibliothèque, j'était maintenant cruellement partagé entre l'envie de continuer mon chemin par simple précaution (plus on se mêle des affaires des autres, plus on est dans l'embarras) et de trouver la personne une bonne fois pour toute.

Après ces quelques minutes, le surveillant se tourna vers moi et me posa une question:

- ... Tu penses pouvoir retrouver l'oiseau ? Je... je vous ai retrouvé comme ça...

Retrouver l'oiseau? c'est vrais que cet animal était une bonne sonnerie d'alarme lorsqu'il voyait quelqu'un. C'était grâce à lui qu'Higaï s'était tourné pour se retrouver face-à-face avec mon tigre intérieur, c'était grâce à lui qu'ils on aussi été prévenus de l'arrivée du surveillant. Un oiseau peut-être idiot, mais efficace. Je pouvais toujours tenter de le flairer, oui, mais je ne voyais pas réellement ce que ça allait changer. Si on le retrouvais, on ne pouvais pas le forcer à bouger (à moins qu'il soit posé sur le sol où à porté, pour pouvoir lui faire peur)...M'enfin. Autant faire comme il avait demandé.

Et avant que je lui réponde, sortit aussi une toute autre question:

Dites... comment vous vous appelez ? Moi c'est... Shisui Ryuuga...

Une question sans rapport avec la précédente, ni-même avec la situation actuelle. J'avais appris très tôt que c'était une habitude de connaître les noms des autres lors d'une rencontre. Autrefois, je n'étais que "mon fils". Je ne connaissais que "mère". C'était une époque où un seul visage m'était familier, et où tout détail comme les noms était subtil. Mais maintenant, je voyais suffisamment de tête dans ma vie quotidienne (et trop de tête à mon goût, d'ailleurs) pour commencer à les retenir.

-Francis., répondis-je rapidement, en regardant devant moi. -Quand à l'oiseau, je peux toujours essayer, mais je pense qu'il y a peu d'espoir qu'on retrouve cette personne, avec l'oiseau ou non. Voilà un bon bout de temps qu'on cherche.

Après ma réponse hâtive, je pris ma forme animale et m'étira avec force de toute ma largeur. Je pris un instant pour renifler l'air, en levant la tête. Je fermais les yeux, et me concentrais sur toutes les odeurs, les éliminant une par une...jusqu'à trouver celle qui m'intéressais. Une petite effluve, très discrète parmi les diverses odeurs, comme celle de Shuisi, d'Higaï, la mienne, le bois des étagères, le papier des livres, et autres joyeusetés olfactives. à ce moment là, je tournais la tête vers les deux jeunes partenaires et les regardait de mes yeux dorés. Je sentais quelque chose d'autre, bien étrange. Mon regard se fixa un instant sur Shuisi. Quelque chose...quelque choooossee...de non humain...prédateur...Créature...une odeur fraîche qui piquait légèrement mon nez. C'était un garou? Il avait peut-être une part d'animal, mais je n'avais jamais sentis cette odeur. Je reconnais celle d'un chat, d'un chien, d'un loup, d'une vache, d'un oiseau, d'un poisson, d'un ours, lynx, marmotte, écureuil, humain...mais celle-là me posait une colle. Peut-être que ce n'était pas une race humaine, comme les vampires. Je ne voulais pas lui poser la question, car changer de forme continuellement me fatiguait, et je venais de me transformer il y a une dizaine de secondes. Si j'oserais, à la fin, je lui demanderais.

Je finis pas décoller mes yeux de ceux de Shuisi pour hocher la tête sur le coté, en direction d'un passage un gauche, les incitants à me suivre. Je repris ma marche: l'oiseau devait être proche de nous à un rayon ou deux d'étagère.

Alors que je continuais à marcher vers le possible emplacement de l'oiseau, j'entendis un lourd bruit derrière-moi. Je me retournais, et vit Higaï, au sol. Le surveillant s'approcha et s'agenouilla devant lui, commençant à le secouer.

- ... Es-tu endormi ?... Penses-tu être... capable, de te lever ?...

Non...Apparemment, il était bien tombé de sommeil. Le pauvre semblait déjà fatigué lorsque je l'avais rencontré, et la panique que je lui ai apporté lorsqu'il ma vu sous ma seconde forme n'avait pas dû l'aider à économiser son énergie. Je ne savais pas qu'on pouvait tomber de fatigue comme ça. Je n'étais jamais tombé de fatigue auparavant. Peut-être qu'Higaï était juste moins résistant que moi, ce qui était indéniable.

Je me rapprochais à mon tour des deux jeunes individus. Le surveillant se tourna vers moi:

- E-est-ce que tu sais... son élément ?... Et son nom...

Higaï, oui, je savais...son élément....il me l'avait dis....je crois que c'était l'eau. Je me décidais à reprendre ma forme humaine pour bien évidemment lui répondre.

-Si je me souviens bien...Il était de l'eau, je crois. Il me l'a dis lorsqu'on s'est rencontré ici.

Merci... je.. je vais le raccompagner...Ah, euhm... je vais te laisser... tranquille... Tu n'as rien fais, ça ira... Tant-pis pour la dernière personne.

Il termina sa phrase par un léger sourire. Moi, je regardais derrière-moi. C'est vrai que le quatrième individus rôdait encore et toujours par ici. Je me posais beaucoup de questions sur lui. Mais je me tournais à nouveau, posant mon regard sur le surveillant, et Higaï, par terre. Il allait avoir du mal à le transporter seul. De plus, il m'avait offert son silence, alors que son devoir lui aurait demandé de me dénoncer au directeur, probablement. C'était gentil de sa part, je devais lui rendre la pareille...

Bon...Tant pis pour mes questions...Elles n'auront peut-être jamais leur réponse.

Je me posais près d'Higaï, et le pris dans mes bras.

-Tu auras du mal à le porter seul. Laisse-moi m'en occuper.

Je soulevais le corps endormis du jeune élève de l'eau, le bras droit sur son dos, le bras gauche en dessous de ses genoux, m'assurant qu'il ne glisse pas. Je me demandais avec amusement s'il dormirait toujours aussi profondément s'il glissait soudainement de mes bras. Mais je ne voulais pas lui faire de mal. Je déteste voir des personnes qui semblent fragile souffrir d'une quelconque manière.

Guidé vers la sortie par le surveillant, je me tournais une dernière fois vers la bibliothèque...L'oiseau...l'individu...une partie de moi qui me hurlait "où tu vas comme ça? Retournes-toi et va les chercher. Tu ne vas pas partir comme ça ?"

Et pourtant...Pourtant il fallait que je le fasse. Il fallait bien qu'Higaï soit raccompagné, et si j'étais près d'un autre surveillant pendant que je rentrais dans mes propres dortoirs, alors je n'aurais pas de problèmes. Je poussais un soupir, regardai le visage endormi de l'élève, et décida de passer la porte, continuant à suivre le jeune surveillant.